Emmanuel Macron et le Salon de l'Agriculture, une histoire mouvementée

Emmanuel Macron aime le contact avec les Français, et donc le Salon de l'Agriculture. Comme le veut la tradition, le chef de l'État inaugure l'édition 2023 ce samedi 25 février. En pleine réforme des retraites et alors que sa cote de popularité est au plus bas, sa déambulation ne devrait pas être un long fleuve tranquille. Mais les visites du président de la République dans "la plus grande ferme de France" ne l'ont jamais vraiment été.  

D'abord en raison de circonstances extérieures et indépendantes de sa volonté. En 2022, le début de la guerre en Ukraine deux jours plus tôt avait empêché Emmanuel Macron d'aller longuement à la rencontre des agriculteurs. Il avait effectué une visite express en tout début de matinée, avant d'être relayé par son Premier ministre Jean Castex. Malgré tout, il avait tenu à être présent et à remercier le monde agricole "qui a[vait] tenu pendant le Covid", alors que l'édition précédente avait été annulée à cause de la pandémie. 

En 2020, Emmanuel Macron avait vécu un salon somme toute classique pour lui, y passant 12 heures. Mais cette édition avait été marquée par ses échanges avec des Gilets jaunes. Après un vif accrochage avec une femme l'interpellant sur les retraites, le RIC et les violences policières, le président de la République avait promis de recevoir un groupe de Gilets jaunes. "Vous me structurez un groupe et je vous reçois sans problème, moi je suis pour le dialogue. On se prend une heure et on discute", lui avait répondu le chef de l'État. Il avait aussi été interpellé sur la baisse des APL de 5 euros, la PMA pour toutes ou la situation dans les hôpitaux. "Il y a des difficultés partout, il faut les entendre, mais j'ai eu ce matin un accueil très chaleureux avec les Français qui sont fiers de leurs paysans", avait-il toutefois relativisé. 

En 2019, le président de la République avait battu le record de présence en restant plus de 14 heures dans les allées du salon. Cette année-là, son principal message avait été la défense du modèle agricole français dans la future Politique agricole commune. Il avait pris plaisir à déambuler dans les allées, où il avait confessé être carnivore mais trouver "intelligent" le message délivré par les flexitariens. Les Gilets jaunes n'avaient pas réussi à perturber la visite du président, Eric Drouet, l'une de leurs têtes d'affiche, avait été éloigné de la "meute" suivant partout le président, tout comme un homme qui avait brandi un gilet jaune avec l'inscription "oui au RIC". 

L'année précédente, Emmanuel Macron effectuait sa première visite en tant que président. Il y avait essayé de nombreux sifflets, notamment des jeunes agriculteurs ou des céréaliers protestant contre la fin annoncée du glyphosate. "J'ai vu des gens qui étaient à 500 mètres pour me siffler. Ils étaient très minoritaires. J'ai cassé les parcours et les codes pour aller au devant d'eux, et ils se sont arrêtés de siffler", avait-il réagi, assumant son style direct et franc. Des militants de la cause vegan avaient également tenté de l'interpeller.

Le plus gros incident le concernant est survenu quand il n'était pas encore élu. En 2017, alors candidat à l'élection présidentielle, l'ancien ministre de l'Économie avait été la cible d'un jet d'œuf au visage. Un geste qu'il avait minimisé en estimant qu'il s'agissait du "folklore", se félicitant de l'"accueil chaleureux reçu par ailleurs". Il était alors accompagné d'un garde du corps qui allait faire parler de lui, un certain Alexandre Benalla.