REPORTAGE - Dans les Alpes, levons la tête pour voir les toits de lauze. Quelques artisans seulement maîtrisent ce savoir-faire.
Sur les versants ensoleillés de la Haute Tarentaise, Alain Giachino fait chanter la pierre. Depuis trente ans, il passe ses étés sur les toits. Infatigable gardien de la tradition savoyarde, il est poseur de lauze. "C'est un bloc récupéré en montagne, une pierre assez dure", précise-t-il.
Pour composer sa mosaïque de schistes, Alain se laisse guider par le mouvement naturel de la pierre. Un dialogue permanent avec la matière. "C'est comme un puzzle. Celles qui sont récalcitrantes, je mets un peu de puissance dans le marteau", affirme l'artisan lauzeur. Une fois posé, un toit de lauze peut peser jusqu'à 200 kilos au mètre carré. Une couverture robuste capable de résister à tous les assauts de l'hiver en montagne.
Jusque dans les années 60, les lauzes étaient extraites en haute montagne. Un travail titanesque. Aujourd'hui, les carrières françaises ont disparu mais Alain refuse de renoncer à la pierre de son enfance. À la demande des propriétaires, il restaure les toits avec des lauzes de récupération. Avec son frère Jean-Pierre, spécialiste de la rénovation à la chaux, ils militent pour la préservation de l'architecture savoyarde.