Jean-Pierre Elkabbach est mort ce mardi soir à l'âge de 86 ans.La classe politique a rendu un hommage unanime à ce journaliste qui a marqué son époque.Retour sur les entretiens chocs d'un intervieweur pugnace et infatigable.
Emmanuel Macron a lui-même salué un "monstre sacré du journalisme français". Une expression bien trouvée pour celui qui était devenu une épreuve pour ceux qui défilaient derrière son micro. De son passage dans les médias, Jean-Pierre Elkabbach, mort ce mardi 3 octobre, laisse de grands moments d'interview qui marqueront l'Histoire. Retour sur les phrases chocs assénées par ce journaliste hors pair.
Des entretiens sans concession
Il venait à peine de dire "bonjour", que le journaliste avait donné le don. "Vous n'avez pas honte ?", avait demandé Jean-Pierre Elkabbach en 2015 à une Marine Le Pen désarçonnée. La regardant fixement dans les yeux le temps qu'elle retrouve ses esprits, il n'avait pas bronché. À l'époque, le journaliste reprochait à celle qui était présidente du Front national de ne pas avoir participé aux manifestations de soutien à Charlie Hebdo après les attentats. Finalement, Marine Le Pen avait réagi en reconnaissant dans le phrasé la "provocation d'Elkabbach".
Car c'était bien la signature du journaliste, qui réservait le même traitement à tous ceux qui se retrouvaient face à lui. Devant Benoit Hamon, l'infatigable intervieweur avait ironisé sur cette "victoire attendue depuis longtemps" par celui qui était alors le candidat Socialiste. "La victoire à l'élection présidentielle ?", avait naïvement demandé le vainqueur de la primaire de la gauche avant de se voir rétorquer : "La victoire de la droite".
C'est l'intégralité de l'échiquier politique qui a défilé devant son micro bleu pour faire face à sa pugnacité. Et à sa créativité. La séquence de mai 2014, face au secrétaire d'État à la réforme territoriale sous François Hollande, André Vallini, restera ainsi dans les mémoires. À l'époque où celui-ci vient défendre son projet de réforme, la star de la matinale d'Europe 1 lui demande : "Quelle couleur vous préférez pour le mur ?". "Pour le mur ? Quel mur ?", répond, assez naturellement, son interlocuteur. "Celui sur lequel votre réforme territoriale va se fracasser", rétorque du tac-au-tac le journaliste face à un ministre visiblement agacé.
Des punchlines qui auront marqué l'histoire médiatique française. Et qui ont valu à Jean-Pierre Elkabbach de forger sa réputation pendant près de 60 ans. Dès 1978, le secrétaire général du Parti communiste français, Georges Marchais, savait déjà à quel point il pouvait être "extrêmement désagréable de discuter" avec le journaliste. Jean-Pierre Elkabbach lui-même aimait répéter : "Le pouvoir m'intéresse, mais il ne me porte pas dans son cœur."