INTERVIEW POLITIQUE - Invitée du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, Elisabeth Moreno, la ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, est notamment revenue sur les violences conjugales ce dimanche 7 mars, à la veille de la Journée internationale des droits des femmes.
À la veille de la Journée internationale des droits des femmes, célébrée le 8 mars dans le monde entier, Elisabeth Moreno, la ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes est longuement revenue dimanche, lors du Grand Jury LCI-RTL-Le Figaro, sur le bilan des violences conjugales en 2020, année marquée par la crise sanitaire. Le premier confinement avait déjà provoqué une hausse de ce type de violences, "avec une augmentation de 42% des interventions des forces de l'ordre", a rappelé la ministre. Mais le deuxième confinement du 30 octobre n'a pas été en reste puisque "la plateforme de signalement en ligne des violences sexuelles et sexistes a enregistré une hausse de 60 % des appels de victimes", selon Elisabeth Moreno.
Pour autant, la violence exercée par certains hommes sur leur compagne n'est pas un phénomène ponctuel. "Elle est permanente", a rappelé la ministre. "En 2019, il n'y avait pas la crise sanitaire, mais tous les deux jours, une femme mourait sous les coups de son conjoint ou de son ex-conjoint. Il faut que tout le monde sache que cette question des violences intra-familiales n'est pas née, malheureusement, avec la crise sanitaire", a-t-elle martelé.
Un budget en hausse
"Il a fallu attendre 2017 pour qu'un président de la République décide de faire de l'Égalité entre les femmes et les hommes la grande cause du quinquennat afin de lancer un grand Grenelle pour faire en sorte que les associations, les entreprises, les familles de victimes et les victimes elles-mêmes se mettent autour d'une table avec 15 ministres pour éradiquer ce phénomène", a poursuivi Elisabeth Moreno.
Pour autant, sur le terrain, les associations à l'image de Nous Toutes dénoncent toujours un manque de moyens. Ce que relativise la ministre. "Il faut regarder les faits et les actes", lance-t-elle. "46 mesures sont issues du Grenelle des violences conjugales. 100% d'entre elles ont été engagées, et 60% d'entre elles sont devenues effectives, comme le bracelet anti-rapprochement, le déblocage de l'épargne salariale pour permettre à ces femmes de se réinsérer dans la vie sociale correctement ou encore la garantie Visale pour qu'elles prennent un appartement. Sans parler de l'augmentation de 60% des places d'hébergement pour accueillir les femmes qui ont besoin de fuir le foyer", égrène-t-elle, ajoutant que dès son arrivée au sein de son ministère elle avait obtenu "une augmentation de 40% de son budget".
"Des vies humaines brisées à jamais"
Mais si les moyens semblent être là, selon Elisabeth Moreno, cela se traduit-il, pour autant, dans les faits ? "En 2019, il y a eu 146 féminicides, en 2020 il y en a eu 90", répond la ministre, précisant que c'est toujours trop. "Mais pour la première fois depuis 2006, date à laquelle nous avons commencé à comptabiliser ces drames humains, c'est la première fois que nous descendons en dessous de 100", dit-elle, assurant que "le soutien politique est totalement présent".
Reste que des drames violents font toujours la une de l'actualité, "comme ces trois gendarmes tués en décembre dernier alors qu'ils essayaient de sauver une femme qui s'était réfugiée sur le toit de sa maison où son ex-mari avait mis le feu", rappelle Elisabeth Moreno. "Les violences conjugales ne sont pas seulement des chiffres et des théories. Ce sont des vies humaines qui sont brisées à jamais. Ce sont des drames psychologiques qui vous poursuivent tout au long de votre vie. Non seulement la victime, mais les enfants qui l'accompagnent."
Surtout, la ministre veut "que toute la société s'empare" de cette question : "une maîtresse qui voit une maman arriver avec son enfant à l'école avec un œil au beurre noir ne peut pas fermer les yeux. Un voisin qui entend une femme qui se fait tabasser ne peut pas fermer ses oreilles. C'est toute la société qui doit se saisir de cette question parce qu'une société avec autant de violences, c'est une société qui ne va pas bien", a dénoncé Elisabeth Moreno.
Sur le
même thème
Tout
TF1 Info