Le projet de loi sur l'immigration en Conseil des ministres, le nouveau chantier explosif de l'exécutif

par M.L avec AFP
Publié le 1 février 2023 à 7h56, mis à jour le 1 février 2023 à 8h42

Source : JT 20h Semaine

Au lendemain d'une forte mobilisation dans les rues contre la réforme des retraites, le gouvernement ouvre un nouveau dossier épineux.
Le projet de loi sur l'immigration arrive ce mercredi en Conseil des ministres.
Un défi de taille pour la Macronie : en voulant donner des gages à la droite et à la gauche, le texte risque de ne convaincre personne.

En pleine bataille des retraites, l'exécutif ouvre un nouveau chantier qui promet d'être tout aussi explosif : un projet de loi sur l'immigration est présenté ce mercredi en Conseil des ministres. Et il suscite déjà des crispations chez les oppositions, à droite comme à gauche. Au lendemain d'une nouvelle journée de mobilisation massive contre la réforme des retraites, Emmanuel Macron entend maintenir le tempo de l'action gouvernementale et de son deuxième quinquennat. Et, si possible, faire diversion. "L'immigration reste un sujet majeur de préoccupation des Français", esquisse un cadre de la majorité auprès de l'AFP. 

Le texte prévoit une série de mesures pour faciliter les expulsions, surtout des étrangers "délinquants", une réforme du droit d'asile et un volet intégration, notamment la régularisation des travailleurs sans-papiers dans les "métiers en tension" (restauration, bâtiment...) où les employeurs peinent à embaucher. "Il faut de la fermeté et de l'humanité (...) On ne peut pas accueillir tout le monde", résumait Emmanuel Macron en décembre dans Le Parisien, tout en appelant à "intégrer plus vite et mieux" ceux qui obtiennent l'asile. 

Un nouveau 49.3 déjà envisagé ?

Le projet de loi est porté par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, pour son volet sécuritaire, et celui du Travail, Olivier Dussopt, pour la partie plus économique et sociale. Tous deux seront présents au compte-rendu du Conseil des ministres, en fin de matinée, au côté du porte-parole du gouvernement Olivier Véran.

Destiné à séduire à la fois la droite républicaine, de plus en plus radicale sur le sujet, et la gauche, qui dénonce les conditions d'accueil des étrangers, le texte n'a fini par convaincre ni l'un ni l'autre. Les Républicains, qui pourraient voter en faveur de la réforme des retraites, seront forts peu enclins à récidiver sur l'immigration, un de leurs marqueurs. Le parti est en particulier vent debout contre l'octroi de titres de séjour pour les "métiers en tension"

L'équation s'annonce donc très compliquée pour l'exécutif, en l'absence de majorité absolue, alors qu'il ferraille déjà sur les retraites. Ce nouveau projet de loi pourrait nécessiter de déclencher l'arme constitutionnelle du 49.3, qui permet son adoption sans vote. La majorité elle-même apparaît divisée, entre tenants de l'aile droite, prêts à le durcir encore si nécessaire, et élus issus de la gauche, qui y voient des lignes rouges. 

Ce projet de loi arrive au lendemain d'un double constat : une hausse de 31% des demandes d'asile (137.000) en 2022 et de 15% des expulsions (15.400), celles-ci restant néanmoins inférieures d'un tiers à celles de 2019, avant le Covid.


M.L avec AFP

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