Alors que le ministère de l'Intérieur estime que la France peut accueillir 100.000 réfugiés ukrainiens, la question de leur accueil sur le territoire se pose.Les collectivités sont aujourd'hui nombreuses à leur tendre la main, mais l'État cherche à coordonner ses moyens pour assurer une prise en charge efficace.TF1info vous propose de retracer le parcours-type des réfugiés venus d'Ukraine lorsqu'ils arrivent en France.
Émus par le dénuement de nombreuses familles ukrainiennes touchées par l'offensive russe, de nombreux responsables politiques ont jugé important que la France puisse se montrer solidaire, via un accueil des réfugiés notamment. Ces derniers jours, le député et conseiller départemental des Alpes-Maritimes Eric Ciotti indiquait que 1000 réfugiés avaient été accueillis dans son seul département. Allé à la rencontre des premières familles ayant débarqué, le représentant des Républicains a évoqué un moment teinté d'une "grande émotion".
Eric Ciotti ( @ECiotti ): "Le conseil départemental des Alpes-Maritimes a organisé l'accueil de 1.000 réfugiés" ukrainiens pic.twitter.com/hOnXtueuke — BFM Politique (@BFMPolitique) March 20, 2022
Qu'en est-il des autres départements ? Faut-il s'attendre à un accueil homogène des réfugiés ukrainiens dans l'Hexagone ? Et si oui, comment s'opère leur répartition à travers le territoire ? Sollicité par TF1info, le ministère de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales livre des éclairages sur la manière dont se coordonne aujourd'hui l'accueil des populations fuyant l'Ukraine et la guerre.
Des responsabilités partagées
Sans surprise, on observe aujourd'hui des afflux de réfugiés très différents en fonction des régions. L'entourage du ministre Joël Giraud explique ainsi que "trois points d'entrée majeurs sont observés", à savoir Paris, Nice et Strasbourg. Cela s'explique par la présence d'aéroports internationaux pour l'Île-de-France ou par le statut de zone frontalière de l'Alsace et de la Côte d'Azur. Chaque fois, dans ces villes comme ailleurs sur le territoire, "les préfecture se trouvent en première ligne", ce qui se révèlent parfois délicat. À Nice par exemple, les agents peuvent se retrouver "un peu sous l'eau" face au grand nombre de dossiers à traiter.
Ce sont les préfectures qui ont la responsabilité d'instruire les demandes de protection temporaire. Une première étape essentielle pour les réfugiés puisque la délivrance d’une autorisation provisoire de séjour sur le territoire français, d’une durée de 6 mois, ouvre la voie au "versement de l’allocation pour demandeur d’asile", à "l’autorisation d’exercer une activité professionnelle", mais aussi à un "accès aux soins par une prise en charge médicale, à la scolarisation des enfants mineurs", ou encore à "un soutien dans l’accès au logement". Côté pratique, ce statut offre en parallèle un accès à "des transports interurbains gratuits". Les préfectures, qui dépendent de l'État, "font des points avec les collectivités et les associations", qui apportent, elles aussi, une assistance.
Est-ce l'État qui dirige les réfugiés vers les différentes régions et collectivités ? Pas directement, nous glisse l'entourage du ministre. "Pour le moment, c'est au bon vouloir des collectivités. La cellule interministérielle de crise consacrée à l'accueil des déplacés d'Ukraine, mise en place au ministère de l'Intérieur, assure surtout un rôle de coordination". Sont ainsi recensées les capacités et velléités d'accueil, avant que les acteurs impliqués soient mis en relation. Notons qu'aujourd'hui, en ce qui concerne l'hébergement, 7 places sur 10 sont proposées par des particuliers, quand les collectivités en proposent 2 sur 10. Les dernières places sont mises à disposition par les "opérateurs", à savoir des entreprises ou des associations.
Le transfert des personnes exilées vers les territoires s'effectue "pour l'heure le plus souvent aux frais des collectivités, même si la SNCF travaille aujourd'hui à un billet gratuit pour les déplacés", nous indique-t-on. Des bus sont notamment affrétés, une première étape avant que les régions, départements et autres collectivités se mobilisent une fois les Ukrainiens arrivés. "Chaque instance, par sa compétence, peut agir pour l'accueil des réfugiés", souligne-t-on, côté ministère. Le département par son action de protection des mineurs et de gestion des écoles, les communes avec la mise à disposition de moyens d'hébergement tels que des campings... Quant à la région, c'est elle qui se charge pour l'essentiel des réseaux de transports. Dans la période actuelle, le but n'est pas tant d'impliquer les acteurs, mais plutôt de parvenir à "canaliser l'élan de générosité que l'on observe depuis quelques semaines, de manière à garantir la qualité de l'accueil et que tout soit clair et efficace pour tout le monde". Les associations sont bien sûr associées aux échanges, apportant une assistance protéiforme aux personnes arrivant sur le territoire national.
Un défi logistique et organisationnel
En théorie comme en pratique, rien n'empêche donc des départements enclavés et/ou peu peuplés à accueillir des réfugiés. S'il est parfois délicat de faire communiquer entre elles de si nombreuses entités (État, régions, départements, communautés de communes, villes, associations...), une organisation spécifique s'est mise rapidement en place pour concentrer les énergies et les moyens. Si les décisions essentielles sont prises au sein d'un centre interministériel de crise, les préfets ont ensuite la responsabilité de faire redescendre les consignes à chaque échelon inférieur en coordonnant l'action des différents acteurs impliqués.
Des moyens spécifiques ont été déployés pour faire face aux besoins. Le recours notamment à un grand nombre de traducteurs, les personnels en poste dans les collectivités parlant l'ukrainien étant rares en France. Des documents à destination des réfugiés, rédigés dans leur langue, sont par ailleurs en préparation afin de guider les néo-arrivants. Notons aussi que les guichets du réseau "France service", d'ordinaire consacré à l'accompagnement des Français dans leurs démarches administratives, sont désormais mis au service des réfugiés dans le but de leur porter assistance.
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