Deux motions de censure seront examinées à l'Assemblée nationale ce lundi, l'opposition ayant pour ambition de faire tomber le gouvernement suite au 49.3.Pour avoir une chance de succès, elles devront être votées par au moins 287 parlementaires, et auront besoin des voix LR pour cela.
Une nouvelle fois, ils ont le résultat du scrutin entre leurs mains. À quelques heures du vote des deux motions de censure qui seront présentées ce lundi après-midi à l'Assemblée nationale suite au déclenchement du 49.3, tous les yeux sont tournés vers les députés LR. Si la ligne du parti est de ne pas les voter, quelques-uns se sont déjà désolidarisés de cette consigne officielle, poussant opposition et gouvernement à refaire leurs calculs et à essayer d'influencer les votes des plus indécis ou des plus frileux.
Jeudi dernier, après l'annonce d'Elisabeth Borne de dégainer le 49.3, le patron du parti Eric Ciotti avait assuré : "Nous ne nous associerons à aucune motion de censure et ne voterons aucune motion de censure". Il disait ne pas vouloir "rajouter du chaos au chaos". Le chef des députés LR Olivier Marleix avait approuvé. Il répète d'ailleurs ce lundi matin dans Le Figaro que ceux qui voteront une motion "vont servir la soupe à Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen".
Mais une poignée est bien décidée à le faire. Le député Aurélie Pradié, trouble-fête du parti et opposant à la réforme depuis le début, a indiqué qu'il voterait la motion transpartisane déposée par le groupe Liot. "S'il faut en passer par cet électrochoc et cette alerte politique, je l'assume", a-t-il expliqué lundi sur Europe 1. Pierre-Henri Dumont l'imitera, tout comme Ian Boucard et Pierre Cordier. Fabien Di Filippo et Maxime Minot voteront également celle du Rassemblement national.
Une quinzaine de députés prête à voter pour les motions, insuffisant
Combien seront-ils à les imiter ? "Peut-être une quinzaine, je ne sais pas s'il y en a davantage", a indiqué Aurélien Pradié. Selon les calculs réalisés par le service politique de TF1 et LCI, en début d'après-midi, ils seraient 41 à voter contre, 11 à voter pour, et 9 à être toujours indécis ou à ne pas se prononcer. "L'important, c'est que le gouvernement sente le vent du boulet", nous a soufflé un membre du groupe. Mais si ces estimations sont bonnes, le nombre de députés LR prêts à voter une ou les motions ne serait pas suffisant. Il en faudrait plutôt une trentaine, pour qu'avec les voix de la Nupes, du RN, du groupe Liot et des non-inscrits, la majorité fixée à 287 parlementaires soit atteinte.
Alors pour convaincre les députés et faire basculer le vote, tout est bon. Le Rassemblement national a par exemple promis qu'ils n'auraient pas face à eux de candidat RN en cas de législatives à la suite d'une dissolution. Le président du groupe Liot Bertrand Pancher a pressé ces parlementaires "d'entendre le désaccord de nos concitoyens sur ce projet". Du côté du gouvernement, on accentue sur la cacophonie qui règne au sein du groupe. "C'est leur responsabilité à titre individuel, et c'est la responsabilité des Républicains. Je ne vais pas m'immiscer dans les débats internes des Républicains mais j'ai entendu ces déclarations, avec des pas qui sont franchis, des étapes qui sont franchies", a déclaré le ministre du Travail Olivier Dussopt sur LCI, en référence aux députés enclins à voter avec l'extrême droite et l'extrême gauche. "Ça renvoie à une question de ligne politique au sein du groupe LR à l'Assemblée", a-t-il ajouté.
La pression, les parlementaires républicains la subissent également des électeurs. Ce week-end, plusieurs permanences ont été dégradées, notamment celle du chef du parti Eric Ciotti à Nice. Dimanche, elle a été caillassée et environ 280 personnes se sont rassemblées devant son local pour lui demander de voter les motions de censure contre le gouvernement.
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TF1 Info