Élus depuis six mois, des députés se disent épuisés physiquement et moralement par les séances à rallonge et une présence dans l'hémicycle rendue nécessaire voire obligatoire par la majorité relative.La présidente de l'Assemblée a décidé de se pencher sérieusement sur la question pour trouver des pistes d'amélioration à leur bien-être et à la qualité de leur travail.TF1info a recueilli les témoignages de plusieurs d'entre eux au palais Bourbon.
Grosses fatigues, burn out, maux de dos et malaises. L'Assemblée nationale est-elle sur le point de se transformer en infirmerie ? Les députés sont de plus en plus nombreux à alerter sur leur cadence de travail infernale, rythmée par les séances de nuits, les débats interminables, l'obligation de siéger du fait de la majorité relative. Si bien que la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a organisé une réunion avec les présidents et présidentes de groupe ce mardi 29 novembre pour discuter d'une nouvelle organisation de leurs travaux. Rien n'a été acté, si ce n'est une future réunion pour aborder de nouveau le sujet.
Les pleurnicheries, je trouve ça indécent."
Julien Odoul (RN)
"Ce mandat est un honneur, mais il exige une présence matin, midi et soir, 18 heures par jour, y compris le week-end, le dimanche… tout cela conduit à l'épuisement", nous raconte Nicolas Dragon, député RN de l'Aisne, sur une banquette de la salle des pas perdus du palais Bourbon. "J'ai fait un malaise au mois d'octobre", poursuit-il. "Les pompiers ont dû intervenir pour me porter secours. J'étais en commission du développement durable, j'ai senti que j'avais une baisse de tension, je suis sorti et je me suis écroulé. Je n'ai pas de problème de santé particulier, je n'ai pas l'habitude de faire des malaises", précise-t-il.
Est-il arrivé la même chose à Sandra Regol, la députée écologiste, aperçue mal en point dans les couloirs ? La rumeur circule. Mais non, rétorque-t-elle, invoquant simplement des problèmes de tension bien connus. En revanche, "notre rythme est particulier, nous sommes là de 9 heures à minuit tous les jours", explique-t-elle. "Nous sommes fatigués, mais je ne me vois pas me plaindre, car nos indemnités ne représentent pas le salaire des Français", ajoute la députée du Bas-Rhin.
C'est irrespectueux de dire que nous sommes fatigués d'être assis sur un banc
Quentin Bataillon, député Renaissance de la Loire
Cet argument revient souvent parmi les élus interrogés ce mardi à l'Assemblée, les plus médiatiques et donc les plus soucieux de leur image, ou les plus anciens et les professionnels de la politique habitués au travail parlementaire. "Les pleurnicheries et la petite musique qui dit que nous sommes des esclaves, je trouve ça indécent. Les parlementaires sont des privilégiés", estime le député Rassemblement national Julien Odoul. "Nous travaillons normalement, nous avons été élus pour ça, je trouve que notre rythme est normal. Ne pleurons pas sur le sort des députés, beaucoup de Français aimeraient être à notre place", abonde le patron du PS Olivier Faure, qui reconnaît toutefois qu'en tant que Francilien, il a la chance de rentrer tous les soirs chez lui. "Je regrette que des collègues se plaignent de fatigue. Alors que beaucoup de compatriotes travaillent à l'usine, c'est irrespectueux de dire que nous sommes fatigués d'être assis sur un banc", ajoute le député Renaissance de la Loire, Quentin Bataillon.
Selon lui, "la question n'est pas vraiment celle de la fatigue, mais du manque de sens". Pour en retrouver, il souhaiterait passer plus de temps en circonscription. "Le président de la République nous a demandé d'aller en circonscription, pourtant nous sommes obligés d'être là jusqu'au vendredi", explique-t-il, proposant de sanctuariser les vendredis, samedis et dimanches loin de l'hémicycle, comme la majorité de ses collègues. "Je travaille ce qu'il faut, mais nous passons notre vie ici alors que nous devrions être sur le terrain, passer du temps avec les salariés, les ouvriers. La question n'est pas celle du temps de travail, mais du temps passé ici", estime le communiste Fabien Roussel. "Nous devons passer la moitié de notre temps en circonscription, au risque de devenir hors-sol", ajoute Julien Odoul, élu de l'Yonne.
Aussi, pour ne pas risquer de perdre un vote sur un texte du fait de la majorité relative, la pression est mise sur les députés pour une présence de tous les instants dans l'hémicycle. Cela pousse certains à faire des doubles journées. "Il m'est arrivé, alors que j'assistais à une inauguration dans ma circonscription en journée, de faire la route pour venir siéger et être là pour voter", avoue la députée Renaissance du Nord Violette Spillebout.
Des doubles journées en circonscription puis dans l'hémicycle
Beaucoup pointent également du doigt les horaires de vote des textes et la planification des séances. "Je ne comprends pas pourquoi nous n'avons pas plus de séances le matin. Voter un texte après plus de dix heures passées dans l'hémicycle, c'est difficile. À deux heures du matin, nous devenons moins aimables", déplore Nicolas Dragon, qui souligne aussi l'inconfort d'un hémicycle exigu dans lequel il est "impossible d'étendre ses jambes".
Parmi les pistes d'amélioration envisagées, Julien Odoul et Quentin Bataillon citent une organisation calquée sur celle du Parlement européen, avec des semaines consacrées par alternance aux séances, aux commissions et aux circonscriptions. Olivier Faure s'interroge sur la possibilité laissée aujourd'hui aux groupes de déposer plusieurs amendements identiques pour bénéficier de temps de parole dans l'hémicycle lors des débats. Pour Sandra Regol, il faudrait que le gouvernement accepte de faire voter moins de lois dans un temps moins restreint. Et Eric Coquerel (LFI) propose même de rogner sur le temps de parole... des ministres.
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