TOLLÉ - Mise en ligne depuis quelques jours, la campagne du Conseil de l'Europe célébrant "la liberté dans le hijab" a dû être retirée. Elle mettait en scène des portraits de plusieurs jeunes femmes, voilées sur une seule moitié de l'image.
Une campagne qui vire au bad buzz. Lancée jeudi 28 octobre par le Conseil de l'Europe, via son programme pour l'inclusion et la lutte contre les discriminations, un clip promotionnel célébrant la diversité et "la liberté dans le hijab" a déclenché une vive polémique en France, conduisant mardi 2 novembre l'organisation, vigie des droits de l'homme sur le continent, à la retirer. Elle mettait en scène des portraits de plusieurs jeunes femmes, voilées sur une seule moitié de l'image, avec un message en anglais "Beauty is in diversity as freedom is in hijab" ("La beauté est dans la diversité comme la liberté est dans le hijab").
Passée relativement inaperçue dans un premier temps, la campagne cofinancée par l'Union européenne a fini par provoquer l'ire du gouvernement. La secrétaire d'État chargée de la Jeunesse Sarah El Haïry a indiqué sur LCI (voir vidéo en tête de l'article) que la France avait "fait part de sa désapprobation extrêmement vive, d'où le retrait de cette campagne dès (mardi)."
"On peut considérer que cette campagne a été faite en dépit du bon sens, parce qu'il ne faut pas confondre la liberté religieuse, avec la promotion, de facto, d'un signe religieux", a également réagi, mercredi, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal. Ce dernier a fait savoir que la France n'était "pas en accord avec cette démarche identitaire, à l'opposé de la liberté de convictions que la France défend dans toutes les enceintes européennes et internationales".
Un clip condamné de l'extrême droite à gauche
L'extrême droite s'est aussi insurgée. "L'islam est l'ennemi de la liberté. Cette campagne est l'ennemie de la vérité", a tweeté le polémiste Eric Zemmour, probable candidat à la présidentielle, dénonçant un "djihad publicitaire". "Cette communication européenne en faveur du voile islamiste est scandaleuse et indécente alors que des millions de femmes se battent avec courage contre cet asservissement", a lancé Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national. "Ceci n'est pas une campagne de propagande des Frères musulmans, mais du Conseil de l'Europe", a ironisé le candidat Debout La France Nicolas Dupont-Aignan.
L'islam est l'ennemi de la liberté. Cette campagne est l'ennemie de la vérité. Elle promeut le voilement des européennes. C'est du djihad publicitaire financé par vos impôts. https://t.co/s2aMGK6uga — Eric Zemmour (@ZemmourEric) November 2, 2021
Cette communication européenne en faveur du voile islamiste est scandaleuse et indécente alors que des millions de femmes se battent avec courage contre cet asservissement, y compris en France. C’est quand les femmes retirent le voile qu’elles deviennent libres pas l’inverse ! https://t.co/Zvn1Z6GENC — Marine Le Pen (@MLP_officiel) November 2, 2021
À droite, la présidente de la Région Île-de-France Valérie Pécresse a, elle aussi, fait part de sa "stupeur", estimant que le voile n'était "pas un symbole de liberté, mais de soumission". Également prétendant à l'investiture Les Républicains (LR), le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti a dénoncé une "promotion du voile islamique" et une "négation de nos racines judéo-chrétiennes, de notre civilisation, de l'esprit des Lumières". Quant à Bruno Retailleau, chef de file des sénateurs LR, il a estimé que le Conseil de l'Europe promouvait "désormais ouvertement la soumission aux mœurs islamistes".
Le Conseil de l'Europe se justifie
La campagne "La liberté est dans le hijab" a aussi fait vivement réagir dans le camp de la gauche. L'ancienne ministre des Droits des femmes, la sénatrice socialiste Laurence Rossignol, a estimé que "dire que la liberté est dans le hijab" revenait à "en faire la promotion". L'ancien Premier ministre Manuel Valls l'a lui jugée "choquante, ahurissante et dangereuse".
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"Ces tweets ont été retirés et nous allons réfléchir à une meilleure présentation de ce projet", a confirmé dans un communiqué transmis à l'AFP le Conseil de l'Europe, l'organisation paneuropéenne basée à Strasbourg, suite à la vive polémique. Ils "faisaient partie d'un projet conjoint" du Conseil et de l'Union européenne "contre la discrimination, dont l'objectif était de sensibiliser à la nécessité de respecter la diversité et l'inclusion et de combattre tout type de discours de haine", a encore justifié l'organisation. Les tweets "reflétaient les déclarations faites de manière individuelle par des participants dans l'un des ateliers du projet et ne représentent pas la position du Conseil de l'Europe ou de sa secrétaire générale" Marija Pejčinović Burić.