Le soutien des LR à la réforme des retraites n'est plus si certain

par Maëlane LOAËC et le service Politique de TF1/LCI
Publié le 25 janvier 2023 à 14h29
Le soutien des LR à la réforme des retraites n'est plus si certain

Seul allié potentiel de l'exécutif dans l'opposition, les Républicains vont jouer un rôle essentiel dans le vote du projet de loi sur les retraites.
Or plusieurs de leurs députés expriment déjà leurs doutes, voire leur opposition franche au texte.
Tiraillés, les chefs du parti veulent peser en modifiant la réforme, tout en restant attachés au recul de l'âge de départ à la retraite.

Ils sont les seuls sur lesquels gouvernement espère compter : les élus Les Républicains vont jouer un rôle clé dans l'adoption ou non de la réforme des retraites à l'Assemblée Nationale, rejetée par toutes les autres oppositions. Les chefs de file du parti ont rencontré la Première ministre Elisabeth Borne la semaine passée, affirmant avoir arraché des concessions et laissant entendre que le texte aura leur validation. Mais ces derniers jours, plusieurs voix au sein de la formation émettent de sérieuses réserves sur le projet de loi, qui est attendu lundi à l'Assemblée Nationale pour un examen accéléré. Jusqu'à même menacer de ne pas le voter. 

Le camp présidentiel n'ayant pas de majorité absolue, il espère puiser dans le réservoir de 62 députés LR, mais rien n'est encore garanti. "Élisabeth Borne n'a pas les 40 députés LR prêts à voter" pour le texte, quota nécessaire à son adoption, a assuré dans les colonnes du Journal du Dimanche l'élu du Haut-Rhin Raphaël Schellenberger, lui-même opposé à la réforme. D'après nos informations, une quinzaine de députés LR se montrent déjà réservés, voire hostiles face au projet de loi.

"Injustices massives"

Parmi les chefs de file de cette contestation, le nouveau vice-président exécutif Aurélien Pradié, qui plaide pour davantage de "justice" dans les mesures prévues par le texte. "Plus les semaines passeront, plus les Français mesureront les injustices massives de l’actuelle réforme des retraites", a tweeté mardi le député du Lot. La copie du gouvernement "a oublié la justice", a aussi fustigé le président LR de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand. "Je ne voterais pas ce texte si j'étais parlementaire", a-t-il tonné ce mercredi sur LCI, tout en estimant que le recul de l'âge de départ à 64 ans était "indispensable".

Le parti se trouve en effet sur une ligne de crête. Leur candidate malheureuse à la présidentielle, Valérie Pécresse, plaidait lors de sa campagne pour une réforme plus radicale encore que celle du gouvernement, avec un recul de l'âge de départ à 65 ans. Mais les députés craignent d'apparaître comme des supplétifs de l'exécutif. Des électeurs déçus ont d'ores et déjà fait savoir à leurs élus qu'ils regrettaient leur vote, selon nos informations.

Mais grâce à ce rôle pivot, ils peuvent aussi faire pression sur le gouvernement, en posant de multiples conditions pour obtenir leur aval sur le texte. Xavier Bertrand a ainsi aligné trois exigences : une réduction du temps de cotisation pour les carrières longues, une accélération de la fin des régimes spéciaux et la suppression de la décote à 65 ans au lieu de 67 pour les femmes aux "carrières fractionnées"

"Propositions" mais "unité", défend la direction du parti

Les têtes dirigeantes du parti semblent prendre aussi cette direction, tout en tentant de donner tant bien que mal des garanties sur la cohérence de leur groupe. "Il faut faire une réforme des retraites" mais une "dizaine de points clé" devraient encore être améliorés, a estimé ce mercredi sur franceinfo le président du groupe LR à l'Assemblée Nationale Olivier Marleix. Parmi eux, la situation des femmes, le calendrier de la réforme dont il souhaite repousser le début à janvier 2024 plutôt que septembre 2023, ou encore la question de la pénibilité. 

Le président du parti, Eric Ciotti, qui répète depuis la semaine dernière son souhait de "pouvoir voter cette réforme", a assuré de son côté que son parti "travaille encore à des propositions". Mais qu'il serait "au rendez-vous de ses responsabilités" face à une réforme "dont nous mesurons l'impérieuse nécessité" mais "dont nous avons voulu atténuer la brutalité". Le député des Alpes-Maritimes a ainsi appelé à ne pas avoir "de doutes sur l'unité de nos groupes au Sénat et à l'Assemblée nationale"

Dans le camp présidentiel, certains reconnaissent que les LR posent un défi, à l'heure où des voix discordantes au sein de leur propre groupe fragilise déjà leur bloc. Il va falloir "convaincre un par un" les élus de droite, estime auprès de l'AFP le réputé Renaissance Marc Ferracci. Ces derniers "ne cherchent pas à être convaincus parce qu’en réalité, ils n’ont pas intérêt à voter" la réforme, estime pour sa part un cadre du parti. D'autres s'agacent : "S'ils étaient au pouvoir, ils défendraient une réforme assez similaire", souffle un parlementaire macroniste toujours auprès de l'agence, estimant qu'il existe "une aile démagogique chez les LR qui prend parfois le dessus"

De manière générale, "on rentre dans une période complexe et tendue", reconnaît un député Renaissance de premier plan à TF1info. Mais du côté du gouvernement, l'un de ses membres se montre au contraire plutôt serein, se disant convaincu d'obtenir une validation politique avec une majorité sur le texte. 


Maëlane LOAËC et le service Politique de TF1/LCI

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