Écotaxe : quelles sont les régions favorables au retour de cette mesure ?

A.P
Publié le 15 mars 2021 à 13h44, mis à jour le 15 mars 2021 à 15h59

Source : TF1 Info

TRANSPORT - Ce dimanche, les députés ont donné leur feu vert à une éventuelle "contribution" poids lourds dans les régions qui le souhaitent. Si l'Ile-de-France y est favorable, la Bretagne reste farouchement opposée.

Le débat est hautement inflammable. Après avoir été abandonnée en 2014 - sous la pression du mouvement des Bonnets rouges - l'écotaxe signe son grand retour sur la scène politique. Ce dimanche, les députés ont donné leur aval en commission à la mise en place éventuelle d'une "contribution" poids lourds pour les régions qui le souhaitent et "dans une logique de différenciation", a relevé le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari. Dans les grandes lignes, l'article 32 du projet de loi climat prévoit une "habilitation à légiférer par ordonnance" pour permettre aux régions volontaires d'instaurer une "contribution spécifique assise sur le transport routier de marchandises". Concrètement, les régions pourront aussi choisir les routes soumises à ce dispositif et le niveau de taxation. 

Née lors du Grenelle de l'environnement en 2007, l'écotaxe vise à réduire les émissions de CO2 en trouvant une alternative au transport "tout camion". Mais le dispositif voit sa popularité fluctuer selon les régions. Du côté des territoires favorables, on compte l'Ile-de-France menée par sa présidente (Libres) Valérie Pécresse. Elle assure vouloir taxer les poids lourds circulant sur la RN104 - qui fait le grand tour de Paris. Selon la cheffe du territoire francilien, le produit d'une telle taxe devrait être réinvesti "dans l'amélioration de la route en Île-de-France" et aider à financer l'achat de camions plus écologiques. 

Plus à l'Est, la présidente socialiste de la région Bourgogne-Franche-Comté arbore un discours similaire. Pour Marie-Guite Dufay, l'objectif est simple : désengorger les routes prises d'assaut par les poids lourds. "Cette taxe pourrait accélérer le report sur le fret ferroviaire ou fluvial et permettre d'aider les entreprises à être plus vertueuses. Ce qui est sûr, c'est qu'on ne peut plus continuer comme ça", explique-t-elle dans les colonnes du Figaro. Même son de cloche en Nouvelle-Aquitaine. Déjà en 2017, le président (PS) de la région Alain Rousset avait voulu instaurer une vignette carbone destinée uniquement aux poids lourds étrangers. 

Il n'y en aura pas en Bretagne
Président (PS) de la Bretagne, Loïg Chesnais-Girard

Pourquoi la question de l'écotaxe resurgit-elle ? C'est à cause du lancement début 2021 de la nouvelle collectivité européenne d'Alsace, qui a récupéré la gestion de certains tronçons routiers. La collectivité, via une contribution spécifique, souhaiterait lutter contre l'afflux de poids lourds sur l'A35. Mais du côté lorrain, les élus locaux font grise mine : ils s'inquiètent d'un "report" du trafic vers l'A31, très chargée elle aussi. "C'est le retour du débat sur l'écotaxe", dénonce de son côté le député du Cantal (LR) Vincent Descoeur. 

Plus au Nord, la Bretagne balaye cette mesure d'un revers de main. Dans cette région où a éclaté le mouvement des Bonnets rouges, le président (PS) Loïg Chesnais-Girard s'est empressé d'afficher son hostilité au dispositif :"Il n'y en aura pas en Bretagne. S'il y a une écotaxe pour entrer sur Rungis, nous, Bretons qui nourrissons les Parisiens serons taxés pour faire notre métier", a fustigé l'élu sur son compte Twitter dès dimanche dernier. Dans ce territoire marqué par des plans sociaux - en 2012, PSA supprime 1400 emplois à Rennes - l'écotaxe passe pour le prélèvement de trop. 

Le secteur routier inquiet pour la survie des entreprises

Dans le sillage de la Bretagne, la Normandie et les Hauts-de-France voient d'un mauvais œil cette taxe qu'elles ne comptent pas non plus mettre en place. Une écotaxe, tant que je serai à la tête de cette région, c'est 'niet'. Je n'ai pas envie de flinguer le transport routier auquel je suis attaché (…) Jamais je n'accepterai une telle taxe", s'est insurgé le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand, le 4 février, selon Le Figaro. En 2018, le chef de la région tenait déjà un discours similaire. Sur le plateau de France 2, l'homme politique avait rappelé qu'il existait "35.000 emplois liés au transport dans la région des Hauts-de-France."

Face à ces disparités sur le territoire, le co-rapporteur du  projet de loi, Marc Zulesi (LaREM), a souligné que "l'échelle régionale est tout à fait adaptée". Il a aussi ajouté que la contribution toucherait "l'ensemble des camions, à la fois les camions français mais surtout les camions étrangers". Reste que la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) fulmine contre cette mesure qu'elle perçoit comme une menace à la survie des entreprises. "Nous croyons que l'État a une approche purement fiscale, il va ponctionner beaucoup d'argent", conclut Florence Berthelot, déléguée générale de la FNTR. 

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