Pourquoi Macron célèbre le 60e anniversaire des Accords d'Évian ce samedi ?

Publié le 19 mars 2022 à 7h51

Source : JT 13h Semaine

Les Accords d'Evian ont été signés le 18 mars 1962, mais Emmanuel Macron a choisi de commémorer leur 60e anniversaire ce 19 mars, jour de l'entrée en vigueur du cessez-le-feu.
Cette date fait polémique et est notamment contestée par ses adversaires Marine Le Pen et Valérie Pécresse. Pour quelles raisons ?

Ce 18 mars, cela fait 60 ans que les Accords d'Évian entre le gouvernement de la République française et le gouvernement provisoire de la République algérienne ont été signés. Mais le président de la République a choisi de présider la cérémonie de commémoration de leur 60e anniversaire ce samedi 19 mars, qui marqua l'entrée en vigueur du cessez-le-feu entre armée française et indépendantistes algériens. Une date qui fait polémique.

Les rapatriés contestent la référence aux Accords d'Évian pour commémorer la fin de la guerre d'Algérie (1954-1962) en raison des violences qui se poursuivirent jusqu'à l'indépendance du pays le 5 juillet 1962 et se conclurent par l'exode de centaines de milliers d'entre eux vers la France. 

"Tous les événements liés à la guerre d'Algérie ne se sont pas terminés du jour au lendemain avec la signature des Accords d'Évian", a reconnu l'Élysée en citant notamment la fusillade de la rue d'Isly à Alger, dans laquelle des dizaines de partisans de l'Algérie française furent tués par l'armée le 26 mars 1962. "Le 19 mars est une étape sur ce chemin (de mémoire) mais ce n'en est pas le terme", a ajouté la présidence qui insiste sur le fait que "commémorer n'est pas célébrer" et rappelle qu'un hommage serait aussi rendu aux appelés de la guerre d'Algérie le 18 octobre si Emmanuel Macron est "réélu".

Le Pen et Pécresse contestent la date du 19 mars

"Nous contestons depuis longtemps cette date choisie parce que cette date, qui a été imposée comme la fin de la guerre d’Algérie, n’a pas été la fin de la guerre d'Algérie, car il y a eu des dizaines de milliers de harkis qui ont été sauvagement assassinés", a déclaré ce vendredi sur France Inter Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national. Le Front national a été cofondé par des partisans de l'OAS, organisation clandestine opposée à l'indépendance algérienne.

Les harkis, Algériens ayant combattu dans l'armée française, "ont été particulièrement maltraités par le gouvernement de l'époque" et "on doit avoir à (leur) égard une très vive reconnaissance", ce sont "des gens qui ont choisi la France, qui sont français pas seulement par leur identité mais par le sang versé", a-t-elle ajouté.

Si elle est élue présidente de la République, Valérie Pécresse s'engage elle aussi à trouver "une autre date" que le 19 mars. "À l'évidence, le 19 mars ne marque pas la fin du conflit algérien. 80% des victimes civiles sont tombées après les accords d'Évian", a-t-elle affirmé lors d'un déplacement à Nîmes, rappelant la fusillade de la Rue d’Isly à Alger le 26 mars 1962, ou le massacre d'Oran du 5 juillet 1962. Evoquant "les blessures enfouies que cet anniversaire ravive chaque année", la candidate LR a estimé qu'"on ne peut plus continuer à opposer la mémoire de ceux qui sont morts pour la France durant les combats d’Algérie et d’Afrique du Nord et le souvenir de ceux qui sont tombés ou qui ont disparu, dans des circonstances parfois atroces, après le cessez-le-feu".

En septembre 2021, Emmanuel Macron avait "demandé pardon" au nom de la France aux harkis. En janvier dernier, il avait adressé un geste fort aux rapatriés d'Algérie en qualifiant d'"impardonnable pour la République" la fusillade de la rue d'Isly à Alger en mars 1962, et en estimant que le "massacre du 5 juillet 1962" à Oran devait être "reconnu"


Justine FAURE

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