"Au lieu de foutre le bordel..." La petite phrase de Macron sur GM&S crée la polémique

Publié le 15 octobre 2017 à 20h11
"Au lieu de foutre le bordel..." La petite phrase de Macron sur GM&S crée la polémique

CLASH - Alors que des salariés de l'équipementier de GM&S ont tenté en vain ce mercredi de rencontrer Emmanuel Macron, en déplacement en Corrèze sur le thème de la formation, une formule du chef de l'Etat commence à faire beaucoup de bruit. Une citation "sortie de son contexte", selon son porte-parole.

Emmanuel Macron ne les a pas rencontrés, mercredi après-midi, mais il a eu quelques mots pour eux, dont un en particulier qui risque de ne pas passer inaperçu. Alors que les salariés de l'équipementier automobile creusois GM&S manifestaient à Egletons (Corrèze), en marge d'un déplacement du Président sur le thème de l'apprentissage, ils ont été accueillis par des gaz lacrymogène. Des représentants de la CGT et des élus qui avaient demandé à rencontrer le chef de l'Etat se sont heurtés à un barrage de gendarmes mobiles, dans une ambiance un peu surchauffée.

Quelques instants plus tard, le chef de l'Etat a inauguré le campus de l'École d'application aux métiers des travaux publics (EATP) d'Egletons, en Corrèze. Après avoir rencontré quelques apprentis, le voici qui lâche ces mots lors d'un échange avec le président de la région Nouvelle Aquitaine, Alain Rousset :

Il y en a certains qui, au lieu de foutre le bordel, feraient mieux d'aller regarder s'il y a des postes... Parce qu'ils ont les qualifications pour le faire
Emmanuel Macron

Tronqué ou pas ?

Une formulation qui a immédiatement eu des retentissements sur les réseaux sociaux, où la phrase du chef de l'Etat a été comprise comme une sommation aux salariés de l'entreprise en difficulté à aller chercher un autre travail. Sur LCI, la député LFI de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain l'a comprise ainsi : 

Cela traduit un grand mépris de classe. Il ne cesse d'avoir des phrases injustes pour les milieux populaires. Les salariés de GM&S se battent pour leur emploi. On ne peut pas leur dire simplement qu'ils sont des fainéants
Clémentine Autain

Réaction similaire d'un autre "Insoumis", le député Adrien Quatennens, pour qui "chercher du boulot, Macron ne sait pas ce que c'est. Le bordel, c'est lui". 

D'où la réaction rapide sur Twitter du porte-parole de l'Elysée, Bruno Roger-Petit, pour tenter d'éteindre les braises avant qu'elles ne s'enflamment : "Citation tronquée sortie de son contexte", a-t-il assuré. "Emmanuel Macron a rappelé que la recherche de solutions en matière d'emploi dépend de la responsabilité de tous les acteurs." 

Le script complet de la conversation avec Alain Rousset montre que les deux hommes parlaient de la fonderie d'Ussel, où, selon le président de région, "il y a des marchés jusqu'en 2022". Le chef de l'Etat indique alors, à l'attention des salariés de GM&S, qu'au lieu de "foutre le bordel", ils devraient tenter leur chance là-bas, parce que leurs qualifications correspondent aux besoins de l'entreprise. "Et c'est pas loin de chez eux", ajoute Emmanuel Macron. 

Plus tard dans la soirée, l'Elysée a livré à nouveau quelques précisions, assurant que le Président "visait ceux qui ne veulent pas avancer, ceux qui ne cherchent pas les solutions mais préfèrent le chaos". Tout en ajoutant qu'Emmanuel Macron "assume sa franchise qui a toujours été sa marque"...

Des explications qui n'ont manifestement pas suffit. Les critiques ont commencé à pleuvoir sur le chef de l'Etat, au-delà de La France insoumise. Le député PS Luc Carvounas a notamment dénoncé sur Twitter une "insulte" aux ouvriers. "Le vrai bordel ce sont les ordonnances" réformant le travail, a-t-il tancé, ajoutant le hashtag #presidentdesriches que les opposants politiques acollent désormais à l'image d'Emmanuel Macron. A droite, la députée LR Valérie Boyer a accusé Emmanuel Macron de ne "pas manquer une occasion d'exprimer son mépris pour les Français". 


Vincent MICHELON

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