INTERVIEW - Invitée politique d'Elizabeth Martichoux vendredi 30 juin, la présidente de la région Île-de-France a demandé à ce que l'Etat prenne ses "responsabilités" face à la situation économique des transports en commun, prévenant qu'elle n'augmenterait pas l'abonnement
Elle ne veut plus du "double langage" qu'elle accuse le gouvernement et le président de tenir. Au lendemain des annonces d'Emmanuel Macron pour le climat, Valérie Pécresse a alerté sur l'état des finances d'Île-de-France Mobilités, dont l'objectif est, entre autres, d'avoir un parc de bus 100% propre en 2025. Interrogée sur LCI, la présidente de la région a d'ores et déjà prévenu qu'elle ne renflouerait pas les "pertes Covid" par une augmentation de l'abonnement.
Pas d'augmentation de 20 euros par mois
Pourtant, le gouvernement a déjà mis 450 millions d'euros sur la table. Une "goutte d'eau", répond Valérie Pécresse, l'autorité organisatrice des transports de la région connaissant un déficit évalué à 2,6 milliards d'euros. Une perte de recette qui est "uniquement la conséquence des décisions prises par l'Etat", selon l'élue Les Républicains. "C'est l'Etat qui a décidé le confinement, l'Etat qui a décidé que 90% des Français ne prendraient plus les transports en comment. Et ensuite, l'Etat qui a décidé de déconfiner avec des règles extrêmement drastiques." Si ce sont de "bonnes décisions", selon les mots de la présidente de la région, elle regrette que l'Etat ne mette pas davantage la main à la proche. D'autant plus qu'elle souligne qu'il est "paradoxal" d'avoir un plan d'aide au secteur de l'aéronautique de 15 milliards d'euro quand il y en a "zéro" pour les transports en commun, pourtant "plus populaires et écologiques".
Il n'y aura pas de transports propres sans transports renfloués
Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France
Selon Valérie Pécresse, qui dit avoir "joué le jeu" pendant la crise sanitaire, payant, "avec l'argent des Franciliens, 100% des transports", l'Etat aujourd'hui ne rend pas la pareille. "Ce que veut le gouvernement, c'est que j'augmente le prix du pass Navigo pour rembourser les pertes Covid", a-t-elle accusé sur LCI. Une augmentation qui, si elle devait servir à renflouer les caisses, représenterait 20 euros par mois. "Je ne le ferais pas. Je refuse d'installer un impôt Covid sur les Franciliens." Alors pourquoi ce bras-de-fer? Pourquoi donc l'exécutif, qui dit vouloir tout mettre en œuvre pour réaliser son virage écologique, n'entend-il pas cette demande alors qu'il a "la clé de la solution"? "C'est incompréhensible", regrette l'élue de droite. Avant d'esquisser une théorie : des "arrières-pensées politiques". "Mais je ne peux pas imaginer que le gouvernement fasse passer la politique avant la relance, la politique avant l'écologie."
Si l'Etat en reste à sa proposition de 450 millions d'aide, Valérie Pécresse annonce que le conseil d'administration d'Ile-de-France Mobilités, dont Anne Hidalgo fait elle aussi partie, a décidé de réagir. Sur LCI, elle déclare que le 8 juillet - date à laquelle l'organisme n'aura "plus de trésorerie" - il "cessera de payer la RATP et la SNCF". "Nous mettrons l'Etat face à ses responsabilités".
Car le gouvernement "ne peut pas détourner le regard" de cette question cruciale, relève Valérie Pécresse. D'autant plus au lendemain des annonces d'Emmanuel Macron devant les 150 citoyens de la Convention citoyenne. Sur cette question aussi, la présidente de Libres! partage quelques regrets. Si elle salue l'initiative d'un président qui, au moyen des conventions mensuelles, veut "se connecter aux aspirations populaires", elle souligne l'importance de "l'élection", de "la puissance de porter des projets" et de la "décentralisation". "Il faut faire les deux. Ce serait un paradoxe un peu étrange d'avoir dans notre pays un pouvoir central ultra-jacobin et qui, pour faire de la proximité, ne s'adresse qu'au peuple directement. Il y a des corps intermédiaires".
Regrettant que l'Etat se dirige vers une "déconcentration" en donnant plus de responsabilité aux préfets, ses représentants dans les territoires, la présidente de région veut surtout en redonner aux élus locaux. Notamment en matière d'écologie, thème pour lequel Valérie Pécresse juge qu'on a "besoin de renforcer" la décentralisation. "C'est du concret, du quotidien. Il ne suffira pas de faire un référendum et de voter telle ou telle mesure." C'est d'ailleurs, selon la présidente de région, cet "ancrage local", qui a cruellement manqué à Emmanuel Macron et à la majorité présidentielle lors des élections municipales. "Il n'y a pas de doctrine politique derrière l'étiquette LaREM", a-t-elle estimé sur notre plateau, observant, avec le retour d'un clivage traditionnel entre la droite et la gauche, que "les rivières sont revenues dans leur lit".
La droite, c'est d'ailleurs de cette famille politique que vient Valérie Pécresse. Si elle a créé son propre parti, baptisé "Libres !", elle reste une proche de François Fillon, qui l'avait faite rentrer dans son gouvernement sous Nicolas Sarkozy. Et si elle a refusé de commenter la condamnation de l'ancien Premier ministre dans l'affaire des emplois fictifs de son épouse Penelope, elle n'en a pas moins partagé sa "tristesse" face à une "décision lourde". "François Fillon répond de ses actes et c'est une épreuve pour lui et une période douloureuse pour la politique française." L'élue, qui dit avoir partagé "sa sympathie" à l'ancien candidat par message, en a tout de même profité pour donner son avis à propos des révélations sur le parquet financier. "C'est choquant, car il ne peut pas y avoir dans note pays des soupçons de justice politique. Il est indispensable et urgent qu'on fasse toute la lumière sur ce qu'il se passe vraiment au Paquet national financier."
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