Le président Emmanuel Macron a déploré, mercredi 24 mai, en Conseil des ministres, "un processus de décivilisation" de la société française.Des propos tenus dans un climat de violence accrue à l'encontre des élus, des agents des forces de l'ordre et du personnel médical.Un terme polémique, utilisé par la droite et l'extrême droite, que la gauche a vivement dénoncé, accusant le chef de l'État de faire leur jeu.
Le poids des mots. En écho aux récentes menaces et agressions contre des maires, à la mort de trois policiers dans un accident de la route à Villeneuve-d'Ascq et à l'assassinat d'une infirmière au CHU de Reims, Emmanuel Macron s'est alarmé de la recrudescence des violences à l'encontre des élus ou des agents publics, et plus généralement dans la société. En introduction du Conseil des ministres, mercredi 24 mai, le président de la République les a comparées "quelle que soit la cause" à un "processus de décivilisation", selon un participant à la réunion, confirmant une information du Parisien.
"Il faut être intraitable sur le fond. Aucune violence n'est légitime, qu'elle soit verbale ou contre les personnes. Il faut travailler en profondeur pour contrer ce processus de décivilisation", a indiqué le chef de l'État, selon cette même source. Évoquant le climat du moment, le locataire de l'Élysée a souligné qu'il n'y avait "pas de violence qui soit justifiable, jamais, dans une société, quelle que soit la cause". Cette expression se veut une "interpellation de la société" sur elle-même, parce que "le politique n'est pas le seul responsable", a expliqué en outre un proche d'Emmanuel Macron, cité par le quotidien francilien.
"Farce", "macrolepénisme", "surenchère"...
Une explication qui ne suffit pas à apaiser à gauche. Plusieurs élus insoumis ou écolos ont dénoncé du mot "décivilisation", un terme polémique utilisé avant tout par la droite et l'extrême droite. "Le concept fumeux de décivilisation lancé par Emmanuel Macron est le titre d'un ouvrage de l'écrivain d'extrême droite Renaud Camus, qui veut imposer ce mot dans le débat public depuis 2011...", a dénoncé, par exemple, le député LFI de la Seine-Saint-Denis, Alexis Corbière. "Considérer que ce serait pure coïncidence est soit une farce, soit affligeant." "Macron a donc Renaud Camus pour livre de chevet et assume sans fard le discours de l'extrême droite", a accusé sur Twitter sa collègue insoumise, Nadège Abomangoli. "Plus rien n'arrête le macrolepénisme".
Le concept fumeux de #decivilisation lancé par E. Macron, est le titre d'un ouvrage de l'écrivain d'extrême droite Renaud Camus, qui veut imposer ce mot dans le débat public depuis 2011... Considérer que ce serait pure coïncidence est soit une farce, soit affligeant. pic.twitter.com/3LJ4vMMQcB — Alexis Corbière (@alexiscorbiere) May 24, 2023
"Soit le président de la République est en réalité dépourvu d'intelligence du verbe, d'inhibition républicaine et de réflexion sur les mots qu'il emploie. Soit le président de la République sait ce qu'il fait en reprenant les thèmes et les termes de l'extrême droite", a fustigé sur le réseau social le député Nupes des Yvelines et membre de Génération⋅s, Benjamin Lucas.
"On est malheureusement habitué aux provocations de sa part. C'est une de plus, mais moi ça me désespère de plus en plus", a déploré sur LCI la secrétaire nationale d'EELV, Marine Tondelier. "On voit qu'on est dans un moment où la société se fracture et où lui en tant que président de la République doit être dans un rôle d'apaisement. Il est garant de la cohésion des institutions de ce pays, de la société. Donc il ne peut pas faire ça, il ne peut pas rajouter de l'huile sur le feu et être dans la surenchère. Ce n'est pas son rôle de président de la République. Ça ne doit être d'ailleurs le rôle d'aucun responsable politique."
De l'autre côté de l'échiquier politique, l'usage du terme "décivilisation" est salué. "C'est un mot que j'ai sans doute été le premier à utiliser, je l'utilise depuis plusieurs années. Il y a décivilisation lorsqu'il y a des phénomènes de barbarie, d'ensauvagement de la société, (...) une entreprise de déconstruction culturelle en France", a réagi, jeudi 25 mai, sur France 2 le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, réfutant reprendre un concept porté par Renaud Camus, théoricien du "grand remplacement". "On est dans un processus qu'on observe, qui est devant nous. Cette hyperviolence touche chaque Français."
De son côté, l'entourage d'Emmanuel Macron justifie l'emploi du terme en indiquant que "c'est un concept qui épouse plusieurs références", et que "bien avant Renaud Camus, il y eu Norbert Elias", le célèbre sociologue auteur de "La Civilisation des mœurs" (1973). "C'est un thème de chercheurs", concluent les proches du chef de l'État.
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