Pétain, "grand remplacement"... Débat musclé entre le candidat Éric Zemmour et le ministre Bruno Le Maire

Publié le 10 décembre 2021 à 6h57, mis à jour le 10 décembre 2021 à 18h29

Source : TF1 Info

FACE-A-FACE - Le candidat d'extrême droite Eric Zemmour était opposé au ministre de l'Économie Bruno Le Maire ce jeudi lors d'un débat. Au cœur des échanges, son programme économique, sa vision de l'islam et son rapport au régime de Vichy.

Un débat courtois, bien que le ton soit monté à plusieurs reprises. Invité sur le plateau de l'émission "Elysée 2022" sur France 2, le candidat à l'élection présidentielle Eric Zemmour a débattu, parfois de manière houleuse, avec le ministre de l'Économie Bruno Le Maire jeudi soir. L'occasion de marquer l'opposition entre l'ancien polémiste et l'exécutif en place, notamment sur les questions économiques, historiques et mémorielles et sur l'islam et la laïcité.

Un brin techniques, les échanges entre les deux hommes ont longtemps porté sur le programme économique du candidat d'extrême droite et sa vision de la situation en France, touchée par un "déclassement" qui serait ressenti par "les Français". "Le déficit commercial pourrait être de 100 milliards de déficit. La France n'est pas compétitive, elle est en déficit", a jugé Eric Zemmour, critiquant le bilan des finances publiques du quinquennat Macron et accusant son contradicteur du soir d'être un "Père Noël". "Un peu d'humilité, ne prenez pas vos grands airs quand vous parlez de la dette ! Vous avez arrosé la France", s'est emporté le candidat d'extrême droite, avant que son interlocuteur lui demande de se calmer.

Deux visions opposées sur l'économie

En réponse, Bruno Le Maire a défendu les résultats économiques du gouvernement : "Nous avons baissé l'impôt sur le revenu, nous avons augmenté les participations, grâce à nous, les salariés au Smic ont déjà un 13e mois, c'est une excellente nouvelle. Ce n'est pas le grand déclassement, monsieur Zemmour, c'est le grand redressement de la France (...) Deux fois plus d'entreprises industrielles ouvertes que fermées cette année, ça n'était pas arrivé depuis 20 ans".

Le ministre de l'Économie a contesté la faisabilité et le coût du programme économique d'Eric Zemmour, qui contient notamment des baisses d'impôt dont la CSG (contribution sociale généralisée). Une mesure qui serait, d'après Bruno Le Maire, susceptible d'être retoquée par le Conseil constitutionnel au nom du principe d'égalité des Français devant l'impôt. Ce à quoi Eric Zemmour s'est contenté d'opposer son intention de passer par le référendum pour contourner l'institution.

Passe d'armes sur la laïcité et l'identité

Les échanges sont ensuite montés d'un cran à propos de l'islam et de l'identité française. Bruno Le Maire a reproché à Eric Zemmour d'adresser une "gifle en pleine figure aux citoyens français" musulmans en leur demandant de "choisir entre la confession et la France"

Pour sa part, Eric Zemmour a estimé que "l'islam n'est pas qu'une foi, c'est aussi un code, les lois islamiques. Je dis qu'il faut choisir entre les lois islamiques, le code, la charia et la République". Adepte de la théorie raciste du "grand remplacement" des populations européennes par des immigrés, il a reproché à Bruno Le Maire de ne "pas voir la réalité démographique et politique" du pays.

Le rôle de Vichy en débat

Le débat a été plus agité encore sur le rôle de la France sous l'Occupation. Bruno Le Maire a accusé Eric Zemmour de "réhabiliter le régime de Vichy", de faire "de Pétain le défenseur des juifs français" et lui a demandé s'il serait prêt à revenir sur le discours du Vel d'Hiv de Jacques Chirac, en 1995, qui reconnu pour la première fois la responsabilité de l'État dans la déportation des juifs. 

"Je ne suis pas pétainiste", "je ne réhabilite absolument pas le régime de Vichy", mais "la France était à Londres" avec "le général de Gaulle", donc "la France n'a aucune responsabilité dans la rafle du Vel' d'Hiv, ce sont les Allemands qui l'ont imposée", a lâché Eric Zemmour, avant de conclure qu'il ne "referait pas" le discours de 1995.


La rédaction de TF1info

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