CARNAGE - Favorisé par le réchauffement climatique, le colyte, qui pullule en particulier dans l'est de la France, tue les arbres en les asséchant. Dans les Vosges, de grandes opérations d'abattage sont en cours.
Le scolyte est un insecte qui s'attaque aux arbres. Particulièrement tenace, il s’en prend presque exclusivement aux épicéas. Sa technique ? Il s’incruste sous l’écorce, ce qui bloque la circulation de la sève et entraîne donc le dessèchement du résineux. Une fois immiscé à l’intérieur de l’arbre, le parasite pullule. Avec le réchauffement climatique, cette bestiole peut se reproduire trois fois par an contre deux en temps normal, ce qui accentue sa prolifération. D'autant plus que sécheresse et chaleur favorisent le développement du parasite et affaiblissent les défenses naturelles des arbres.
La crise du scolyte n’est pas un phénomène récent, ces insectes font partie de la biodiversité et ont toujours agi de la sorte. Ce
qui est nouveau et problématique, c’est la répétition de ces crises, normalement épisodiques, mais que l’on observe désormais chaque année depuis 2015, et leur intensité.
Cet insecte est particulièrement présent dans le quart est du pays et notamment dans les Vosges, où il fait des ravages. Depuis plusieurs semaines, de vastes opérations d'abattage sont en cours pour limiter la propagation de l'insecte sur les arbres sains.
Si les symptômes n'apparaissent pas tout de suite, Adrien Gless, technicien forestier dans les Vosges, sait reconnaître un arbre malade aux petits trous que l'insecte fait dans l'écorce. "Là on voit bien le travail de l'insecte, les larves font des galeries minières parallèles", montre-t-il aux caméras de TF1.
Le prix du bois dégringole
Mais ce qui surprend encore plus ces spécialistes, c’est l'altitude à laquelle se retrouve aujourd'hui le scolyte. "On détecte aujourd'hui des attaques jusqu'à 1000 mètres d'altitude, voir un petit peu au-delà", assure Alain Jacquet, directeur de la coopérative "Forêts et bois de l'Est".
"Le scolyte va plus vite que nous, donc ça fait que je ne sais pas ce qu'on fera dans quelques années, s'il n'y a plus de bois", s'inquiète Sébastien Georgel, bûcheron, dans les Vosges.
Cette crise a évidemment des répercussions sur l'économie du bois. Une fois les arbres abattus, tous les forestiers veulent s'en débarrasser, ce qui fait chuter son cours. TF1 explique qu'il y a tellement d'épicéas coupés depuis trois ans qu'il a fallu relancer le transport par train. Quatre convois partent chaque semaine de l'est de l'Hexagone vers le sud-ouest de la France.
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Le seul espoir serait donc de reboiser, mais cela nécessite un gros investissement financier. "On a sept hectares à reboiser ici, vous imaginez à 7000 ou 8000 euros de l'hectare, l'investissement que ça représente", s'agace Alain Jacquet. D'autant qu'il n'est pas garanti que les essences replantées, des mélèzes ou des pins de Corse, soit plus résistants au scolyte sur le long terme.