MADE IN AILLEURS - La popularité du bol breton ne faiblit pas en période estivale. Cependant, contrairement à ce que de nombreux commerces locaux laissent entendre, la plupart ne sont pas produits en France. Du moins, pas complètement. Enquête.
Le bol breton peint à votre prénom constitue le souvenir d'un passage réussi en Bretagne. Il s'en vend chaque été plusieurs centaines de milliers. Dans plusieurs boutiques officielles de tourisme, de nombreux indices, comme la signature locale à l'arrière des faïences, laisse à penser que le bol est produit localement. Les vendeurs, aussi, le confirment à leurs clients.
Mais, en réalité, certains n'ont de breton que le nom. "La fabrication de bols en tant que telle, vous n'en verrez pas ici", affirme un employé de l'atelier de Quimper, dans le reportage de TF1 en tête d'article. "La décoration, oui, mais pas la fabrication. Il n'y a pas de fabricants de ce type de produits là en France. On est obligés d'aller les chercher à l'étranger."
Produits au Portugal, décorés en France
En effet, la production de ces objets en céramique se fait à mille kilomètres de là, au Portugal. "Nous sommes l'une des plus grandes usines de céramiques du pays", note Alda Marques, directrice commerciale de l'entreprise Matceramica, à Batalda. "Nous exportons tout ce que nous produisons." Dans son usine gigantesque, 700 ouvriers travaillent à la chaîne. "Nous produisons des milliers de bols par jour, 9000 tous produits confondus et 2000 pour les bols bretons", précise la dirigeante.
Ces derniers sont rémunérés environ 700 euros par mois, soit moitié moins que le Smic français. Le faible coût de la main d'œuvre permet aux commerces de l'Hexagone de vendre ces produits à des prix imbattables, moins de dix euros l'unité.
Face à cette concurrence féroce, il est difficile pour les producteurs français de tenir la cadence. Dans un petit atelier de Quimper, de rares artisans continuent de pétrir la terre pour confectionner les bols, puis les décorer à la main. Chaque pièce, unique, est alors vendue 40 euros. "Vous voyez les sapins à l'intérieur (ne sont pas les mêmes)", pointe du doigt François Le Goff, directeur général de la faïence "HB-Henriot". "C'est parce que deux peintres différents ont travaillé sur le même décor."
"Quand je fais mes courses, je fais attention à soutenir l'économie locale", expliquait ainsi une cliente. "Je ne vais pas aller chercher un bol en industrie, mais plutôt chez un artisan local". Ainsi, il s'agit de vérifier scrupuleusement la provenance de ces produits régionaux - y compris les marinières, les cirés, ou encore les cornemuses - car une grande majorité d'entre eux sont également touchés par la délocalisation.
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