Bientôt la fin des retraits de points pour les "petits excès de vitesse" ? Les associations vent debout

par La rédaction de TF1info | Reportage R. Bey, M. Debut, B. Rey, J. Lacroix-Nahmias, A. Gaudin, A. Mainguet-Suarès, V. Brossard, G. Jongis
Publié le 26 mai 2022 à 11h59

Source : JT 20h Semaine

Le gouvernement envisage de ne plus retirer de points au permis de conduire pour les petits excès de vitesse.
Cela concernerait les dépassements jusqu'à 5 km/h au-dessus de la limite autorisée.
Si les automobilistes semblent ravis, les associations de lutte contre la mortalité routière ne décolèrent pas.

Les uns jubilent, les autres fustigent. Une réflexion est en cours au sein du ministère de l'Intérieur afin de ne plus retirer de points au permis de conduire des automobilistes coupables de "petits excès de vitesse", a fait savoir à l'AFP la place Beauvau, mercredi 25 mai. Une potentielle mesure qui réjouit les automobilistes, mais fait grincer des dents du côté des associations de lutte contre la violence routière.

Ainsi, pour Anne Lavaud, déléguée générale de l'association Prévention routière, c'est un message de laxisme qui serait envoyé aux automobilistes. "En réalité, il n'y a pas de petit excès de vitesse. S’il y a des vitesses maximales autorisées, c'est parce que les autorités compétentes, en toute objectivité, savent qu'à ce moment-là, à cet endroit-là, il faut conduire à cette vitesse-là et qu'au-dessus, vous êtes en risque", estime-t-elle pour TF1, évoquant auprès de l'AFP ce qui pourrait être pris "comme une invitation à rouler plus vite, au moment où les chiffres de la sécurité routière repartent à la hausse".

Un avis que semble partager Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière, qui évoque une piste "regrettable" du ministère, et juge qu'il faut être "d’une ignorance crasse et hallucinante pour proposer cela". "C’est en luttant contre les petits excès de vitesse qu’il y aura une baisse de la mortalité", martèle-t-elle aussi.

En revanche, chez les automobilistes, l'enthousiasme est visiblement au rendez-vous et l'hypothèse d'une telle disposition est accueillie comme "une bonne nouvelle". "Quand c'est un excès de vitesse d'1 km/h, je trouve que c'est un peu abusé de prendre un point en moins", estime un conducteur au micro du 20H de TF1. "Si on perd pas de point, c'est très positif, oui", abonde un autre. 

Même son de cloche du côté de Pierre Chasseray, délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes, pour qui cette réflexion des autorités "va dans le bon sens". "On est enfin écoutés. C'est une première étape. Ensuite, si les chiffres montrent que les accidents n'augmentent pas, il faudra, selon moi, envisager d'aménager les sanctions financières", a-t-il aussi indiqué à l'AFP.

Rappelons que pour l'heure, la mesure est au stade de la réflexion. Voici ce qu'elle changerait si elle entrait en vigueur : aujourd'hui, si vous êtes flashé à 84 km/h sur une route limitée à 80 km/h, la sanction est d'un point de retrait sur votre permis de conduire et une amende de 68 euros. Avec cette potentielle nouvelle mesure, plus de retrait de point, et seule l'amende resterait en vigueur.

Mais une inconnue de taille demeure : tous les excès de vitesse de moins de 5 km/h seront-ils concernés, ou seulement ceux commis en ville, sur route, ou sur autoroute ? Pas de réponse pour l'instant. Le ministère de l'Intérieur s'apprête à engager des discussions avec les associations à propos de cette mesure qui, selon les informations de TF1, pourrait voir le jour d'ici à l'année prochaine. 

58% des amendes concernent des excès inférieurs à 5 km/h

La disposition prévoit aussi que le permis de conduire et la carte grise seront "également totalement numérisés", a précisé à l'AFP le ministère, qui espère mettre en œuvre la numérisation d'ici "un an et demi, deux ans". Cette opération doit permettre de garantir que la personne sanctionnée est bien le conducteur fautif et non un tiers, a encore souligné le ministère, afin d'empêcher les fausses déclarations de conducteur pour éviter le retrait de points.

En 2020, sur les 12,5 millions de contraventions envoyées pour des excès de vitesse contrôlés par des radars, 58% concernaient des excès inférieurs à 5 km/h, selon une réponse du ministère de l'Intérieur en avril 2022 à une question écrite de la sénatrice (LR) du Var, Françoise Dumont. 


La rédaction de TF1info | Reportage R. Bey, M. Debut, B. Rey, J. Lacroix-Nahmias, A. Gaudin, A. Mainguet-Suarès, V. Brossard, G. Jongis

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