Dans le Lot-et-Garonne, le village du Mas-d'Agenais vient de récupérer son trésor, après six années de séparation pour des raisons de sécurité : un tableau de Rembrandt estimé à plusieurs dizaines de millions d'euros.Le JT de TF1 s'est rendu sur place.
Alarmes, vidéosurveillance, vitrine blindée, "on a mis le paquet" : dans le Lot-et-Garonne, le village du Mas d'Agenais vient de récupérer son trésor municipal, un tableau "inestimable" de Rembrandt dont il est l’heureux propriétaire, presque par accident. Cette œuvre est la star du village vieille de 391 ans, le "Christ sur la croix".
Un tableau de 100 x 73 cm "exceptionnel", puisqu'à travers elle, "Rembrandt va renouveler les codes de la représentation du Christ, en montrant un être à l’agonie, chétif et misérable", commente Aude Claret, conservatrice des Monuments historiques à la Drac Nouvelle-Aquitaine, auprès de l’AFP.
Un tableau qui a voyagé
Tout commence en 1804 quand un capitaine des armées napoléoniennes natif du village, Xavier Dufour, acquiert le tableau, sans signature apparente, dans une vente aux enchères à Dunkerque avant d’en faire don à la paroisse l’année suivante. Un siècle plus tard, l’œuvre devient la propriété de la commune lors de la séparation de l’Église et de l’État. Il est classé Monument historique en 1918 mais ne sera authentifié qu’en 1959 lorsqu’une restauration au Louvre exhume l’illustre signature : RHL, pour Rembrandt Harmenszoon de Leyde. En 2011, il est prêté au Louvre pour l’exposition "Rembrandt et la figure du Christ".
Pendant des décennies, il est exposé aux yeux de visiteurs parfois lointains, tantôt dans une simple armoire en bois, puis dans une vitrine, mais "sans aucune espèce de haute sécurité". "N’importe qui aurait pu le piquer", résume le maire Claude Lagarde. Un Rembrandt ni dans un musée, ni chez un collectionneur mais dans une commune, "c’est très rare", assure Aude Claret. L’œuvre "est associée au village, donc il est très important qu’elle revienne là où elle est depuis le XIXe siècle".
Une bonne nouvelle pour les commerçants
Depuis son retour après six ans à Bordeaux, la sécurité autour de l’œuvre a nettement augmenté. "Le tableau est dans un écrin blindé, avec des vitres blindées de très haute sécurité. L’écrin en lui-même pèse une tonne. C’est impossible d’ouvrir cet écrin", assure le maire dans le reportage du 13H de TF1 en tête de cet article.
En 2021, une maison de vente interrogée par le journal Sud-Ouest avait estimé le tableau à 90 millions d’euros – l’équivalent de 70 années de budget au Mas d'Agenais. "On est la commune la plus riche de France, sauf qu’on n’en a pas les moyens", s’amuse l’édile auprès de l’AFP.
Son retour est aussi une bonne nouvelle pour les commerçants du village. "Depuis deux ans, mes clients me le demandent, ils demandent à le voir. Ils viennent pour ça, le village et le Rembrandt", affirme une commerçante face aux caméras de TF1. "Les gens, quand ils vont venir voir le Rembrandt, ils vont venir boire un café, une bière, passer chez moi chercher un saucisson et puis voilà quoi. Le tableau est super bien ici", sourit le boucher de la commune. Les touristes pourront de nouveau admirer cette œuvre, tout comme les habitants du Mas d'Agenais.