SALAIRES - Le secrétaire général de la CFDT a estimé sur LCI que l'augmentation du Smic prévue au 1er janvier 2022 doit s'accompagner de "contrainte" pour que les entreprises appliquent cette mesure dans les faits, en rehaussant leur minima de branches.
Augmenter le Smic ne suffit pas, il faut s'assurer que les entreprises s'y plient, a défendu sur LCI Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT. Au sujet de l'augmentation mécanique du Smic de 0,9% au 1er janvier 2022, pour porter ce salaire à 1603 euros brut, "c’est très bien mais à chaque fois, il faudrait que l'on augmente les minima de branches pour qu’ils ne soient pas en dessous du Smic", a-t-il lancé, avant de détailler les secteurs concernés selon lui : distribution, agroalimentaire, propreté, déchets…
"Il y a encore 31 branches où il y a des minima de branches qui sont en dessous du Smic", a-t-il ainsi lancé, affirmant aussi que pour les agents de catégorie C de la fonction publique, il existe "cinq échelons sous le Smic". Pour inverser la tendance, "il faut de la contrainte", a-t-il martelé : "Il faut que le gouvernement dise à toutes entreprises concernées de négocier dans les trois mois une revalorisation de leurs grilles, sinon on remettra en cause les allègements de cotisation", a-t-il proposé.
"La puissance publique a un levier : ce sont les allègements de cotisations"
"Ce n’est pas acceptable de rester jusqu'à 15 ans au Smic", a lancé le syndicaliste. Avant d'insister à nouveau : "Il faut clairement que ça bouge, dans le public comme dans le privé. (...) La puissance publique a un levier : ce sont les allègements de cotisations." Si l'injection n'est pas respectée, "il faut revoir le versement de ces aides", a-t-il estimé. La problématique des salaires est intimement liée à "la question du pouvoir d’achat, qui est aussi une question de salaires, donc de responsabilité des employeurs", a-t-il par ailleurs affirmé.
Si cette réévaluation des salaires n'est pas respectée, des confrontations entre travailleurs et patronat seront à prévoir, et ont déjà commencé dans certaines sociétés, a ajouté Laurent Berger. "Je soutiendrai toutes les équipes syndicales dans des entreprises où il y a eu du profit pendant cette période de crise, qui mèneront des conflits pour une juste répartition de la richesse", a-t-il affirmé.
Le syndicaliste a cité notamment des conflits sur les salaires qui ont éclaté à Leroy Merlin, Decathlon et Auchan notamment, autant d'entreprises où "les travailleurs depuis mars 2020 très présents, ont fait tourner les choses et ne sont pas reconnus à leur juste implication", en étant payés en dessous du Smic d'après lui.
Lire aussi
Le salaire minimum est-il fixé en dessous du Smic dans 40 branches professionnelles ?
Lire aussi
62% des salariés au Smic sont-ils des femmes ?
Par ailleurs, au sujet de la crise sanitaire, "il y a depuis mars 2020 une implication très forte de l’ensemble des acteurs économiques et sociaux pour que l’épidémie ne s’effondre pas", a-t-il salué, insistant sur un travail commun lors de négociations entre le gouvernement, les employeurs et les équipes syndicales : "Dans beaucoup de concertations, c’est la mobilisation collective qui a permis le maintien de l’emploi", a-t-il martelé.
"Pas de triomphalisme, mais c'est mieux que ce que l'on craignait", a-t-il résumé, avant de détailler : "Les réalités macroéconomiques cachent aussi beaucoup de disparités sectorielles, territoriales, selon les personnes", évoquant notamment le nombre de chômeurs.