VIDÉO - Gérard Collomb estime que les "migrants font du benchmarking" pour choisir leur pays d'accueil

Publié le 31 mai 2018 à 11h45, mis à jour le 31 mai 2018 à 11h51
VIDÉO - Gérard Collomb estime que les "migrants font du benchmarking" pour choisir leur pays d'accueil

PETITE PHRASE - Devant la commission des lois du Sénat, le ministre de l'Intérieur a défendu l'allongement du délai de rétention administrative des déboutés du droit d'asile. L'occasion d'utiliser un terme qui désigne généralement le processus d'analyse de la concurrence... en marketing.

"Puis-je vous dire, monsieur le président, qu'il n'y a pas que le Sénat qui fait du benchmarking." Invité ce mercredi au Sénat pour prendre la parole devant la commission des Lois, Gérard Collomb a exprimé un point de vue qui n'a pas manqué de faire réagir sur les réseaux sociaux. Le ministre de l'Intérieur a en effet estimé que les migrants font "un peu de benchmarking" pour choisir leur pays d'accueil.

"Les gens comparent un peu"

Interrogé par le président de la commission Philippe Bas sur l'efficacité de l'allongement du délai de rétention administrative des déboutés du droit d'asile – que prévoit un projet de loi du gouvernement -, le ministre a détaillé sa pensée : "Le Sénat aime beaucoup regarder les différentes législations, pour voir comment on se situe par rapport aux autres pays européens." Avant de dérouler son raisonnement : "Les migrants aussi font un peu de benchmarking, pour regarder les législations à travers l'Europe qui sont, on va dire, les plus fragiles. Telle nationalité, que je ne citerai pas, se dirige plutôt vers tel pays, non pas parce qu'elle est plus francophile, mais tout simplement parce qu'elle juge que là, c'est plus facile."

"En Allemagne, des nationalités qu'en France on peine à traiter en trois ans, sont traitées en deux semaines. Les gens comparent un peu et se disent 'On va aller dans tel pays'", a poursuivi Gérard Collomb. La séquence, isolée par Public Sénat, s'est retrouvée sur Twitter durant l'après-midi. 

Une maladresse ? Non, a assuré l'entourage de ministre auprès de l'Obs, écartant une éventuelle "maladresse". Et de préciser que "ce terme s'inscrit dans la volonté de la France d'harmonisation des politiques européennes."

Gouvernement et majorité : deux sons de cloche

Du côté du gouvernement, la sortie du ministre n'a pas été spécialement contestée. A l'instar de Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement mettant en avant le "crime organisé" qui se cache derrière les filières migratoires et qui ferait, lui, usage de ce "benchmarking" : "Les passeurs, les filières, les trafiquants d'êtres humains [...] connaissent parfaitement les législations" et le "font payer cher" aux migrants". Même son de cloche du côté de Christophe Castaner, sur RMC. "Il ne faut pas prendre les migrants et les passeurs pour des imbéciles", a-t-il fait valoir, supposant que ces deux catégories de personnes évoquaient entre eux les terres les plus accueillantes pour eux.

Dans la majorité, toutefois, la défense du patron de la place Beauvau n'était pas unanime. Le député des Hauts-de-Seine et porte-parole de La République en marche Gabriel Attal s'est ainsi fendu d'un commentaire lapidaire à l'endroit de l'ancien sénateur, sur France Inter : "Je pense que s'il y a un benchmark qui est fait aujourd'hui par les migrants, il est assez simple: c'est mourir chez eux, ou survivre ailleurs. C'est se faire mettre en esclavage en Libye ou risquer leur vie."


La rédaction de TF1info

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