Pêche post-Brexit : le torchon brûle entre la France et le Royaume-Uni

REPORTAGE - Coulés par le Brexit : ces pêcheurs bretons contraints de détruire leurs bateaux

par F.R | Reportage TF1 J. Jeunemaître, M. Pirckher, R. Cann
Publié le 3 mai 2023 à 18h58
JT Perso

Source : JT 13h Semaine

À cause du Brexit, des bateaux de pêche bretons doivent être désarmés et détruits.
Leurs propriétaires sont indemnisés, mais ils dénoncent une perte importante du patrimoine.

C'est l'une des conséquences du Brexit : des bateaux français interdits de pêcher dans les eaux anglaises sont contraints d'être démantelés. Morceaux après morceaux, les premiers navires de pêche sont détruits dans le port de Brest, dans le Finistère. Six d'entre eux ont été démantelés il y a quelques jours, sous les yeux des patrons-pêcheurs.

"Ça faisait 22 ans que j'étais dedans. Quand tu achètes un bateau, tu es tout le temps dedans. Quand tu es à terre, c'est pareil. On n'a pas trop le choix, c'est comme ça. Ça fait partie de la vie", confie avec émotion Patrick Folloroux, ex-caseyeur de Roscoff, dans le reportage du 13H de TF1 ci-dessus. Depuis le Brexit, son bateau ne pouvait plus pêcher dans les eaux britanniques riches en poissons et en crustacés.

On va être rémunérés pour casser nos bateaux mais comparé à toute la richesse qu'on va perdre, c'est infime

Yannick Calvez, président du comité des pêches du Finistère

Au total, 164 demandes ont été déposées pour des navires privés d'accès aux eaux britanniques après le Brexit, et 90 ont été retenues : ces bateaux, qui vont aller à la casse contre une indemnisation, représentent 3% de la flotte française des régions concernées par le plan d'aide. Pour les dizaines de pêcheurs restés sur le carreau ou dont l'activité a été fortement réduite, le gouvernement a lancé un "plan d'accompagnement individuel", ou plan de sortie de flotte, assorti d'une enveloppe globale de 65 millions d'euros, financée par la Commission européenne.

 Une mince compensation pour les pêcheurs, qui voient une partie de leur vie partir à la casse. "On va être rémunérés pour casser nos bateaux, mais comparé à toute la richesse qu'on va perdre économiquement, socialement, c'est infime", fustige Yannick Calvez, président du comité des pêches du Finistère.

Pour ce porte-parole des pêcheurs, ce plan aura des répercussions sur toute la filière, car un emploi en mer équivaut à quatre sur terre. "Il n'y a pas que les bateaux, il y a toutes les entreprises qui vivent de la pêche : les mareyeurs, fournisseurs, mécaniciens, informaticiens, électriciens, électroniciens. C'est une perte économique, c'est une richesse qui va être perdue."

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Dans le Nord-Finistère, la majorité des bateaux caseyeurs sont partis à la casse. Il n’y en a plus aucun dans le port de Moguériec. Ces navires spécialisés dans la pêche aux casiers dépendaient grandement des eaux britanniques. "Pour le tourteau, il fallait qu'on aille sur les côtes anglaises. C'est là qu'on en trouvait la plus grosse concentration. C'est sûr que le Brexit nous a plombés", se rappelle Jean-Jacques Tanguy, ancien pêcheur au port de Moguériec.

À Brest, trois navires ont déjà été recyclés. La déconstruction des bateaux de pêche se poursuivra jusqu’à la fin de l’année.


F.R | Reportage TF1 J. Jeunemaître, M. Pirckher, R. Cann

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