VIDEO - Ces communes qui jouent la carte de l’humour pour trouver un médecin

V. Fauroux | Reportage vidéo : Delphine Sitbon, Pascal Michel et Marine Derre
Publié le 4 octobre 2022 à 19h02

Source : JT 13h Semaine

Aujourd'hui, 6 millions de Français n'ont pas de médecin traitant.
Plusieurs élus ont choisi d'utiliser l'humour pour les attirer dans leurs communes.
Mais ces vidéos censées être drôles sont-elles efficaces ?

L'humour, peut-il faire venir des médecins là où il n'y en a pas ? A Bruyères-le-Châtel, on y croit dur comme fer. Car malgré son église du XIe siècle, qui fait la fierté de ses habitants, et son école tout juste rénovée, cette commune de l'Essonne manque cruellement de docteurs. Alors le maire a décidé de tourner une petite vidéo, avec la complicité d'un comédien, pour promouvoir les atouts de sa ville. Diffusé en avril dernier sur internet, ce court-métrage a remporté une jolie audience, mais a-t-il pour autant attiré des médecins ? "J'en cherche encore deux !", admet Thierry Rouyer, dans la vidéo du JT de 13H en tête de cet article. 

Au départ, l'idée était de se démarquer des nombreuses autres communes rurales à la recherche d'un docteur. "On a eu beaucoup de retours et beaucoup de vues, beaucoup de likes. Il y a des gens qui m'ont appelé et qui m'ont dit : 'monsieur Rouyer, il est bien le nouveau médecin'. Je leur ai dit que c'était quand même un comédien et que pour l'instant, on était à la recherche de médecins", explique l'édile. Rien de concret donc, malgré le succès sur la toile. Pourtant, le temps presse : la nouvelle maison de santé ouvre dans seulement quinze jours et il reste encore deux postes de médecins à pourvoir. 

Patrick le Fur qui exerce à Bruyères-le-Châtel souligne à l'AFP que "ça fait pratiquement 30 ans que le problème est soulevé par la profession médicale en Ile-de-France". Et il n'est guère optimiste pour les années à venir : "le problème qui se pose à présent, c’est qu’il y a une urbanisation et des coûts de vie importants. Les jeunes médecins le savent, l’interne que j’ai actuellement a le projet de s’installer à Clermont-Ferrand… ", dit-il.

Ces choix pèsent sur le nombre de Zones d’intervention prioritaire (ZIP), où la proportion de médecins généralistes est déficitaire. "L'Ile-de-France est passée de 37% de sa population qui vit dans des ZIP en 2018 à 62% aujourd’hui, alors qu'en France c’est plutôt 30% (contre 18% en 2018)", souligne Sophie Martinon, directrice générale adjointe de l’Agence régionale de santé (ARS) Île-de-France. Les problèmes ont été identifiés : faible recrutement, exigence des jeunes médecins et forte concurrence entre les communes.

On a vraiment l'impression d'être délaissé par les services de l'État parce que la compétence de la santé, c'est pas à un maire rural de la porter.
Olivier Liard, le maire de Catus

Une situation loin d'être circonscrite à l'Ile-de-France. Ainsi, dans le Tarn, les habitants ont décidé de pousser la chansonnette pour convaincre un médecin de s'installer chez eux. À Champlitte (Haute-Saône), on tente de faire sourire un futur dentiste en affirmant que la commune "se trouve au centre du monde… enfin de la Bourgogne-Franche-Comté !". Tandis que les Bodin's en personne tentent d'attirer un nouveau généralise à Éguzon (Indre). Tous ces stratagèmes sont-ils payants ? 

Pour le savoir, partons à Catus, un village du Lot considéré comme un désert médical. Il avait amusé 76 000 personnes sur YouTube il y a cinq ans. Aujourd'hui, la médecin du village est toujours la seule. "Il y a largement du travail pour trois personnes. Les horaires, c'est 55 heures par semaine. Quand on a deux enfants, c'est un peu compliqué de commencer très tôt à 7 heures du matin, mais on essaye de garder le moral et le cap", témoigne le docteur Odile Angot.

"On fait nous tout ce qu'on peut, mais d'un autre côté, on a vraiment l'impression d'être délaissé par les services de l'État parce que la compétence de la santé, c'est pas à un maire rural de la porter. Et face à ça, on est complétement démuni", regrette de son côté Olivier Liard, le maire de Catus. 


V. Fauroux | Reportage vidéo : Delphine Sitbon, Pascal Michel et Marine Derre

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