La mer en surchauffe : comment fonctionne une "canicule marine" ?

Aurélie Loek | Reportage TF1 François-Xavier Ménage, Quentin Fichet
Publié le 27 juillet 2022 à 10h03

Source : JT 20h Semaine

Une hausse exceptionnelle des températures est constatée dans les eaux de la mer Méditerranée.
La Manche et l’océan Atlantique enregistrent également des degrés en plus.
On vous explique ce coup de chaud du thermomètre marin.

Le deuxième épisode de canicule qu’a affronté la France cet été est terminé, mais dans les océans, la température est, elle, toujours aussi élevée. L’eau dans la Manche et sur la côte atlantique a gagné entre un et deux degrés de plus qu’habituellement. En Méditerranée, c’est jusqu’à cinq degrés de plus qui sont actuellement enregistrés, comme le montre la carte ci-dessous du site spécialisé Keraunos.

Keraunos / Capture d'écran TF1

De quoi surprendre les baigneurs, comme dans ce reportage sur la côte méditerranéenne diffusé lundi au 20H de TF1. Les scientifiques, de leur côté, s'en inquiètent et parlent de "canicules marines".

Des événements dont la fréquence a doublé

"En général, c’est un dépassement d’un seuil de températures pendant un certain temps dans une certaine région", nous explique le climatologue Fabio d’Andrea. Ce phénomène, nommé ainsi par les scientifiques du GIEC en 2019, est provoqué par la succession d’épisodes chauds dans l’atmosphère. "La mer absorbe sur le temps long tout ce qu’il se passe dans l’atmosphère", explique le spécialiste. Or, le premier semestre 2022 ayant été marqué par plusieurs vagues de chaleur et de manière précoce, les océans ont absorbé ce surplus, aboutissant à une progressive augmentation de la température maritime.

Avec le changement climatique provoqué par l’activité humaine et la hausse généralisée des températures amenant des canicules de plus en plus fréquentes, ces vagues de chaleur sous-marines tendent également à se multiplier. "On a doublé la fréquence de ces événements depuis 1982 jusqu’à 2016", souligne Fabien d’Andrea, citant une étude préparée en amont de la COP2026, qui s'est tenue à Glasgow du 1er au 12 novembre 2021.

Pourtant, sa mise en place n’est pas aussi abrupte qu’une canicule terrestre. "La définition du phénomène est la même que celle des vagues de chaleur atmosphériques. La différence est que dans l’océan, ces conditions d’augmentation de températures sont plus lentes, elles se mettent en place lentement et elles durent plus longtemps", décrit le scientifique. 

Selon sa durée, la hausse de températures peut non seulement concerner la surface de la mer, mais aussi des eaux plus profondes, avec des impacts sur la biodiversité plus ou moins graves. L'augmentation de la température de la mer peut aussi conduire à une augmentation de l'humidité et l'apparition de phénomènes extrêmes comme des épisodes cévenols ou des tempêtes. Des conséquences immédiates, mais qui vont donc s'égrener aussi dans le temps.


Aurélie Loek | Reportage TF1 François-Xavier Ménage, Quentin Fichet

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