"Je traverse la rue, je suis dans la Somme": les week-ends confinés à moitié absurdes d'un village du Pas-de-Calais

A.P
Publié le 15 mars 2021 à 15h51

Source : JT 13h Semaine

ANOMALIE - Coincé entre le Pas-de-Calais et la Somme, le village de Thièvres est coupée en deux. D'un côté, les habitants soumis au confinement, de l'autre, ceux qui restent libres de leurs mouvements...

À première vue, le village de Thièvres n'a rien d'exceptionnel. Pas grand monde dans les rues, des maisons alignées le long des routes peu encombrées et une église imposante au milieu du bourg. Mais lorsqu'on regarde le plan de la commune de plus près, quelques signaux interpellent : deux mairies ou encore deux ramassages scolaires. Cette situation ubuesque a été accentuée par la crise sanitaire et ses restrictions. 

Depuis quelques semaines à l'ouest du village, les habitants peuvent circuler librement, mais quelques pâtés de maisons plus loin, le confinement est de mise le week-end. L'explication est géographique. La bourgade se situe en effet à cheval sur deux départements : la Somme et le Pas-de-Calais. Dans ce dernier, la population est confinée tous les week-ends depuis le 4 mars. 

De quoi susciter l'incompréhension chez certains habitants. "À côté, on est tranquilles, on n'est pas confinés. Ici, on est bloqués tout le week-end", s'étonne Didier,  contraint de faire une croix sur l'anniversaire de sa petite-fille car il vit côté Pas-de-Calais. Quelques maisons plus loin, Mathilde s'apprête à prendre sa voiture pour faire quelques course. "Je suis munie d'une attestation alors que mes voisines n'en ont pas besoin", lance-t-elle avant de prendre le volant. La jeune femme a le sourire, mais d'autres sont frustrés. Comme Robert, qui n'a pas pu sortir sa canne à pêche ce mois-ci. 

Derrière leur fenêtre, les habitants du Pas-de-Calais regardent avec envie leurs voisins libres de leurs mouvements. Mais la colère monte quand on évoque leurs confrères un peu plus au sud : les Franciliens. Alors que le virus progresse dans la région Ile-de-France, les autorités rechignent à mettre le département sous cloche. Une différence de traitement que les Thièvrois ne comprennent pas. "Aujourd'hui, la région parisienne est tout à fait libre de ses mouvements et nous, à l’inverse, nous sommes confinés le week-end", peste l'un d'eux.

Si la commune de Thièvres est coupée en deux, d'autres villages ont eu plus de chance. Au total, trois bourgades du Nord sont enclavées dans le Nord-Pas-de-Calais : Moeuvres, Boursies et Doignies. Ces dernières échappent donc au confinement le week-end. Cette singularité héritée du Moyen Âge étonne : "On est une enclave, on est entouré du Pas-de-Calais et nous on est libres", s’étonne un habitant de Moeuvres au micro de Franceinfo. Dans ce village dans le Nord, on continue à se déplacer librement les week-ends. Alors qu’à deux kilomètres, les habitants du bourg voisin du Pas-de-Calais sont priés de rester chez eux.


A.P

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