ULTRA -CONSERVATEUR - Les Républicains ont confirmé mardi comme tête de liste pour les élections européennes François-Xavier Bellamy. A gauche mais aussi au sein même de LR, certains propos de ce jeune professeur de philosophie dérangent. Ce conservateur n'a en effet jamais caché son opposition au mariage homosexuel et à l'IVG.
"La politique se meurt de ces petites phrases, de ces caricatures stupides, de ces expressions absurdes". Invité ce mercredi sur LCI, François-Xavier Bellamy a balayé d'un revers de la main ce qu'il considère comme des "fake news" à son égard. Depuis sa nomination pour mener la bataille des élections européennes sur la liste des Républicains, ses opposants critiquent ses positions conservatrices. Notamment sur l'IVG ou la PMA.
Inconnu du grand public, François-Xavier Bellamy a eu l'occasion de se prononcer à plusieurs reprises sur les sujets sociétaux. Notamment car cet ancien étudiant brillant - Normale sup' et agrégation de philosophie -, est l'auteur de deux essais où il a développé sa pensée.Il est également l'adjoint au maire de Versailles, et a milité à plusieurs reprises en tant qu'élu. Par exemple le 12 octobre 2014 lors du Colloque "Catholiques en action" organisé par Ichtus, un institut catholique traditionaliste. Micro en main à l’église Notre-Dame-de-Grâce-de-Passy dans le 16e arrondissement de Paris, le jeune homme assure : "Il n’y a qu’une seule bonne raison de croire au Christ, et cette seule raison c’est la certitude que le christianisme dit la vérité." La séquence, isolée dans son semble par Libération, tourne depuis quelques heures sur Twitter, parfois en laissant croire qu'il s'agirait de propos tenus ces derniers jours.
"Il n'y a qu'une seule bonne raison de croire au Christ, et cette seule raison c'est la certitude que le christianisme dit la vérité." Démarrage de campagne sur les chapeaux de roues pour François-Xavier Bellamy, tête de liste @lesRepublicains pour les #Européennes . pic.twitter.com/XSVrEEvaJ9 — Claire Underwood (@ParisPasRose) 29 janvier 2019
Autre exemple de l'engagement sociétal du normalien : ses propos tenus en janvier 2013, à l'occasion d'une convention organisée par l'UMP sur la famille. "Le vrai progrès que notre pays a su conquérir au terme de longues années de maturation politique, c'est la famille, composée d'un homme et d'une femme, et qui repose sur cette réalité naturelle de l'engendrement", assure-t-il à la fin d'une vidéo qu'il a publié sur sa page Youtube.
A l'époque, le jeune enseignant s'implique dans la Manif pour tous, ce mouvement qui s'oppose à l'ouverture du mariage aux personnes de même sexe. Celui qui est un porte-parole commence à se faire un nom et le Parisien lui consacre un article. L'occasion pour lui d'évoquer la question de la PMA : "Ce projet (ndlr : la loi Taubira) implique forcément que l'on aborde les questions de procréation médicalement assistée et de gestation pour autrui. C'est lié et les remettre à plus tard est mentir aux Français. On sait très bien qu'il n'y a déjà pas assez d'enfants à adopter, alors…"
Des années plus tard, en 2017, l'auteur réitère son opinion dans une tribune du Figaro. L'ouverture de la PMA pour toutes les femmes par le gouvernement ? "Nous sommes sur le point de changer de monde", assure-t-il. Et d'appuyer : "Qu'il serait fou d'imaginer que nous serons plus heureux en poursuivant, comme un mirage destructeur, la surenchère infinie de nos désirs, qu'aucune transgression nouvelle ne suffira à satisfaire."
"Les jeunes ont le droit de grandir sans avoir à être exposés à la variété des pratiques sexuelles adultes"
Quelques semaines auparavant, l'adjoint au maire fait parler de lui dans le cadre d'un débat : celui entre des maires de droite et le ministère de la Santé, qui a lancé une campagne à destination des homosexuels. Le slogan sur les affiches – "Avec un amant, avec un ami, avec un inconnu: les situations varient, les modes de protection aussi" – ainsi que l'image où l'on voit deux homme s'enlacer dérange plusieurs édiles. "Ces affiches sont étalées à la vue des plus jeunes, qui ont le droit de grandir sans avoir à être exposés à la variété des pratiques sexuelles adultes", juge auprès du Figaro François-Xavier Bellamy. Et ce dernier de réfuter les éventuelles accusations d'homophobie : "La campagne identifie les personnes homosexuelles à une sexualité totalement déconnectée de tout lien affectif. Elle véhicule des stéréotypes objectivement dégradants à leur encontre, en les assimilant à des pratiques sexuelles pulsionnelles, consuméristes, individualistes... En réalité, c'est Marisol Touraine qu'il faudrait poursuivre pour homophobie !".
Sur la question de l'IVG, François-Xavier Bellamy assume être anti-avortement, tout en assurant ne pas vouloir revenir sur la loi Veil. "Cette question de l'IVG est une conviction personnelle que j'assume. Mais je comprends qu'elle ne soit pas partagée, et vous ne trouverez de ma part aucune parole offensante ni aucun jugement", déclare-t-il au JDD. Il a d'ailleurs confirmé avoir participé "deux ou trois fois" aux manifestations d'associations pro-vie. Il s'est ainsi indigné en 2016 de l'abandon d'une clause de conscience pour les pharmaciens sur la vente de produits contraceptifs et abortifs, ainsi que de l'élargissement à internet du délit d'entrave à l'IVG.
86% des Pharmaciens veulent qu'on leur reconnaisse une clause de conscience, le gouvernement la fait supprimer. Terrible, terrifiant recul. — Fx Bellamy (@fxbellamy) 8 septembre 2016
Fraîchement investi par les Républicains, François-Xavier assume ses convictions. "Mon seul propos sur la question de l'IVG consistait à dire qu'il fallait peut-être sortir d'un débat idéologique" et "se demander si on ne pouvait pas, en considérant simplement que l'IVG n'est jamais une bonne expérience pour une femme, tenter de mettre en place des politiques publiques qui permettent de faire baisser le nombre d'avortements", a-t-il argumenté sur LCI ce mercredi, en prenant l'exemple des "femmes les plus précaires (...) qui ne peuvent pas mener leur grossesse à terme alors qu'elles le souhaiteraient".