VIDÉO - "Je ne veux plus me mentir" : les mots forts de Nicolas Hulot pour claquer la porte du gouvernement

Publié le 28 août 2018 à 13h03, mis à jour le 28 août 2018 à 13h11
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Source : Sujet JT LCI

FINI - La question de sa démission revenait dans l’actualité depuis des mois. Mais c’est à un moment où personne ne l’attendait que Nicolas Hulot a annoncé qu’il jetait l’éponge, mardi sur France Inter. Récit d’un coup de tonnerre politique en direct.

Il n’a prévenu ni Emmanuel Macron ni Edouard Philippe. Ni même, a-t-il reconnu, sa propre épouse… C’est dire si la démission de Nicolas Hulot a fait l’effet d’un coup de tonnerre politique mardi, provoquant la stupéfaction des journalistes qui l’interviewaient puis un déluge de réactions politiques. 

Ce devait pourtant être une interview comme bien d’autres, ce mardi matin sur France Inter, même si le ministre de la Transition écologique était attendu sur le dossier de la chasse. Un dossier sur lequel, à l’issue d’une réunion où il était présent la veille, Emmanuel Macron a rendu des arbitrages très favorables aux chasseurs, déclenchant les protestations des écologistes. Une nouvelle couleuvre à avaler pour le ministre, mais qui en a connu d'autres et des plus indigestes. 

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Alors que l’interview commence, le ministre de la Transition écologique à la mine fermée et lève les yeux au ciel. Interrogé par Nicolas Demorand, il dit son incompréhension devant l’absence de mobilisation générale face aux dérèglements climatiques qui ont marqué l’été : 

"Non, je ne comprends pas que nous assistions à la gestation d’une tragédie bien annoncée dans une forme d’indifférence. La planète est en train de devenir une étuve, nos ressources naturelles s’épuisent, la biodiversité fond comme neige au soleil, et ce n’est pas appréhendé comme un enjeu prioritaire, et on s’évertue à entretenir un modèle économique qui est la cause de tous ces désordres. (...)

- Avez-vous sursauté en lisant l’interview d’Edouard Philippe et en constatant qu’il n’y avait pas un mot sur l’écologie ?, reprend Léa Salamé.

-Je n’ai pas sursauté parce que c’est coutumier. La pression du court terme est si forte qu’elle préempte les enjeux de moyen et de long terme. (...) Je demeure dans ce gouvernement à la manœuvre d’une transition sociétale et culturelle, mais je suis tout seul à la manœuvre. Il faut se dire les choses franchement. Le Président et le Premier ministre ont été à mon égard d’une affection, d’une loyauté et d’une fidélité absolue, mais au quotidien, qui ai-je pour me défendre ? (...) Nous poursuivons des objectifs qui sont complètement contradictoires et incompatibles. Alors, nous faisons des petits pas. Et la France en fait beaucoup plus que d’autres pays, mais est-ce que les petits pas suffisent ? La réponse est non. Est-ce que nous avons commencé à réduire l'utilisation de pesticides ? La réponse est non. Est-ce que nous avons commencé à enrayer l'érosion de la biodiversité ? La réponse est non. Est-ce que nous avons commencé à nous mettre en situation d'arrêter l'artificialisation des sols ? La réponse est non.

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-Est-ce que vous restez au gouvernement de ce fait? On entend ce matin la tristesse et même plus la colère,  relance Nicolas Demorand.

-Je vais prendre, pour la première fois, la décision la plus difficile de ma vie. Je ne veux plus me mentir. Je ne veux pas donner l'illusion que ma présence au gouvernement signifie qu'on est à la hauteur sur ces enjeux-là. Et donc je prends la décision de quitter le gouvernement. Aujourd’hui. 

-Vous êtes sérieux ?, réagit Léa Salamé, interloquée.

-Oui, je suis sérieux.

-Je tiens à préciser que vous ne nous l’aviez absolument pas dit avant d’entrer dans ce studio, précise la journaliste. 

-C’est la décision la plus douloureuse, que personne n’en tire profit, parce que la responsabilité est collégiale, collective, sociétale. Et j’espère que cette décision qui est lourde, qui me bouleverse, qui est mûrie depuis de longs mois, ne profitera pas à des joutes ou à des récupérations politiciennes, mais à ce que notre société se retrouve sur l’essentiel.

Dans la foulée de cette entretien, les réactions se sont multipliées, à commencer par ses propres collègues du gouvernement (Marlène Schiappa ou encore Benjamin Griveaux, eux aussi invités sur des matinales), tandis qu'Edouard Philippe, le Premier ministre, annonçait qu'il allait faire "au cours de jours qui viennent" des propositions à Emmanuel Macron pour remplacer Nicolas Hulot. 


La rédaction de TF1info

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