ANTISOCIAL - L'imaginaire collectif et les films ont fait des sociopathes des tueurs sanguinaires. Pourtant, "sociopathie" ne rime pas toujours avec violence. LCI s'est intéressé à ce trouble de la personnalité qui toucherait jusqu'à 4% de la population mondiale.
Des personnes sans aucune conscience ni remords, en aucun cas intéressées par le bien-être des autres et prêtes à tout pour arriver à leurs fins... Cela paraît presque improbable, mais un individu sur vingt-cinq serait ce qu'on appelle un sociopathe selon certaines études.
La sociopathie est reconnue comme un trouble mental, qui affecte une personne possédant "une approche avancée de la manipulation, de l’exploitation et de la violation des droits d’autrui", selon la description faite par la Bibliothèque Nationale de Médecine des Etats-Unis. Sa caractéristique essentielle ? Une tendance générale à l'indifférence et au mépris. "Quelle que soit l’action égoïste, paresseuse, immorale ou douloureuse que vous avez faite, le spectre de la responsabilité ne vous effleure pas", nous explique Cyril Malka, hypnothérapeute et psychothérapeute.
10 % des chefs auraient des tendances sociopathes
Si les sociopathes sont dénués d'empathie, ils ont aussi d'autres caractéristiques marquantes : ce sont des personnes très loquaces, des charmeurs en somme. Ils ont une très haute opinion d'eux-mêmes. "Leurs émotions sont complètement superficielles. A part la colère, les autres n'existent pas", développe notre spécialiste. Enfin, ce sont de grands manipulateurs et des menteurs compulsifs. Autant d'éléments qui font de ces êtres aimant avoir le contrôle sur les autres de grands ambitieux au travail, avec toutes les capacités pour atteindre un poste à haut niveau.
D’après plusieurs études scandinaves d'ailleurs, jusqu’à 10 % des chefs auraient des tendances sociopathes. Un patron qui vous mènerait la vie impossible et qui ferait régner l'angoisse et l'insécurité au bureau : "Des arrangements, que vous pensiez être clairs et nets, ne sont apparemment plus valables. Les collègues sont dressés les uns contre les autres. À un moment, vous êtes le chouchou, l’instant d’après, on vous démolit", décrit Cyril Malka. En d'autres termes, il est charmant tant que vous êtes son pion, mais devient détestable lorsque vous n'avez plus d'utilité pour lui.
Des causes incertaines, mais un destin tout tracé
Les causes de la sociopathie restent encore inconnues. Cependant, des facteurs biologiques et génétiques pourraient être responsables. D'après une étude de 2013, publiée par Frontiers in Human Neuroscience et menée sur 121 détenus américains âgés de 18 à 50 ans, le manque d’empathie du sociopathe serait d’ordre neurologique.
L'expérience consistait à montrer à des cobayes des scènes illustrant des douleurs physiques, par exemple un doigt coincé dans une porte ou un orteil coincé sous un objet lourd. On leur a ensuite demandé d'imaginer ce qu'ils ressentiraient si cela leur arrivait personnellement, mais également à d'autres personnes. Les tests ont démontré que lorsque les personnalités hautement sociopathes pensent à leur souffrance, elles expriment une certaine sensibilité, mais que quand la souffrance concerne un autre individu, les régions liées à l’empathie ne fonctionnent pas.
On naît sociopathe, on ne le devient pas
Cyril Malka
Certains spécialistes parlent d'un trouble qui serait lié à des traumatismes de l'enfance, mais pour Cyril Malka, "on naît sociopathe, on ne le devient pas. Même si l'enfant sociopathe aura effectivement la plupart du temps une enfance difficile, car c'est un enfant à problème, qui peut aller très loin dans le comportement criminel, sexualisé, provocant, etc".
Finalement, la direction qu'ils prennent est inévitable et on ne peut pas les faire dévier", affirme l'auteur de "Élever un sociopathe". Alors, comment pouvez-vous agir si votre enfant présente les caractéristiques de la sociopathie ? "La seule chose que vous, en tant que parent, pouvez décider, est quel genre de sociopathe vous allez avoir". Car selon le psychothérapeute, si vous évoluez dans un milieu violent, vous avez plus de risques d'avoir un sociopathe agressif, criminel et meurtrier. Si vous évoluez dans un foyer harmonieux, vous aurez le plus probablement un "sociopathe à col blanc", personnalité écrasante qui s'en prendra aux autres, flirtant aussi avec la criminalité, mais de manière moins évidente.
Lire aussi
Donald Trump est-il un "sociopathe" ?
Lire aussi
Hollande, un "sociopathe" ? Ce qu'en disent ses proches
Fuyez !
Si vous connaissez ce genre de personne ou que vous en reconnaissez une, un seul conseil, "fuyez !", alerte Cyril Malka. Car un sociopathe restera un sociopathe. "Pour la bonne raison que ces personnes ne voient pas de problème à leur façon d'agir. La thérapie, c'est pour les faibles d'après eux". Pire, les sociopathes ayant suivi des thérapies "ne deviennent que plus dangereux", car ils s'en serviront pour apprendre des astuces et ainsi mieux manipuler ceux qui les entourent.
D'autre part, les sociopathes se savent différents mais sont convaincus d'être supérieurs aux autres : n'étant pas en proie à leurs émotion, ils sont persuadés d'être maître de leur vie. "Lorsqu'on les diagnostique comme tel, ils pensent que l'on tente de les amoindrir", conclut le psychothérapeute.