Clichés régionaux : la sieste est-elle vraiment sacrée en Corse ?

Publié le 3 août 2021 à 17h19, mis à jour le 3 août 2021 à 17h30

Source : JT 13h Semaine

FACT CHECK - Un temps de repos après chaque déjeuner, incontournable pour les habitants de l’île de beauté ? Les Vérificateurs de TF1/LCI ont mené l’enquête auprès des principaux concernés.

Rues désertes, habitants atones, sous un soleil de plomb : après le repas, la Corse tourne au ralenti. "On se repose, on fait une bonne sieste, on se baigne, raconte dans la vidéo en en-tête un habitant, installé sur la plage. Et vers 16h, on remonte pour faire le café avec un verre d’eau bien fraîche."

Une torpeur bien loin de l’agitation de la capitale, à la même heure. À un millier de kilomètres de là, pas question de s’adonner à une sieste. "On est peut-être un peu plus actif", estime un Parisien. Alors qu’en Corse, "on y vit bien, on sent le temps passer", avance un autre habitant. Une Parisienne évoque aussi ses congés sur l’île de beauté, dont le rythme lui "convenait très bien"

Mais pour les Corses, la sieste n’est pas qu’un luxe de vacances : c’est une discipline de chaque jour, qui requiert de l’entraînement et de bons réflexes, comme le choix du meilleur coin où se laisser choir. Comme à l’ombre d’un châtaignier, qui serait, paraît-il l’arbre le plus frais. 

Car le premier objectif de la sieste, c’est d’échapper à la chaleur écrasante : ne pas se fatiguer davantage quand le thermomètre grimpe trop haut. Chiens, cochons, les animaux non plus n’y résistent pas. 

La sieste corse, une coutume louée par les artistes, d'Alphonse Daudet à Fernandel

Lionel Pinzuti est un dormeur aguerri : la sieste est une histoire de famille pour ce berger de Corse-du-Sud, un rituel qui se transmet de génération en génération. "C'était une chose obligatoire, tout le monde faisait la sieste à la maison : mes grands-parents, mes parents", se souvient l’éleveur. 

Un passage obligé pour un lève-tôt comme lui : réveil à 5h du matin, deux heures de traite sur l’exploitation dès 6h, puis "après, il y a encore deux ou trois heures de fromage à faire".

Faire une pause donc, pour recharger le moteur et mieux repartir ensuite. "La chaleur, l’odeur des oranges… Ah ! qu’on était bien pour dormir dans le jardin de Barbicaglia !”, écrivait déjà en 1887 l'écrivain Alphonse Daudet, dans Les Lettres de mon moulin. L’auteur ne tarissait pas d’éloge sur les bienfaits de ces minutes de repos au cœur de ces jardins d’Ajaccio, entre les vergers fournis et les parterres de fleurs. 

"La sieste est pratiquée tout autour de la Méditerranée : en Égypte, en Grèce, au Moyen-Orient, raconte l’historien et écrivain Robert Colonna d’Istria. Et je constate que c'est là qu'est née la civilisation et les plus grands empires." De là à faire l’éloge de cette pratique, il n’y a qu’un pas : "Évidemment que les Corses ont raison !"

Alphonse Daudet n'est pas le seul à rendre hommage à cette coutume. "Le tango Corse, c'est un tango conditionné / Le tango Corse, c'est de la sieste organisée / (...) Le tango Corse, c'est l'avant-goût de l'oreiller”, chante Fernandel dans son "Tango corse" qui se danse tout en lenteur. 

Si la tradition est prisée par les plus grands artistes, c’est aussi une pratique recommandée par les médecins. À l’appui, les variations de notre "rythme circadien de la vigilance" : "entre 13 heures et 15 heures au maximum, on a une baisse de la vigilance", explique Dr Marie Nocera, spécialiste du sommeil. Si même les professionnels de santé la valident, il n’y a aucune honte à lever le pied le temps d’une sieste. 


La rédaction de TF1info

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