Ecoles, tests, masques... ce qu'il faut retenir de la conférence de presse d’Edouard Philippe et Olivier Véran

Publié le 20 avril 2020 à 7h21

Source : TF1 Info

RECAP' - Le Premier ministre Edouard Philippe et le ministre de la Santé Olivier Véran ont tenu ce dimanche une conférence de presse de plus de deux heures pour faire un point sur la situation sanitaire française. L'occasion aussi d'esquisser les pistes destinées à actionner un déconfinement progressif à partir du 11 mai.

Plus de deux heures pour détailler la stratégie de l'exécutif. Ce dimanche, à l’hôtel Matignon, le Premier ministre Edouard Philippe et le ministre de la Santé Olivier Véran ont tenu une conférence de presse (à revoir en intégralité dans la vidéo en tête de cet article) pour faire un point sur la situation sanitaire française, en pleine épidémie du Covid-19. Accompagnés du directeur général de la Santé Jérôme Salomon et de la professeure Florence Ader, infectiologue à l'hôpital de la Croix-Rousse de Lyon, le chef du gouvernement a tout d’abord rappelé que la France vivait une crise sanitaire "sans précédent".

Comme chaque jour, le professeur Jérôme Salomon a d'abord présenté la situation sanitaire : "Nous observons une lente décrue épidémique mais le nombre de personnes hospitalisés est encore très élevé. En tout, 30.610 malades dus au Covid-19 sont hospitalisés en France, dont 890 patients admis ces dernières 24 heures, soit 29 malades en moins. (...) Depuis le début de l'épidémie, 80.000 personnes ont été hospitalisées. A ce jour, 12.069 décès sont à déplorer en milieu hospitalier, et 7.649 en Ehpad", soit un total de 19.818 décès depuis le 1er mars.

Nous ne sommes pas sortis de la crise sanitaire
Edouard Philippe

"Cette crise sanitaire n'est pas terminée. La situation s'améliore progressivement, lentement mais sûrement. Mais nous ne sommes pas sortis de la crise sanitaire. Ce serait une erreur de se dire que cette crise est derrière nous", a précisé Edouard Philippe. "Cette crise sanitaire va entraîner une crise économique. Cette crise ne fait que commencer et sera brutale." Pour "sauvegarder" l'économie française, le gouvernement a accordé un budget de 24 milliards d'euros pour 9 millions de salariés en chômage partiel, 300 milliards d'euros pour des prêts garantis par l'Etat, dont 130.000 entreprises en bénéficient déjà, mais aussi une enveloppe de 7 milliards d'euros dans un fonds de solidarité.

Un objectif de 500.000 tests par semaine d'ici le 11 mai

Le chef du gouvernement a également indiqué que le plan de déconfinement serait présenté dans les quinze prochains jours : "La vie, après le 11 mai, ne sera pas celle d'avant le confinement. Et ce ne sera pas le cas avant longtemps." Edouard Philippe a présenté deux principes du déconfinement - qui ne devrait pas être repoussé au-delà du 11 mai - à savoir "préserver la santé des Français" et "assurer la continuité de la vie de la nation". Deux conditions ont également été soumises : maîtriser la circulation du virus et rétablir la capacité d'accueil des hôpitaux.

Edouard Philippe a également préparé les Français à "vivre avec le virus", insistant sur le fait que la population française n'était pas immunisée, qu'aucun vaccin n'était pas disponible avant mi-2021 et qu'aucun traitement n'était accessible pour le moment. Concernant les tests de dépistage, Edouard Philippe souhaite tester rapidement et massivement les personnes présentant des symptômes ou ayant été en contact avec des personnes malades du Covid-19. A ce sujet, Olivier Véran a précisé qu'aujourd'hui, 150.000 tests viraux sont effectués par semaine, avec un objectif au 11 mai fixé à 500.000 par semaine. Concernant les tests sérologiques, ces derniers sont toujours en cours d'évaluation.

A noter qu'alors que les consultations médicales ont chuté de 40% à 60%, ainsi que le dépistage des cancers et la vaccination des enfants, Olivier Véran a lancé un appel à retourner consulter pour éviter l'apparition de cas graves qu'on peut éviter.

Les masques "probablement" obligatoires dans les transports

"Depuis le début de la crise, l'objectif a été de faire en sorte que le personnel hospitalier puisse être muni des masques chirurgicaux ou FFP2 dont ils ont besoin. Nous avions en stock 117 millions de masques chirurgicaux, soit 23-24 semaines d'avance en janvier, avec une production de 4 millions de masques hebdomadaire, pour un besoin de 5 millions de masques par semaine" a indiqué Edouard Philippe au sujets des masques, précisant que la capacité de production hebdomadaire en France avait doublé, passant de 4 à 8 millions de masques.

