VIDÉO - Jérôme Cahuzac s'exprime sur LCI, 9 ans après sa dernière apparition publique

M.L
Publié le 17 février 2022 à 21h12, mis à jour le 17 février 2022 à 21h28

Source : TF1 Info

L'ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac était l'invité de "24h Pujadas" ce jeudi sur LCI.
Condamné pour fraude fiscale en 2018, l'ancien ministre de François Hollande a dit avoir "purgé sa peine" et a affirmé "comprendre" la haine dont il peut faire l'objet.
Il a toutefois plaidé pour que sa condamnation ne soit pas "un bannissement à perpétuité".

Il s'est présenté comme "un citoyen comme un autre, qui a purgé sa peine, payé sa dette", mais qui "ne pense pas avoir d'excuses" et souhaite désormais "tourner la page". Invité sur LCI face à David Pujadas jeudi 17 février, l’ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac, est revenu sur sa condamnation pour fraude fiscale en 2018. Une première interview après un long silence médiatique de plusieurs années. "Si j’ai accepté cette invitation, c’est pour essayer de m’expliquer, pour dire que je comprends cette condamnation", a-t-il ainsi lancé. "Il m’arrive de ressentir dans le regard des gens une condamnation que je peux comprendre, (...) j’espère que ce ne sera pas une condamnation à perpétuité."

"Je ne me trouve pas d’excuses, ce que j’ai fait était inadmissible, j’ai payé ma dette, j’aimerais qu’on n’en parle plus", a-t-il ajouté. Si l'ancien ministre n'a plus subi "d'agression dans la rue depuis longtemps", Jérôme Cahuzac se dit encore affecté par des gestes d'hostilité à son égard. "J’ai été banni à l’intérieur de mon pays pendant quelques années, j’aimerais que ce ne serait pas un bannissement à perpétuité", a-t-il ainsi plaidé, se demandant si "la société est assez forte" pour le "ré-accueillir dans son sein". "Je demande vraiment humblement que la page se tourne enfin, j’aimerais me libérer de la haine dont j’ai le sentiment d’être l’objet parfois, mais aussi libérer ceux qui l’éprouvent en leur disant : ce n’est plus la peine, ça ne sert à rien, c'est sans objet aujourd’hui", a-t-il insisté. 

Condamné pour fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale, l’ancien ministre du Budget de François Hollande, chargé de la lutte contre la fraude fiscale, avait démissionné du gouvernement en 2013, suite à des révélations de Mediapart au sujet d'un compte non déclaré en Suisse. Après avoir nié ces accusations, il avait finalement reconnu détenir un compte à Singapour de près de 600.000 euros. En mai 2018, il est condamné en appel à quatre ans de prison, dont deux avec sursis et bénéficie d'un aménagement de peine avec port du bracelet électronique l'année suivante. Depuis son retrait du gouvernement, il ne s'était plus exprimé publiquement

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"J'ai fait du mal à la société française, j’ai essayé, j’essaye et j’essayerai de le réparer"

Suite à cela, "à partir du moment où j’avoue et où je démissionne, je sais que le chemin va être très long, d’abord pour reconquérir l’estime de moi, essayer de me pardonner - c’est probablement ce qu’il y a de plus difficile - mais aussi essayer de réparer le mal que j'ai fait à ma famille, aux gens qui avaient de l'affection pour moi", s'est-il souvenu. 

"La seule façon de trouver ce chemin, c'était exercer ce premier métier qui a été le mien, celui de médecin", a-t-il ainsi raconté : Jérôme Cahuzac a notamment travaillé à l'hôpital de Bonifacio, en Corse, mais aussi dans le cadre de plusieurs missions humanitaires, notamment une aide de deux semaines dispensée sur un bateau-hôpital au Bangladesh, tenu par une ONG qui a refusé de communiquer son nom par peur de perdre des donateurs. "Là, j’ai pris conscience que les choses allaient quand même peut-être un peu trop loin, à l’encontre des intérêts de tous. L’hostilité dont je pouvais être l’objet devenait excessive, mais je devais essayer de la comprendre, c’est ce que je me suis efforcé de faire", a-t-il défendu.

Un temps employé donc à "être utile aux autres" selon celui qui est désormais retraité. "J’ai tenté de trouver un chemin qui me permette de réparer les fautes que j’avais commises et j’aimerais continuer", a-t-il conclu, avant d'insister à nouveau : "J'ai fait du mal à la société française, j’ai essayé, j’essaye et j’essayerai de le réparer"

Quant à l'argent du compte à l'étranger qui a entraîné sa chute, il a été employé à régler "amendes fiscales et pénales" et les frais d'avocats, assure l'ancien ministre. Jérôme Cahuzac n'envisage aucun retour en politique, une perspective "pas très raisonnable ni lucide" à ses yeux, d'autant que l'ancien ministre fêtera ses 70 ans cette année. Il s'adonne aujourd'hui au conseil à destination de start-ups médicales et travaille à un "projet industriel".


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