CUMUL - La députée de La République En Marche, Pascale Fontenel-Personne, à la tête avec son mari d'une société de tourisme, facture des excursions payantes à l’Assemblée nationale, révèle "Marianne". François de Rugy a saisi la déontologue de l'Assemblée.
La député LREM Pascale Fontenel-Personne a trouvé comment arrondir ses fins de mois. Enfin, du moins, jusqu'à ce que Marianne révèle jeudi 7 septembre que l'entreprise, spécialisée dans les excursions touristiques pour seniors, qu'elle dirigeait avec son mari, propose des excursions payantes à l'Assemblée nationale.
Dans la brochure 2017 de la société, baptisée Access Tour Le Mans, on y trouve pêle-mêle une visite de Montmartre, ou encore du marché de Rungis, la possibilité d'assister à un enregistrement de "Questions pour un champion", mais également une excursion à l'Assemblée nationale, facturée... 119 euros.
Pour ce tarif, les visiteurs bénéficieront du "transport en véhicule grand confort, les services d'un chauffeur accompagnateur durant tout le séjour, le déjeuner avec boissons comprises - précise l'annonce -, et la visite guidée de l'Assemblée nationale, en présence de notre députée !", vante le site.
Et c'est là que le bât blesse. Car comme le souligne Marianne, même si les parlementaires ont le droit d'accueillir des groupes de visite, tout cela est très encadré. Selon l’article premier du code de déontologie de l’Assemblée, les député(e)s "s’abstiennent d’utiliser les locaux ou les moyens de l’Assemblée nationale pour promouvoir des intérêts privés". Or, sur le site d'Access Tour Le Mans, la présence de Pascale Fontenel-Personne est manifestement utilisée comme argument de vente par l'entreprise de son mari. Outre cette précision, la visite, en elle-même, de l'Assemblée pose également question du fait qu'elle est censée être gratuite. Or, là, elle est stipulée, noir sur blanc, dans le détail du prix.
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Réponse de la bergère au berger. Pascale Fontenel-Personne a tenu à faire une mise au point sur son compte twitter : "Je n'ai rien à me reprocher. En effet, ces visites sont programmées habituellement depuis quatre ans. La mention 'cette visite s'effectuera en présence de notre députée' est une mention qui a déjà été indiquée, les citoyens appréciant de rencontrer la députée du département qui parrainait cette visite. Du reste, aucune visite n'a eu lieu depuis mon élection le 18 juin dernier".
Mise au point pic.twitter.com/xwi4Xj88DP — Pascale F. Personne (@f_personne) 7 septembre 2017
Pascale Fontenel-Personne précise dans son tweet qu'"elle a demandé à l'entreprise de son mari de cesser toute activité en lien avec le Parlement afin qu'aucune confusion ne soit possible". Cela suffira-t-il à éteindre l'incendie ? Rien n'est moins sûr.
J'ai saisi la déontologue de l'Assemblee nationale de la situation de Pascale Fontenel-Personne, que j'ai informée de cette décision. — François de Rugy (@FdeRugy) 8 septembre 2017
Le président de l'Assemblée nationale, François de Rugy a décidé de saisir la déontologue, comme il l'a tweeté ce vendredi. Quant à Pierre Januel, ancien porte-parole du ministère de la Justice et ex-collaborateur parlementaire, "toute cette affaire relève du pénal", a-t-il fait savoir sur les réseaux sociaux. Affaire à suivre, donc.
Et accessoirement un-e député-e qui se transforme en argument publicitaire, cela relève du pénal pic.twitter.com/bEEWCswdyr — Pierre Januel (@PJanuel) 7 septembre 2017
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