ON REPREND ? - Le député de l'Essonne s'est vu confirmer, vendredi 8 décembre, son élection à l'Assemblée nationale. Le Conseil constitutionnel avait été saisi par son adversaire de la France insoumise, Farida Amrani, après un deuxième tour très mouvementé.
L'ancien Premier ministre restera à l'Assemblée. Ce vendredi, le Conseil constitutionnel a rendu sa décision concernant le recours porté par Farida Amrani et Ulysse Rabaté, candidats de la France insoumise et adversaires de Manuel Valls, concernant l'élection de ce dernier dans la 1ère circonscription de l'Essonne, en juin dernier.
Les Neuf Sages, qui ont reçu les deux requérants lundi 4 décembre, ont ainsi décidé de rejeter les requêtes portant sur la validité du scrutin. Emporté d'un souffle par le député apparenté LREM (139 voix), il avait été contesté dans la foulée par Farida Amrani qui, après que la candidate et ses soutiens avaient consulté les procès-verbaux et les cahiers d'émargement de l'élection, compilant des irrégularités, notamment dans 4 ou 5 bureaux de vote d'Evry, fief du candidat défait à la primaire de la Belle alliance populaire.
Une campagne de fortes tensions
Parmi ces irrégularités, relève l'entourage de Farida Amrani, "une centaine de signatures" d'électeurs apparaissant "très sensiblement différentes entre le premier et le second tour", "23 nouvelles inscriptions entre les deux tours dans un seul et unique bureau de vote" et "d'autres motifs d'irrégularités" qui, jugeait le duo à l'époque, avait "déjà motivé des annulations d'élections par le Conseil constitutionnel".
Si les Neuf Sages ont jugé que l'essentiel des requêtes manquaient de preuve, ils n'ont pas tout à fait donné tort aux requérants, indiquant notamment que "66 votes, correspondant à des différences de signature significatives doivent être regardés comme irrégulièrement exprimés". Cette quantité de suffrages irréguliers étant toutefois insuffisante pour entraîner l'annulation de l'élection. Fort logiquement, Farida Amrani et Ulysse Rabaté n'ont pas laissé ce point dans leur communiqué, laissant "cette phrase à l'appréciation de chacun".
Décision du @Conseil_constit pic.twitter.com/ImABS2Ma9w — F. Amrani U.Rabate (@AmraniRabate17) 8 décembre 2017
Certainement ému d'échapper à l'annulation du scrutin, Manuel Valls est par contre passé largement à côté de cette réserve émise par le Conseil constitutionnel, soulignant dans un communiqué "l'inanité totale des arguments invoqués", jugeant que les accusations portées à son endroit "ne reposaient sur rien".
Le communiqué trompeur de Manuel Valls sur la décision du conseil constitutionnel. Si, le recours était en partie fondé, puisque 66 votes (près de la 1/2 de l'écart de voix au 2e tour) ont été jugés "irréguliers". pic.twitter.com/VQ1iFwE60h — Luc Peillon (@l_peillon) 8 décembre 2017
Une communication qui reflète le climat particulièrement violent dans lequel la campagne législative dans la 1ère circonscription de l'Essonne s'était déroulée. D'un côté, un Manuel Valls chargeant son adversaire qu'il avait accusée d'entretenir des liens "avec l'islam politique voire avec les islamistes", et lui reprochant d'être la candidate soutenue par Dieudonné, le polémiste aux relents antisémites, candidat lui aussi à Evry, ayant appelé à la soutenir pour faire battre l'ancien Premier ministre. De l'autre, Farida Amrani et Ulysse Rabaté, qui n'avaient rien caché de leur envie de voir "dégager" Manuel Valls.
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Le tout avait atteint un climax d'une grande intensité, au soir du second tour, où la victoire annoncée de Manuel Valls avait suscité nombre de huées de la foule, réunie devant la mairie d'Evry. Depuis, Farida Amrani a porté plainte pour fraude électorale. Manuel Valls, aujourd'hui revenu sur le devant de la scène en répétant ses positions pour le moins tranchées sur la place de l'islam dans la société et sa vision de la laïcité, est confirmé à son poste de député. Sur les 16 recours déposés au total, deux ont été retenus par le Conseil constitutionnel. C'est ainsi que les élections de Ian Boucard, député LR du Territoire de Belfort, et Lénaïck Adam, député LREM de Guyane, ont vu leur élection invalidée.