REPORTAGE - Sacrilège en Bretagne : des menhirs détruits pour construire un magasin de bricolage

Un tas de pierres, c'est tout ce qui reste de la quarantaine de menhirs qui sortait de terre sur une partie du site de Carnac. Cette commune du Morbihan est connue depuis la nuit des temps pour ses fameux alignements et ses quelque 2.800 menhirs, bâtis pour certains il y a quelque 7.000 ans. 

À la place, sur ce bout de terrain, un futur magasin de bricolage est en train d'être construit. À une centaine de mètres, là où des milliers de touristes se pressent pour découvrir ces trésors archéologiques, cette situation fait réagir. "Ça fait mal, parce que c'est quand même un patrimoine de la Bretagne. Je trouve que ce n'est pas terrible. Il y a d'autres endroits pour construire un magasin d'outillage", dénonce une habitante dans la vidéo du JT de TF1 en tête de cet article.  

Pourtant, dans ce dossier, la ville de Carnac a bien délivré un permis de construire et le bâtiment est en train de prendre forme. Contacté par TF1, le maire, Olivier Lepick explique avoir suivi les recommandations de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac). Un organisme qui n'a pas souhaité répondre à nos questions pour le moment. 

Le problème vient du fait que la zone où est actuellement construit le magasin se trouve en réalité sur un site référencé depuis 2015 sur l’Atlas des patrimoines, une plateforme de la Drac permettant de cartographier les sites archéologiques dans toute la France, explique Ouest-France. Mais selon la mairie, la Drac avait placé le site en zone de prescription dans l’ancien Plan d’occupation des sols (POS). Mais pas dans l’actuel Plan local d’urbanisme (PLU), rapporte le quotidien régional. C’est ce qui explique pourquoi le feu vert a été donné pour les travaux. 

Une affaire complexe qui fait beaucoup parler dans le bourg. "C'est bien dommage. Si on commence à construire tout n'importe où, ça devient anarchique", regrette un riverain. Toutefois, certains pensent aussi au développement de la commune. "La population grandit, donc il faut que les gens trouvent aussi une attractivité sur Carnac", reconnait une retraitée. 

Chacun se renvoie donc dos à dos la pertinence de ce projet. Et dans la cité des mégalithes, qui aspire à être inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, le sujet vire au vinaigre. D'autant que chaque année, ce sont plus de 600.000 personnes qui viennent découvrir ces granits mystérieux.