VIDÉO - "La défiance envers les institutions est extrêmement puissante" en France, juge Laurent Berger

par M.G
Publié le 11 avril 2023 à 10h38

Source : L'Invité Politique

Invité de LCI ce mardi, Laurent Berger a déploré, avec force, "la grave crise démocratique" que traverse la France.
Inquiet de la montée de l'extrême droite, le secrétaire général de la CFDT appelle à renouer le dialogue et à tenter un "construire un compromis social réel"

Un dossier brûlant qui cristallise les tensions. Invité de LCI ce mardi, Laurent Berger a estimé que la réforme des retraites concentrait les difficultés que rencontre actuellement la France sur le plan politique et social. "Malgré une mobilisation énorme, historique, il n’y a pas eu de réponses" adéquates, juge-t-il. "Nous sommes dans une grave crise démocratique. Elle n’est pas de la responsabilité seule et entière du gouvernement. Je ne l’ai jamais dit et ce n’est pas ce que je pense, [...] c'est une conjonction de phénomènes", affirme le secrétaire général de la CFDT. "Nous sommes dans un pays où la défiance dans les institutions est extrêmement puissante. La réalité sociale est difficile. Je crois qu’il y a une société fracturée avec un sentiment d’invisibilité. Il y a une verticalité du pouvoir d’un côté et un parlement, de l’autre côté, où le spectacle donné est indigne", détaille-t-il. 

Le manque de dialogue au cœur du problème ?

Selon le dirigeant, sur la question spécifique des retraites, "il fallait essayer de construire un compromis social réel". "Il fallait partir des réalités de travail vécues, faire une loi travail-retraites", juge-t-il encore. "Le président de la République a fait du report de l’âge légal un objet politique. En décembre, on nous a clairement dit que ce n’était pas discutable", ajoute-t-il. "Personne ne dit que le pouvoir politique n’est pas légitime. Mais sa légitimité repose aussi sur le fait d’écouter ce qui est en train de se passer dans le monde du travail. Il faut davantage écouter quand on gouverne", met en avant le syndicaliste. 

Les deux ressorts du RN sont le ressentiment social et la défiance envers les institutions
Laurent Berger

Or, "force est de constater que le parlement n’a pas vraiment pris de position sur la réforme des retraites. Il a voté une motion de censure. L’Assemblée nationale ne s’est pas positionnée sur le vote de ce projet de loi qui va impacter la vie de millions de travailleurs", se désole-t-il. "Cet épisode sur les retraites n’est pas fini et laisse des traces énormes", glisse-t-il, à quelques jours de la très attendue décision du Conseil constitutionnel sur le sujet. 

Surtout, ces difficultés "obsèdent" le chef de file de la CFDT, car "les deux ressorts du RN sont le ressentiment social et la défiance envers les institutions". "C’est ce qui est en train de prospérer aujourd’hui", pointe Laurent Berger. Par conséquent, selon lui, faire barrage au parti d'extrême droite passe par "une capacité de dialogue, de co-construction et de compromis social". C'est "tout ce qui n’a pas été fait sur la réforme des retraites", conclut-il. 


M.G

Tout
TF1 Info