Blanquer à Ibiza : "La goutte d’eau qui fait déborder le vase" pour des syndicats enseignants

Publié le 18 janvier 2022 à 17h52, mis à jour le 19 janvier 2022 à 0h41

Source : JT 20h Semaine

COLÈRE - Médiapart a révélé lundi que le ministre de l'Éducation nationale se trouvait à Ibiza au moment de dévoiler le nouveau protocole sanitaire à l'école pour la rentrée des vacances de Noël. Une nouvelle qui passe mal auprès du corps enseignant.

Jean-Michel Blanquer au cœur de la tempête. Le ministre de l'Éducation nationale doit faire face à une nouvelle polémique. Lundi, le site d'investigation Mediapart a révélé que l'interview accordée au Parisien, publiée sur le site du quotidien le dimanche 2 janvier et durant laquelle il avait dévoilé le nouveau protocole sanitaire dans les écoles, avait été effectuée depuis Ibiza. 

Cet "écart" a suscité une immense levée de bouclier dans l'opposition politique. De l'extrême gauche à l'extrême droite, en passant par les écologistes ou les Républicains : tous ont attaqué le patron de l'Éducation nationale. Mais la pilule est également mal passée auprès des syndicats d'enseignants. "C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase", fustige Elisabeth Kutas, contactée par LCI. "C'est une marque de mépris supplémentaire", estime la secrétaire départementale du SNUipp-FSU. "Un ministre peut prendre des vacances, mais il y a une telle discordance entre la réalité du terrain à la veille de la rentrée et la réalité de monsieur le ministre, ce n'est pas possible. La réalité à Ibiza n'est pas la même que dans les écoles parisiennes", dit-elle. "Le préalable à tout dialogue constructif, c’est désormais la démission de Jean-Michel Blanquer", ajoute-t-elle.

Même son de cloche du côté de sa collègue, Sophie Vénétitay. C'est "le symbole d'une grande désinvolture et d'une grande légèreté", souligne la secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du second degré (collèges, lycées). 

"Distance et décalage avec la réalité sanitaire"

Pour Stéphane Crochet, secrétaire général du SE-Unsa, "cette révélation est l'illustration de la distance et du décalage du ministre avec la réalité sanitaire". Du côté de SUD éducation, Maud Valegeas explique que "c’est l’action du ministre depuis 5 ans qui est une erreur lorsque l’on voit la situation du service public de l’éducation". Et en l'occurrence, Jean-Michel Blanquer "a envoyé un message de mépris à l’ensemble de la communauté éducative", critique la co-secrétaire fédérale du syndicat. "Quand on apprend que le ministre était à Ibiza la veille de la rentrée alors que sa place aurait été sur le terrain, aux côtés des personnels, il y a beaucoup de colère", assure-t-elle, évoquant également un "protocole sanitaire inapplicable et qui ne protège pas suffisamment"

En revanche, certains syndicats se montrent plus réservés sur les conséquences de ces révélations. C'est notamment le cas du Syndicat national des écoles (SNE). "Je considère que le fait de partir deux ou trois jours en vacances, en restant assez proche de Paris, ne pose pas de soucis majeurs. Chacun a le droit à un peu de déconnexion et de vie personnelle", argue son président, Laurent Hoefman, joint par LCI. "Ce n’est pas un casus belli", assène-t-il. Selon lui, ces congés ne constituent pas "une raison suffisante pour tomber sur le ministre, d’autant plus que c’est le Haut de conseil de santé qui a déterminé la chronologie de mise en place de ce protocole"

Devant l'Assemblée Nationale ce mardi, le ministre de l'Éducation nationale s'est excusé de la "symbolique" de ses actions. "J'aurais sans doute dû choisir un autre lieu de vacances [...] mais j'avais bien droit à des congés", a-t-il indiqué. "Jean-Michel Blanquer a respecté les règles : être à moins de deux heures de Paris, en Europe et joignable", avait auparavant réagi l’exécutif auprès de LCI. Mais "l'image n'est pas géniale", avait-il concédé.


Maxence GEVIN

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