En faisant du problème migratoire l'un de ses principaux combats, le pape François embarrasse et agace l'extrême droite et la droite catholique française."Je ne suis pas d'accord avec lui et je considère d'ailleurs que le pape n'a pas à se mêler de politique", estime par exemple Marion Maréchal, alors que François arrive ce vendredi à Marseille pour une visite de deux jours.
Il embarrasse et agace la droite et l'extrême droite catholique. Le pape François, en visite à Marseille ces vendredi et samedi, a fait du sort des migrants l'un des principaux combats de son pontificat. À son élection en 2013, il avait d'ailleurs effectué sa première visite officielle sur l'île italienne de Lampedusa, celle-là même où la semaine dernière ont débarqué des centaines de personnes en provenance d'Afrique. Un message de charité et d'accueil qui va à l'encontre de la politique migratoire de l'extrême droite et d'une partie de la droite pourtant très attachées aux "racines chrétiennes" de la France et à la religion catholique. Le pape est devenu leur ennemi politique.
"Je ne suis pas d'accord avec lui et je considère d'ailleurs que le pape n'a pas à se mêler de politique", répète ces derniers jours la tête de liste Reconquête aux élections européennes Marion Maréchal. "Il ne perçoit pas (…) l'offensive islamique que nous vivons aujourd'hui dans nos écoles notamment et la société en général", a-t-elle assuré il y a deux jours sur BFM Provence. Le 14 septembre dernier, sur l'antenne nationale de la chaîne, l'ex-députée estimait qu'il en faisait "trop" et rappelait que François n'était "infaillible que sur le dogme". Elle mettait en avant, pour discréditer son combat, le "prisme sud-américain" du pape "qui ne connaît pas le type d'immigration que nous connaissons et qui manifestement ne mesure pas ce à quoi nous sommes confrontés".
"Qu'est-ce qu'il veut, le pape ?"
"Qu'est-ce qu'il veut, le pape ? Que l'Europe chrétienne, berceau du christianisme, devienne une terre islamique ?", s'est interrogé Eric Zemmour, président de Reconquête, toujours sur BFMTV le 17 septembre. Des arguments qui n'ont rien de nouveau pour l'ancien journaliste et son camp. En octobre 2020, au cours d'un débat sur CNews, il accusait déjà le pape de faire de la politique, et donnait déjà comme argument le fait qu'il vienne d'Amérique du Sud et "déteste l'Europe". "Il a transformé le Vatican en ONG, je ne crois pas que ce soit son rôle. Il tient le discours d'une ONG qui va sauver des migrants", clamait l'ex-candidat à l'élection présidentielle.
"Ce pape est on ne peut plus politique, il propose d’accentuer le suicide européen par l’immigration. Je le trouve en dehors de sa mission", a dit au Monde le sénateur Reconquête des Bouches-du-Rhône Stéphane Ravier. "L’Évangile nous invite à aimer notre prochain mais il n’est nullement précisé qu’on doit l’aimer chez nous, en France."
Un discours devant le mémorial pour les marins et migrants disparus en mer
Si dans le passé des cadres du Rassemblement national ont pu se montrer critiques envers un pape "immigrationniste", ils sont restés silencieux à propos de sa venue à Marseille. À droite, les déclarations à l'encontre du pape se sont faites plus discrètes, mais des représentants de la droite catholique conservatrice comme le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau ou le député européen François-Xavier Bellamy ne se rendront pas au stade Vélodrome ce samedi, croit savoir L'Opinion.
Le pape est à Marseille dans le cadre des Rencontres méditerranéennes, organisées autour des thèmes comme les inégalités économiques, les migrations et le changement climatique. Ce vendredi, après une prière à la basilique Notre-Dame de la Garde, le souverain pontife se recueillera devant le mémorial pour les migrants et marins disparus en mer. Il y prendra la parole et déposera une couronne devant la stèle, accompagné de deux migrants.