Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale : "La fermeture générale des écoles n'a pas de sens"

Publié le 3 mars 2020 à 10h52, mis à jour le 3 mars 2020 à 11h07

Source : TF1 Info

ENTRETIEN - Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse, était l'invité mardi 3 mars d'Elizabeth Martichoux sur LCI. Recours au 49.3, César, mais encore plus crise du coronavirus, il a répondu aux nombreuses questions d'actualité.

Il était l'invité d'Elizabeth Martichoux et les sujets le concernant ne manquaient pas. Ce mardi matin, le ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse, Jean-Michel Blanquer est revenu sur notamment les mesures prises dans les écoles pour faire face après la propagation de l'épidémie de Covid-19 sur le territoire nationale, les voyages scolaires, les épreuves annulées du bac, le recours au 49.3 et même la cérémonie des Césars. 

"Environ 120 écoles fermées"

Alors qu'un troisième décès est survenu en France en raison du nouveau coronavirus et que 61 nouveaux cas ont été rapportés, portant le total de malades à 191 sur le territoire hexagonal, la question des mesures de contention du virus se pose. D'autant plus que parmi les personnes contaminées, on trouve une élève de 6e au collège Paul-Eluard, à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Face à cette épidémie qui se propage, Jean Michel-Blanquer a indiqué qu'à ce jour, "une bonne centaine d’écoles et d’établissements sont fermés, 120 environ".  Une fermeture qui concerne "35.000 élèves", répartis entre l'Oise (26.000) et le Morbihan (9000), précise le ministre, qui ne ferme pas la porte à ce que ce chiffre augmente dans les jours prochains.

Insuffisant toutefois pour envisager des mesures plus draconiennes. Une fermeture générale des écoles, par mesure de précaution, n'aurait toutefois "pas de sens", a estimé le ministre indiquant qu'il s'exprimait sur le sujet avec "beaucoup de prudence" et qu'il se rangeait "derrière les autorités" concernant les mesures à prendre.

"Au sujet des voyages scolaires, les éléments sont déterminés par les autorités de santé. Il faut que l’on s’habitue au changement. La règle c’était la quatorzaine quand on revenait d’une zone à risques ; en phase 2, ça a changé", a dit le ministre. Jean-Michel Blanquer a confirmé qu'il avait par ailleurs lui-même annulé des déplacements. "Oui j’ai besoin d’être très présent dans mon bureau pour gérer la crise en lien avec le ministère de la Santé, c’est la première des raisons. Ensuite, il faut qu'en ce moment, les circulations soient réduites. Donc j'ai réduit les déplacements qui sont habituellement nombreux".

Situation sanitaire dans les écoles

Alors qu'il est recommandé de se laver les mains plusieurs fois par jour pour éviter la propagation de l'épidémie, Elizabeth Martichoux a rappelé au ministre de l'Education nationale que la "situation des sanitaires dans les écoles est lamentable" et que le savon y était souvent absent.

"On a un problème d’hygiène en France, a reconnu Jean-Michel Blanquer. (…) On traite le problème pour qu’il y ait du savon dans toutes les écoles et les équipements nécessaires. Nous travaillons avec les communes pour s’assurer que le savoir soit présent en ce moment. Le sujet de se laver les mains avec du savon et la première des barrières contre l’épidémie. Les sanitaires dans les écoles ne sont pas du tout au niveau". 

Épreuves du bac annulées

Au sujet des épreuves du bac perturbées ou annulées suite à la contestation des épreuves en continu, le ministre de l'Education précise que cela concerne "une toute petite minorité de lycées". Il précise : "Sur 1 740 000 copies que nous devions avoir, il en manque 40 000. Pour les élèves concernés, c'est effectivement une nuisance, c'est quelque chose de mauvais pour eux que de ne pas avoir fait encore leur copie. C'est en train de se faire ces jours-ci. Dans les cas les plus extrêmes, on envisage la délocalisation. Ça concerne moins d’1% des établissements".

Et si les élèves ne vont pas composer pour les épreuves du baccalauréat ? "S’ils ne le font pas, ils ont zéro bien entendu. Un élève qui ne vient pas qu’est-ce que vous voulez que je vous dise..."

Le 49.3, "ce qu'il y a de plus pertinent"

Après l’annonce du recours au 49-3 pour faire passer en force la réforme des retraites, le député insoumis François Ruffin a appelé sur son site internet à la dissolution de l’Assemblée nationale. Qu’en pense le ministre ? "François Ruffin dès qu’il y a quelque chose qui peut mettre le désordre, il est toujours pour. Parmi les outils de la Constitution, il y a le 49.3. Ça me parait ce qu'il y a de plus pertinent dans la situation actuelle. Je suis de ceux qui l’ont prôné au sein du gouvernement. Cela fait des mois pour ne pas dire des années que l’on discute de la réforme des retraites, près de 400 amendements vont être pris en compte, en réalité il y a de l’écoute". 

Il ajoute : "Le recours au 49.3, on ne le fait pas pour le plaisir, on l'a fait parce qu'il y a eu un obstacle qu'il a fallu surmonter. Ceux qui ont créé cet obstacle aujourd'hui sont très contents de pouvoir critiquer le fait que l'on ait recours au 49.3. Ça fait partie de ces pyromanes commentateurs, comme monsieur Ruffin, qui se sont spécialisés là-dedans".

Et... les César

Interrogé sur le palmarès des César, couronnant Roman Polanski, reconnu coupable de pédocriminalité dans les années 1970, Jean-Michel Blanquer n'était pas franchement pressé de commenter l'histoire, renvoyant la patate chaude à son collègue de la culture Frank Riester. Mais si le pensionnaire de la rue de Valois a vu comme un "mauvais signal" l'attribution du César du meilleur réalisateur au cinéaste, son homologue de l'Education nationale y a moins vu à redire : "Il faut être attentif à toujours bien distinguer l'oeuvre de l'auteur", fait-il valoir, alors que c'est bien le réalisateur et non le film "J'accuse" qui a été récompensé. Et de finir sur une litote : "Je continuerais à regarder la Joconde même si j'apprenais beaucoup de défauts (sic) de Léonard de VInci".


La rédaction de TF1info

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