VIDÉO - Mais d’où viennent ces perruches qui envahissent Roubaix ?

En se promenant dans les rues de Roubaix, impossible de les rater. Des centaines, voire des milliers de perruches à collier vertes se sont installées dans les arbres de certains quartiers de cette commune du Nord. Une présence surprenante pour cet oiseau exotique, mesurant une quarantaine de centimètres avec une très longue queue, qui est habituellement présent en Asie du Sud-Est ou en Afrique subsaharienne. 

L'installation de ces perruches à collier ne passe d'ailleurs pas inaperçue : cet oiseau, qui aime se faire entendre, a un cri assourdissant. De quoi animer les nuits des habitants de ce quartier de Roubaix, qu'une équipe de TF1 part rencontrer dans le reportage en tête de cet article.

"Il faut vraiment que je dorme profondément, ça m'arrive une fois ou deux par an, pour ne pas les entendre", explique avec humour Leïla, une habitante du quartier où les perruches ont élu domicile. "Quand vous n'habitez pas là et que vous passez, vous trouvez ça magnifique et exotique. Mais quand vous vivez là toute l'année, tous les soirs, tous les matins...", s'amuse la Roubaisienne, qui assure pourtant "bien aimer ces perruches" et ne pas vouloir "qu'il leur arrive quelque chose". 

Les perruches sont arrivées dans le Nord et dans le Pas-de-Calais au début des années 2000. "Ce sont des oiseaux échappés de captivité ou échappés depuis les aéroports. Elles se reproduisent dans les parcs urbains autour de la Métropole lilloise", explique Pierre Camberlein, ornithologue. Ainsi, le matin, les oiseaux quittent leurs dortoirs pour aller voler dans différents parcs de la Métropole. Le soir, ils reviennent passer la nuit à Roubaix.

Selon l'ornithologue Florent Bastianelli, interrogé en février dernier par le site actu.fr, en plus de la colonie de Roubaix, d'autres noyaux de population se sont constitués dans le Nord et le Pas-de-Calais, notamment à "Valenciennes, Dunkerque et Grande-Synthe", même si les groupes sont plus petits. Au total, 5000 perruches seraient présentes dans ce secteur. 

Par ailleurs, selon les ornithologues, la perruche apprécie la ville et trouve à manger dans les parcs. L'oiseau pourrait également profiter du réchauffement climatique pour installer durablement son nid dans le nord de la France. "Dans ce contexte de changement climatique, on aura des conditions environnementales de plus en plus favorables au développement et à l'installation de cette espèce dans le nord. C'est totalement possible", détaille ainsi Maureen Thuillier, auteure d'un mémoire sur les perruches dans le Nord. 

L'oiseau a d'ailleurs largement colonisé depuis des années le continent européen. Aujourd'hui, on estime qu'il y aurait 30.000 perruches à collier à Londres, au Royaume-Uni, et 10.000 en France, dont la majorité serait présente en région parisienne. Elles sont également présentes en Italie, en Allemagne ou encore au Portugal. 

Des oiseaux qui restent considérés comme une espèce exotique envahissante. Si pour le moment son impact sur les écosystèmes européens reste mal connu, la perruche n'entrerait pas en compétition avec les autres oiseaux endémiques concernant la nourriture, mais pourrait poser des problèmes pour l'habitat de certains oiseaux nichant, comme elle, dans des cavités. Un phénomène qui reste encore à étudier, d'autant que la perruche à collier verte est bien partie pour rester dans l'Hexagone.