Depuis une semaine, des agriculteurs mettent les panneaux d'entrée de ville à l'envers dans près de 300 communes du Tarn.Des élus les soutiennent et annoncent qu'ils ne les remettront pas à l'endroit.Une équipe de TF1 s'est rendue sur place pour comprendre cette action coup-de-poing.
Ne touchez pas votre écran en regardant la vidéo ci-dessus : les panneaux d'entrée de ville que vous y voyez ont bel et bien la tête en bas. Ces derniers jours, près de 300 communes ont ainsi subi l'assaut du gang des panneaux dans le Tarn. "C'est n'importe quoi ! Pourquoi ?", s'interroge un habitant dans notre reportage. Un autre se montre tout aussi perplexe : "C'est intriguant, et je ne sais pas pourquoi d'ailleurs".
Les responsables sont les agriculteurs. "On dévisse les écrous de derrière et on retourne les panneaux. Ça prend à peu près 10 secondes", lance en souriant face à notre caméra Christopher Régis, président des jeunes agriculteurs du département, après avoir apposé un petit autocollant "On marche sur la tête" sur un panneau "Castres" à l'envers.
"Il vaut mieux ça que de brûler des bâtiments"
Depuis une semaine, chaque nuit, ils retournent les pancartes. Une action symbolique pour crier leur ras-le-bol et dénoncer ce qui est, pour eux, un non-sens politique. "Il faut à la fois qu'on produise de l'alimentation, il faut qu'on produise de la biomasse, il faut qu'on décarbonne, qu'on lutte contre le changement climatique, surtout sans râler... Et en même temps, on ouvre les frontières à des tas de produits qui ne répondent pas aux normes auxquelles nous, on est soumis", explique Céline Imart, agricultrice.
Les habitants soutiennent cette démarche pacifique. "Il vaut mieux que ce soit ça que brûler des bâtiments, des engins...", estime un homme. "Ils préfèrent faire ça plutôt que de mettre du fumier devant les sous-préfectures", dit aussi une femme. Autres alliés de taille, les élus. Dans une très grande majorité de communes, les maires sont solidaires et ne porteront pas plainte. Aucune dégradation n'a d'ailleurs été commise. "Il n'y a pas de danger, surtout qu'en plus, ils ont vraiment pris soin de ne retourner que le panneau d'entrée d'agglomération, ils n'ont pas touché à la signalétique plus sécuritaire", souligne Jean-Luc Alibert, maire (Horizons) de Soual.
Dans le village voisin, Vielmur-sur-Agout, madame le maire a dans un premier temps remis les panneaux à l'endroit. Peine perdue pour celui-ci. "Le week-end, le gang des panneaux est revenu et nous a remis celui-là à l'envers. Mais nous sommes quand même dans un milieu rural ici, nous sommes à leur écoute", assure Cathy Rabou (sans étiquette).
Les agriculteurs espèrent que le mouvement sera entendu par le gouvernement. D'ici là, cette initiative fait des émules. Dans le département voisin du Gers, d'autres panneaux ont été retournés ces derniers jours.