Confinement : faut-il rouvrir les librairies ?

Publié le 30 octobre 2020 à 13h29, mis à jour le 30 octobre 2020 à 19h35
FRANCK FIFE / AFP
FRANCK FIFE / AFP - Source : FRANCK FIFE / AFP

CULTURE - Considérées comme des commerces non-essentiels, les librairies ont fermé leurs portes ce vendredi, au premier jour du reconfinement. Face à la pression, le gouvernement pourrait-il revoir sa position ?

Les librairies sont-elles des commerces essentiels ? Non, a tranché le gouvernement. Pourtant, de nombreuses voix s'élèvent pour lui demander de revenir sur cette décision, d'autant plus incompréhensible pour elles que les magasins de bricolage ou de matériel informatique peuvent continuer leur activité.

Depuis plusieurs jours, les appels politiques se multiplient pour considérer ces commerces comme essentiels. "Je demande que les librairies soient déclarées magasins de première nécessité en cas de confinement", avait tweeté la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse (Libres !) mercredi. Une position qu'elle a réaffirmée ce vendredi matin sur franceinfo

Jeudi lors d'une conférence de presse, la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo a estimé que "nous ne devons sacrifier ni l’éducation, ni la culture, ni les commerces de proximité" et a dit souhaiter "que nous gardions nos librairies ouvertes". A l'initiative de la parlementaire LR Laure Darcos, 68 sénateurs ont également appelé le chef de l'Etat à revenir sur sa décision dans une tribune. "Alors que souffle le vent mauvais de l’obscurantisme et des nouvelles idéologies totalitaires, gardons à l’esprit qu’elles sont un lieu où vivent les valeurs de modération, de bienveillance, de tolérance et l’intelligence collective", écrivent-ils. "Commerces de première nécessité à l’évidence, les librairies sont un joyau inestimable que nous devons préserver." 

Une pétition mise en ligne ce vendredi

Aussi, dans la journée de vendredi, le critique et animateur de La Grande librairie François Busnel a mis en ligne une pétition pour faire fléchir le gouvernement. Car à voir les images des ruées dans les librairies ce jeudi, quelques heures avant le début du confinement, les Français semblent partager ces avis.

Alors comment le gouvernement justifie-t-il sa décision de maintenir fermées les librairies indépendantes ? Interrogé vendredi matin, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire - qui par ailleurs aurait poussé pour que tous les commerces, y compris les librairies, puissent rester ouverts - a indiqué qu’il avait proposé pendant le premier confinement que les librairies restent ouvertes mais que "ce sont les libraires qui (lui) avaient dit que ce n’était pas possible". 

Effectivement au mois de mars dernier déjà, le ministre de l'Economie avait souhaité revoir la qualification de commerces non-essentiels pour les librairies. Mais le Syndicat de la librairie française (SLF) avait estimé que les conditions sanitaires n'étaient pas réunies pour permettre l'ouverture physique des points de vente. Dans un communiqué publié ce vendredi 30 octobre, le SLF revoit toutefois sa position. "En mars dernier, l'absence de masques, de gel, de protocole sanitaire ou encore d'habitudes de comportement face à ce virus ne permettaient pas d'accueillir le public en librairie en toute sécurité. La situation n'ayant rien de comparable aujourd'hui, nous avons la possibilité, grâce à la lecture, de garder l'esprit et les yeux ouverts alors que nous allons devoir nous fermer aux autres", lit-on.

Confinement : le retour du "clic and collect" dans les commerces fermésSource : JT 13h Semaine

Une réévaluation dans 15 jours

Mais le gouvernement pourrait rapidement réévaluer sa position. "Dès que ce sera possible, et je souhaite que ce soit le plus tôt possible, nous verrons s’il est possible d’adapter le dispositif", a confirmé Bruno Le Maire ce vendredi. Mercredi soir, le président de la République Emmanuel Macron avait en effet indiqué que "tous les 15 jours, nous ferons le point sur l’évolution de l’épidémie, nous déciderons le cas échéant de mesures complémentaires et nous évaluerons alors si nous pouvons alléger certaines contraintes, en particulier sur les commerces". Une réunion est prévue la semaine prochaine avec les acteurs de la filière du livre "pour étudier les modalités d'une éventuelle réouverture des librairies"

En attendant, la ministre de la Culture Roselyne Bachelot appelle les libraires, "comme les disquaires d’ailleurs, à organiser des activités de livraison et de retraits de commandes, c’est-à-dire le ‘click-and-collect’"

Vendredi en fin de journée, les libraires ont obtenu une petite victoire d'étape : autorisés à rester ouverts, les magasins Fnac-Darty devront en revanche fermer leurs rayons livres, pour ne pas faire concurrence aux librairies indépendantes.


Justine FAURE

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