INTERVIEW - La porte-parole des députés LaREM était l'invitée de Julie Hammett, lundi 23 décembre, sur LCI. Elle a défendu l'annonce de l'Élysée, selon laquelle Emmanuel Macron ne comptait pas bénéficier de sa future retraite d'ancien président de la République.
"Je trouve tout à fait normal qu'Emmanuel Macron ait renoncé à sa retraite présidentielle". Interrogé dans la Matinale de LCI ce lundi 23 décembre, la députée LaREM de Paris Olivia Grégoire a défendu l'annonce de l'Élysée, en plein conflit sur la réforme des retraites, selon laquelle il allait renoncer à la pension de 6220 euros bruts mensuels que touchent les présidents à la retraite dès la fin de leur mandat. Une décision qualifiée de "démagogie" par les uns et "d'opération de communication" par les autres.
"Cela fait partie du charme de notre pays. S'il ne l'avait pas fait, qu'aurions-nous entendu ? Notamment de la part de Jean-Luc Mélenchon qui hier (dimanche) s'est égosillé sur un autre plateau pour dire que c'était un scandale qu'il y renonce aujourd'hui. Quoiqu'il ait fait, on le lui aurait reproché. Je ne vois pas du tout pourquoi cette polémique", s'est étonné la députée LaREM. Avant de justifier l'annonce de l'Élysée : "En matière d'exemplarité, que le président de la République annonce qu'il bénéficie d'un régime spécial et qu'il s'applique à lui-même ce qu'il demande aux autres, ça me semble très cohérent."
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Toutefois, prévient-elle, il ne faut pas y voir un message subliminal à l'attention des Français. "Comment peut-ton envisager que des actifs renoncent à leur retraite ? C'est assez caricatural. L'idée que lui s'aligne sur le régime universel et mette fin à son propre régime spécial ne signifie en rien qu'il demande la même chose aux Français", affirme-t-elle, rappelant au passage que la ligne du gouvernement ne bougera pas sur la fin des régimes spéciaux. "On y mettra fin", assure-t-elle. "On est aujourd'hui dans le comment, on n'est plus dans le quoi. Aujourd'hui, c'est tranché. Il le fait pour lui et appelle à ce que ce soit fait pour les autres."
Ouvrir la porte plus large à ceux qui pourraient rentrer dans la dimension de pénibilité
Olivia GRÉGOIRE, députée LaREM de Paris
Interrogée sur la volonté des syndicats de réintégrer les quatre critères d'exposition au risque de pénibilité (postures pénibles, vibrations mécaniques, manutentions manuelles de charges et agents chimiques), supprimés par ordonnance en 2017, Olivia Grégoire répond fermement "non". "Ça s'appelle avoir de la cohérence, de la suite dans les idées", ajoute-t-elle. "On ne retricote pas ce qu'on a détricoté en 2017, dont certains et beaucoup en réalité admettaient que c'était un peu une usine à gaz. (...) Ce n'est pas la cohérence du gouvernement. Il ne s'agit pas de remettre les quatre critères qui étaient assez complexes, il s'agit peut-être d'ouvrir plus large la porte à ceux qui pourraient rentrer dans la dimension de pénibilité."
Sur le principe de l'âge pivot, fixé à 64 ans, "le Premier ministre y est très attaché", rappelle la députée LaREM de Paris. "Pour ma part, je suis assez favorable à cet âgé d'équilibre. (...) C'est important pour deux raisons. Tout d'abord sur le plan social, 80.000 femmes qui partent à 67-68 ans vont pouvoir bénéficier de ces 64 ans, 120.000 actifs qui partent aujourd'hui à 67 ans vont pouvoir partir à 64 ans. Ce n'est quand même pas anodin pour les gens de pouvoir gagner trois-quatre ans de retraite et de temps de vie apaisé. Il est aussi garant pour certains de partir plus tôt. Il faut le répéter fort et haut. Deuxièmement, la responsabilité, au même titre que l'exemplarité, est une valeur fondamentale. Il serait irresponsable de réformer en coupant le sujet en deux", avec le technique d'un côté et le budgétaire de l'autre. Elle se dit en revanche ouverte à un âge pivot qui évolue en fonction des métiers en lien avec leur pénibilité : "C'est un chemin de négociation pertinent et intéressant."