ARGUMENTS - Le gouvernement continue d'exclure tout recours à l'obligation vaccinale, arguant que les contrôles seraient trop difficiles à mener et que les amendes pèseraient trop lourdement sur les finances des plus modestes. Il continue de miser sur le pass vaccinal pour atteindre ses objectifs de vaccination.
Le Parti socialiste la réclame depuis le mois de juillet dernier. L'ancien Premier ministre Edouard Philippe s'est prononcé pour et l'Italie a pris mercredi un décret pour l'imposer aux plus de 50 ans à partir du 15 février. Mais pour le gouvernement, la vaccination obligatoire est une ligne rouge qu'il refuse toujours de franchir. Dans son argumentaire, l'exécutif met notamment en avant le problème des contrôles et des sanctions.
"Si demain je dis pour tous les adultes, il faut être vacciné. Comment on le contrôle et quelle est la sanction ? C’est ça, le vrai sujet", a déclaré le président de la République dans son interview au Parisien parue mercredi 5 janvier, outre son souhait d'"emmerder" les non-vaccinés. "Je vais forcer des gens à aller se faire vacciner ? Les emprisonner et puis les vacciner ? Vous allez me dire : vous êtes quelqu’un de bizarre vous… On ne fera pas ça." Pour atteindre le même objectif, il mise tout sur le pass vaccinal, voté dans la nuit de mercredi à jeudi par l'Assemblée nationale. "Il faut leur dire : à partir du 15 janvier, vous ne pourrez plus aller au restau, vous ne pourrez plus prendre un canon, vous ne pourrez plus aller boire un café, vous ne pourrez plus aller au théâtre, vous ne pourrez plus aller au ciné… ", a-t-il ajouté.
Les mêmes arguments ont été avancés ce jeudi matin par le Premier ministre. "L’objectif c’est : le plus de gens vaccinés possible. La vaccination obligatoire, c'est un moyen, c’est un outil", a expliqué Jean Castex sur RMC et BFMTV. "On a déjà des difficultés à faire contrôler le pass, on en aurait encore plus à contrôler l’obligation vaccinale." "La vaccination obligatoire c’est quoi ? C’est une amende. L'objectif, c'est de faire vacciner les gens, ce n’est pas de faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’Etat. On va contrôler ça comment ? Il y a un sujet d’opérationnalité. Le pass c’est beaucoup plus efficace", a-t-il poursuivi.
Ne pas accabler les plus modestes par l'amende
Autre argument avancé par l'exécutif : le montant des amendes qui pèserait sur les catégories de la population qui ne sont pas vaccinées, souvent les plus modestes. "La difficulté de la sanction, c'est dire à des personnes qui sont déjà en précarité financière, vous n’êtes pas vaccinés, vous allez avoir une amende", a estimé le chef des députés LaREM Christophe Castaner sur franceinfo. "Vous avez toute une catégorie de gens non-vaccinés qui ne sont pas forcément antivax mais démunies, dans des quartiers populaires, éloignées du soin. Mettre une obligation vaccinale dont la sanction sera une amende sur ces gens-là ne nous permettrait pas d’atteindre notre objectif", a expliqué Jean Castex. Dans son interview au Parisien, Emmanuel Macron refusait également de mettre des amendes de 1000 ou 2000 euros à "des gens très modestes qui ne sont pas vaccinés".
Enfin, le gouvernement ne veut pas comparer la situation de la France à celle des pays européens ayant instauré une obligation vaccinale : l'Italie pour les plus de 50 ans à partir du 15 février, et l'Autriche pour toute sa population à partir du 1er février. "Plusieurs pays ont mis en place la vaccination obligatoire, ils n’ont pas forcément le même taux de vaccination que celui que nous avons en France", a justifié Christophe Castaner. "Ceux qui l’ont fait avaient des taux de vaccination très très bas. Ca leur a permis de progresser, mais même pas au niveau où nous sommes nous", a également déclaré Jean Castex.
Pourtant, aujourd'hui 73,8% de la population française est complètement vaccinée, contre 75,3% en Italie et 73,1% en Autriche. Même si dans ce dernier pays le taux de vaccination a effectivement augmenté en novembre et décembre en perspective de l'obligation vaccinale.
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