Un gestionnaire de déchets a décidé le mois dernier de bannir le ramassage de poubelles individuelles pour les habitants de 137 communes girondines.Dès 2025, ils devront déposer leurs déchets dans des conteneurs collectifs.L'objectif est de faire gagner du temps aux éboueurs, mais sur place, la mesure suscite des réticences.
Le fracas des détritus vidés dans un camion poubelle, qui réveille parfois les riverains au petit matin, devrait progressivement disparaître dans de nombreuses communes de Gironde. Exit le porte-à-porte, pour les quelque 200.000 personnes concernées, il faudra se déplacer jusqu'à des bornes de tri pour jeter ses déchets, à raison d'un dépôt pour 150 résidents, selon les premières estimations. "Bien sûr, il ne faut pas faire des kilomètres et des kilomètres. Plus ce sera près des petits patelins, mieux ça va être", commente un habitant dans le reportage du 20H en tête d'article.
Cette mesure, votée le 6 septembre dernier par le Syndicat Mixte Intercommunal de Collecte et de Valorisation (Smicval), chargé de collecter les déchets dans le Libournais et la Haute-Gironde, devra être mise en place en 2025 et dès 2023 pour les premières communes, précise France 3 Régions.
Les habitants ne pourront plus disposer de bacs à sortir devant leurs portes, au grand dam de certains d'entre eux, comme Claudine. Béquille à la main, cette femme âgée peine à se déplacer, et voit dans ce nouveau système la promesse d'"emmerdes". "Je vais l'amener où la poubelle ? À cinq kilomètres, deux kilomètres ? Je suis handicapée, je ne vois pas du tout comment je vais faire", peste-t-elle.
Des économies sur les impôts à la clé ?
Le gestionnaire des déchets, lui, avance que limiter les déplacements de camions de ramassage permettrait de diminuer les dépenses et donc les impôts des habitants, qui devraient encore augmenter dans les années à venir avec la hausse des taxes. À l'heure actuelle, chaque sortie d'un de ces camions coûte au moins 1000 euros. "On demande un effort aux administrés pour amener leurs déchets sur des points d'apport volontaire. Avec ces économies-là, on finance la stabilité de la fiscalité", assure Sylvain Guinaudie, le président du Smicval.
Ces quelques îlots seraient aussi plus écologiques. Installés depuis cinq ans dans le centre de Coutras, près de Bordeaux, le bac des déchets recyclables peut contenir jusqu'à cinq mètres cube, et est vidé chaque semaine. Cela ne convainc toutefois pas le maire (sans étiquette) du village, qui a lancé une pétition en ligne pour protester contre la mesure, rassemblant plus de 4300 signatures. "La problématique, c'est que les gens arrivent avec des sacs beaucoup plus gros (que l'orifice des bacs) et les laissent donc autour des containers", explique Jérôme Cosnard. "La commune est donc obligée de retraiter ces déchets puisqu'on ne veut pas laisser du dépôt sauvage toute la journée", s'irrite-t-il.
L'édile demande un moratoire sur cette réforme, pour pouvoir lancer une nouvelle concertation, indique France Bleu. Selon la radio, le Smicval a le projet d'installer des capteurs pour alerter les camions poubelles si besoin, pour éviter ces débordements de détritus.
Les bornes prennent en charge des sacs-poubelle de 50 litres. Une limite que ne dépasse pas Christophe, l'un des habitants, qui fait de son côté attention à trier ses déchets en amont, chez lui, avant de les jeter à quelques pas de son domicile. "Je n'habite pas loin, ce n'est pas trop compliqué", commente-t-il. Aujourd'hui installé dans cinq centres-villes girondins, le dispositif devrait être étendu aux 137 communes du nord de la Gironde, en zone urbaine comme rurale.