"Il n’y a pas d’affaire Bayou" : le député se défend et charge Sandrine Rousseau

Maëlane Loaëc (avec AFP)
Publié le 4 octobre 2022 à 9h49, mis à jour le 4 octobre 2022 à 22h43

Source : TF1 Info

Le député de Paris est mis en cause par sa collègue écologiste Sandrine Rousseau pour des faits de violences psychologiques à l'égard de son ex-compagne.
Des accusations qu'il réfute dans les colonnes du Monde, affirmant être "présumé coupable".
"Le privé ne doit pas être instrumentalisé à des fins politiciennes", a-t-il défendu.

"Il n’y a pas d’affaire Bayou. Il n’y a pas d’accusation." Julien Bayou, qui a démissionné de la direction d'EELV et de la présidence du groupe écologiste à l'Assemblée Nationale après avoir été accusé de violences psychologiques à l'encontre de son ancienne campagne, est sorti de son silence médiatique lors d'une interview au Monde. Le député de Paris, qui annonce garder son siège à l'Assemblée Nationale, s'y présente comme "quelqu’un innocent des faits dont on ne l’accuse pas", et se dit victime d'un "dévoiement" du féminisme.  

"Il n’y a pas d’accusation, je ne peux pas m’en défendre, et pourtant je suis présumé coupable. Mes accusatrices disent elles-mêmes qu’il n’y a rien de répréhensible", s'est-il défendu dans cet entretien, affirmant n'avoir "jamais commis de violence psychologique à l’égard de (son) ex-compagne" et décrivant seulement "une rupture très douloureuse avec des souffrances partagées". Il a par ailleurs indiqué "retourner à l'Assemblée nationale ce mardi" même s'il n'est plus à la tête du groupe des Verts : "je suis investi d’un mandat, je compte bien le mener", a-t-il assuré.

Sandrine Rousseau "est allée trop loin"

La cellule interne d'EELV contre les violences faites aux femmes s'était auto-saisie en juillet d'une enquête sur Julien Bayou, son secrétaire national, après un courriel de son ex-compagne, dont il s'est séparé en novembre 2021. Il assure avoir demandé quatre fois à y être auditionné, en vain : "le principe du contradictoire (...) n'a pas été respecté", accuse-t-il. L'affaire a pris un nouveau tour le 19 septembre dernier, lorsque sa collègue députée écologiste Sandrine Rousseau l'a accusé de "comportements de nature à briser la santé morale des femmes" sur un plateau télévisé. Elle a raconté avoir "reçu longuement" chez elle l'ex-compagne de Julien Bayou, affirmant que celle-ci avait tenté de se suicider et laissant ainsi entendre qu'elle avait été victime de violences psychologiques.

"Elle est allée trop loin. Et tout le monde le mesure. Pour moi, il ne faut pas confondre féminisme et maccarthysme", a réagi l'ancien chef de file des Verts. "Le maccarthysme est un tout autre sujet. C’est dire : 'J’ai des listes d’hommes', c’est porter des accusations que vous ne pouvez contredire, car il n’y a pas d’enquête", a-t-il poursuivi, y voyant non pas "un excès du féminisme" mais un "dévoiement". Mouvement de délation initié dans les années 1950 aux États-Unis, le maccarthysme ciblait des personnalités soupçonnées de promouvoir le communisme.

"On ne balance pas à une heure de grande écoute la situation psychologique de quelqu’un qui souffre ou des accusations sans éléments", a fustigé Julien Bayou, estimant que "le privé ne doit pas être instrumentalisé à des fins politiciennes". "Le mouvement #metoo est une révolution nécessaire et inachevée", a toutefois estimé le député, qui ajoute ne pas confondre "les soubresauts, les combats nécessaires, les avancées, le militantisme de cette génération qui compte et qui aspire à l’égalité, avec ce dévoiement". Il a indiqué également qu'il ne prévoit "à ce stade (...) aucune action en justice".

Une cellule interne au parti "fondamentalement insuffisante"

Quant à la cellule mise en place par EELV, elle reste "nécessaire" aux yeux de Julien Bayou, mais "est fondamentalement insuffisante" puisqu'elle ne peut pas déboucher sur une réponse juridique, et que dans son cas personnel de dirigeant, son efficacité serait limitée : "Serais-je blanchi, qu'on dirait qu'il y a eu collusion. Serais-je sanctionné, ce serait interprété comme un règlement de comptes avant le congrès" du parti en décembre, a-t-il jugé.

L'ex-secrétaire national est également revenu sur une enquête de Libération, selon laquelle il aurait été mis "sous surveillance" par des militantes féministes. "En 2019, j’ai dû demander à une femme militante de cesser d’enquêter sur moi, et surtout de colporter rumeurs et accusations sans preuves. (...) Ça devenait une croisade", a-t-il confirmé, y voyant "une instrumentalisation en vue d’un règlement de comptes". Un article jugé au contraire "extrêmement problématique" du côté de Sandrine Rousseau.

Mardi soir, l'ex-patron des Verts s'est exprimé pour la première fois sur les faits à la télévision sur France 5, dans la même émission dans laquelle il avait été mis en cause par Sandrine Rousseau. "Je viens ici à reculons", a déclaré Julien Bayou, souhaitant "boucler la boucle. Cette séquence (avec Sandrine Rousseau) est grave. C'est irresponsable de (...) lancer des accusations sans étayer", a-t-il dénoncé. "C'est Kafka : je suis innocent de faits qui ne me sont pas présentés, et dont je ne peux me défendre", a-t-il répété à plusieurs reprises. 

Pour sa part, l'ancienne compagne de Julien Bayou a saisi lundi la cellule d'enquête des Verts. Elle souhaite être entendue "sous certaines conditions assurant la sécurité des témoignages", a appris l'AFP dans un communiqué diffusé par son avocate, Me Elodie Tuaillon-Hibon. Se disant "contrainte et forcée par le tempo médiatique qu’on lui a imposé dernièrement au mépris de sa santé mentale", elle affirme choisir de saisir cette cellule "pour récupérer sa parole, parole totalement confisquée dernièrement - essentiellement par des hommes et leurs complices - au mépris de son existence".

Interrogé sur France info au sujet de l'affaire, le premier secrétaire du PS Olivier Faure a de son côté estimé que "Sandrine Rousseau n'aurait pas dû se faire porte-parole d'une affaire dont elle ne connaît pas grand-chose". "Ce n'est pas comme s'il y avait eu une chape de plomb sur EELV, auquel cas il aurait fallu lancer l'alerte. Mais quand la procédure est engagée, il faut la respecter", a-t-il jugé, ajoutant par ailleurs que Julien Bayou est "prêt à répondre de ses actes"


Maëlane Loaëc (avec AFP)

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