"Ces dernières semaines, nous avons pu reprendre l'importation de masques en provenance de Chine. Nous avons importé plus de masques cette semaine que ce que nous en consommons. Ces bons chiffres nous permettent d'envisager un élargissement de la politique de distribution de masques ces prochaines semaines" a poursuivi le chef du gouvernement. Le port du masque devrait "probablement" être obligatoire dans les transports en commun dans les prochaines semaines, a-t-il complété.

Des visites encadrées dans les Ehpad

"Nous faisons très attention sur l'approvisionnement. Nous allons dès cette semaine déstocker 5 millions de masques : pour les ambulanciers, préparateurs en pharmacie, sage-femmes, aides domiciles, manipulateur radio. (...) A terme, nous souhaitons amener les malades à solliciter des masques soignants" a indiqué le ministre de la Santé Olivier Véran. Des masques grand public ont été produits sur la semaine écoulée alors qu'une production estimée à 17 millions par semaine est prévue d'ici le 11 mai.

Le ministre de la Santé a également dévoilé de nouvelles recommandations "pour organiser dès demain (lundi) un droit de visite aux familles pour leurs aînés" dans les Ehpad : "Ce sera à la demande du résident, sous condition (pas plus de deux visiteurs). Il y aura une interdiction de contact physique." Olivier Véran a également alerté sur l'accès aux soins, en forte baisse (-60% chez les spécialistes, -40% chez les généralistes). Des mesures d'urgence sociale ont également été annoncées par Olivier Véran, avec une prolongation de l'allocation chômage, du RSA ou encore une aide exceptionnelle de solidarité pour 4 millions de foyers au 15 mai.

Un retour à l'école par territoire ou par groupe à l'étude

Edouard Philippe a également abordé le retour en classe à partir du 11 mai prochain, un retour nécessaire selon le Premier ministre, notamment en raison des disparités : "Les écoles ne rouvriront pas partout le 11 mai, et ne fonctionneront pas partout le 11 mai, comme c'était le cas avant le confinement. Il faut que ce retour se fasse dans des conditions sanitaires respectées, notamment grâce aux gestes barrières." Une réouverture par territoire ou par groupe est notamment étudiée.

Le télétravail maintenu "dans toute la mesure du possible"

Edouard Philippe a également appelé à la poursuite du télétravail après le 11 mai "dans toute la mesure possible", précisant que, dans les activités où ce n'est pas possible, les gestes barrière et la distanciation sociale devaient être respectées. "Beaucoup de nos concitoyens se sont mis (…) au télétravail, beaucoup peuvent le faire, beaucoup ont pu profiter de cette possibilité. Il va falloir que ce télétravail se poursuive dans toute la mesure du possible", a déclaré le Premier ministre.

"Et puis quand il n'est pas possible, et il y a beaucoup d'activité où il n'est pas du tout possible de faire du télétravail, il va falloir que les règles d'organisation de l'entreprise respectent ces mesures de gestes barrière et de distanciation sociale", a-t-il ajouté.

Pas de réouverture des cafés et restaurants à ce stade

"Nous n'allons pas rouvrir les restaurants et les cafés dans un premier temps, car cette activité ne permet pas de limiter la circulation du virus", a indiqué Edouard Philippe. C'est "un crève-coeur et une angoisse considérable" pour "tous ceux qui vivent de cette activité", a-t-il concédé.

Les autres commerces, eux, devraient pouvoir rouvrir, mais à condition de mettre en place gestes barrière et distanciation : files d'attente avec plus d'un mètre entre les clients, gel hydro-alcoolique à l'entrée ou juste avant la caisse. Les établissements de santé "hors Covid" devraient eux aussi rouvrir progressivement.

Les voyages à l'étranger compromis cet été

Interrogé à l'issue de sa prise de parole sur ce qu'il sera possible de faire ou non cet été, notamment pour les vacances, Edouard Philippe s'est voulu prudent. "Je n'ai pas toutes les réponses mais (...) il ne me parait pas tout à fait raisonnable que la tenue d'un mariage dans un lieu confiné soit opportun." 

"Est-ce qu'on peut réserver une maison, une location, une place de camping en août, en France ou étranger ? Je crains qu'il ne soit pas raisonnable de voyager loin, à l'étranger, très vite. Déjà car le transport aérien ne sera pas rétabli, et que les conditions d'entrées et de sorties des territoires seront possibles."

Les inconnues demeurent

Edouard Philippe et Olivier Véran l'ont dit et redit, beaucoup d'inconnues demeurent néanmoins, autant sur les plans scientifiques que sanitaires. L'immunité est-elle acquise ? Le virus va-t-il disparaître à l'été ? "On ne sait pas, au risque de décevoir ceux qui aimeraient avoir des certitudes", a ironisé le Premier ministre.


La rédaction de TF1info

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