Ambiance glaciale au PS après le départ de Marie-Noëlle Lienemann et d'Emmanuel Maurel

Publié le 13 octobre 2018 à 14h03, mis à jour le 13 octobre 2018 à 14h22
Ambiance glaciale au PS après le départ de Marie-Noëlle Lienemann et d'Emmanuel Maurel

IMPLOSION - Devant la caméra de LCI, samedi matin, la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann a réglé ses comptes avec le Parti socialiste, qu'elle quitte, et avec François Hollande. Alors que l'actuel patron du PS, Olivier Faure, passait derrière elle pour se rendre au Conseil national, les deux responsables ne se sont pas salués.

Un Parti socialiste qui n'en finit pas de se fragmenter. Après l'annonce coup sur coup du départ du député européen Emmanuel Maurel et de la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann, deux responsables historiques de "l'aile gauche" du PS, l'ambiance était pour le moins fraîche samedi matin à l'ouverture du Conseil national du parti, à la Bellevilloise, à Paris. 

L'ancienne ministre, qui s'était engagée au PS dès le congrès d'Epinay, en 1971, et l'actuel Premier secrétaire Olivier Faure ne sont pas salués, alors que la première s'exprimait devant la caméra de LCI sur les raisons de son départ. "On se dira bonjour comme on le fait d'habitude", a évacué la sénatrice, ne souhaitant pas échanger avec lui devant les caméras. "On ne va pas faire semblant..." Un moment de gêne qui fait écho aux propos "cash" tenus il y a peu par Olivier Faure dans Le Monde. "Quand je vois Marie-Noëlle Lienemann, je me dis que tout m’éloigne de ce type de personnage", disait-il. "Députée européenne, ministre, sénatrice, maire… Tout ça, elle le doit à qui sinon à ce parti qu’elle vomit tant aujourd’hui ? C’est tout ce que j’abhorre en politique."

"François Hollande organise son retour"

Il faut dire que Marie-Noëlle Lienemann, tour à tour ministre de François Mitterrand puis de Lionel Jospin, était en train de livrer un réquisitoire du parti qui vient - autre symbole - de déménager de la rue de Solférino. "J'ai vu les bons et les mauvais moments au PS. J'ai toujours voulu croire que le sursaut serait possible", lance celle qui compte fonder un "nouveau Front populaire" avec Emmanuel Maurel, "en convergence avec La France insoumise" de Jean-Luc Mélenchon. 

La sénatrice fustige "les dérives poussées à l'extrême pendant le dernier quinquennat", qui a coupé le parti "des aspirations des couches populaires et de ceux qui défendent les services publics", et juge que "c'est fini". "L'ancien Premier secrétaire parle d'un parti de centre-gauche. On ne revendique plus d'être au coeur de la gauche. Cette social-démocratie européenne a fait le lit du libéralisme et de cette Europe, qui est plus un handicap qu'un atout pour le progrès social". 

Par dessus tout, Marie-Noëlle Lienemann fustige un François Hollande "qui organise son retour". "Je ne crois pas que les Français l'adouberont", assure-t-elle. "Je vois le PS incapable de fermer cette page et d'en ouvrir une autre."

Critiques acerbes

Les propos de la sénatrice ex-PS rejoignent ceux d'Emmanuel Maurel, qui a jugé que le PS "ne correspond plus à l'idée [qu'il] se fait du socialisme", suivi du politologue Rémi Lefebvre, candidat lui aussi au départ

Au sein du PS, plusieurs responsables ont critiqué la démarche de la sénatrice, à l'instar de son homologue parisienne Marie-Pierre de la Gontrie, élue en même temps qu'elle aux élections sénatoriales. 

Autre figure de "l'aile gauche", l'ancien député Laurent Baumel a également critiqué la prise de position de ses anciens camarades, leur reprochant de se rallier à la France insoumise en vue des Européennes. 

"Face aux épreuves, certains subissent, il y en a qui décident de s'enfuir et il y en a qui agissent", a également tancé François Kalfon, membre du bureau national du PS, auprès de LCI. "Je vois là une contradiction : appeler à un nouveau Front populaire et créer un énième acteur qui participe à l'émiettement de la gauche." "C'est d'autant plus regrettable, quand on proclame l'union de la gauche, de commencer par se diviser", a surenchéri Boris Vallaud, porte-parole du PS, sur LCI. 

Le PS n'en a pas fini avec le démon de la division. Alors qu'Emmanuel Maurel promet d'embarquer avec lui "des centaines de cadres et d'élus locaux", de l'autre côté du PS, l'aile droite continue aussi de s'éloigner. Dernier épisode en date : l'ancien ministre et actuel commissaire européen Pierre Moscovici a renoncé à prendre la tête de liste aux Européennes et compte reprendre "sa liberté de pensée" vis-à-vis du PS. La recomposition politique est loin d'être achevée. 


Vincent MICHELON

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