Le roi des forêts va trôner chez de nombreux Français pendant un mois.Savez-vous d’où vient la tradition du sapin de Noël ?
Nous sommes nombreux à en avoir un dans un coin de chez nous en ce mois de décembre, mais bien moins à savoir ce qu'il symbolise précisément. Bien qu'associé aux fêtes de la nativité, le sapin n'a rien de religieux, c'est un symbole païen : il n'a été intégré que tardivement aux pratiques chrétiennes, même si certains lui prêtent référence à l'arbre interdit biblique. Avant de célébrer les fêtes chrétiennes, c'est le solstice d'hiver qui était mis à l'honneur, le conifère symbolisant alors la force de la nature.
On fête l’arrivée de l’hiver depuis l’Antiquité
Pour les Égyptiens, les Chinois et même les Hébreux, ces végétaux témoignaient du triomphe de la vie à l’approche de la saison froide. Les ramages de sapins étaient employés à des fins décoratives, non sans une dimension symbolique car ils permettaient aux oiseaux de s’y abriter pendant l’hiver et d’éloigner les mauvais esprits. Le culte de cet arbre mythique était très répandu chez les populations dans l’Europe païenne. Cette tradition, vieille de cinq siècles, a perduré en Allemagne. Elle a pris une telle ampleur que la ville de Fribourg a interdit l’abattage de sapins pour Noël en 1554. Peu à peu, la chrétienté intègre le sapin à ses festivités.
Frontalière à l’Allemagne, l’Alsace semble avoir hérité de ce patrimoine germanique. Chaque année, la région se métamorphose et offre un spectacle magique de jeux de lumières et de couleurs chatoyantes. À Célestin, en Alsace le chiffre 1521 est partout : on attribue à cette date la naissance de la tradition du sapin de Noël.
Les habitants d’Alsace Centrale avaient pris l’habitude d’aller couper à la sauvageonne les sapins dans la forêt sur le Haut-Kœnigsbourg.
Philippe Grauel Spécialiste de la tradition du sapin Sélestat (Bas-Rhin)
Dans le reportage en tête de cet article, nos reporters ont eu accès à un ancien livre comptable bien révélateur des coutumes d’antan. Celui-ci nous apprend qu’à l’époque, le bourgmestre devait payer 4 schillings aux gardes forestiers pour surveiller les sapins des régions environnantes, car il avait fallu réglementer cette tradition populaire.
L'ère victorienne a popularisé les sapins de Noël
Tous deux d’origine allemande, les deux souverains britanniques Victoria et son mari Albert contribuent à étendre cette coutume, et abattent un majestueux sapin de plus de 20 mètres de haut pour orner leur château. En décembre 1848, le magazine Illustrated London News publie, dans un supplément de Noël, une illustration de la famille royale britannique rassemblée autour d’un sapin de Noël décoré : "Christmas Tree at Windsor Castle", traduit littéralement "le sapin de Noël au château des Windsor". La pratique s’est propagée dans un premier temps chez les plus hautes classes de la société pour arriver ensuite chez les classes populaires.