Le rebond de l’épidémie en France est bien réel et le sujet occupe l’actualité.Mais il n’existe pas de définition universelle de ce qu'est une nouvelle vague épidémique.Cela tient à la conjonction de plusieurs indicateurs.
Ça y est, la nouvelle vague est là. Depuis quelques jours, elle est annoncée noir sur blanc par tous les journaux ; les politiques sont questionnés dessus et les médecins réinvités sur les plateaux de télévision. Et alors que le port du masque n’est plus rendu obligatoire, depuis la mi-mars, dans la plupart des lieux publics, l’évolution de la situation reste floue.
Si elle est dans toutes les bouches, jusque dans nos propres articles, l'expression "7e vague" questionne. À quoi renvoie-t-elle ? Comment déterminer les prémices d’une nouvelle vague de l’épidémie ? Là-dessus, le consensus n’est pas évident. Dans un article du Lancet, remontant à octobre 2020, les auteurs évoquaient déjà le risque que l'épidémie se prolonge pendant plusieurs années, par vagues successives.
Le 23 juin dernier, le Pr Bruno Megarbane, chef du service de réanimation de l’hôpital Lariboisière à Paris, expliquait par exemple sur BFM TV que nous étions "au pied de la 7e vague" : "Comment on le sait ? Le nombre de cas de contamination augmente et surtout, la vitesse de progression de cette augmentation augmente aussi". Pour le clinicien Gilles Pialoux, qui avait remis le lendemain son masque sur le plateau de BFM TV, nous étions déjà à ce moment-là dans la 7e vague, "avec un variant ultra-transmissible, encore plus transmissible que les premiers Omicron".
Des cas nombreux... et des cas graves
En effet, cette reprise épidémique est due à deux sous-variant d’Omicron, nommés BA.4 et BA.5 et découverts en Afrique du Sud. Et avec une moyenne sur 7 jours de 71.144 nouveaux malades quotidiens au 29 juin, le nombre de cas est en hausse de 53% par rapport à la semaine précédente, d’après les données consolidées par CovidTracker. Santé publique France alerte d’ailleurs, dans son dernier point du 23 juin, sur "la circulation du SARS-CoV-2" qui "a poursuivi sa progression sur l’ensemble du territoire métropolitain pour la troisième semaine consécutive". Aujourd'hui, la hausse se poursuit toujours. L’organisme relève que non seulement, les contaminations augmentent, mais que celles-ci sont suivies d’effets à l’hôpital : "Les nouvelles hospitalisations et admissions en soins critiques étaient en hausse, en particulier chez les 80 ans et plus, tandis que le nombre de décès continuait de diminuer".
Mais le Pr Antoine Flahaut constate que la mortalité a désormais cessé de décroitre. C'est l'un des éléments lui permettant de dire que la nouvelle vague est arrivée. "C’est une nouvelle vague qui est clairement due à une remontée des contaminations, attestée par le nombre de cas, le taux de positivité qui grimpe, mais aussi les hospitalisations qui augmentent", résume l'épidémiologiste, avant de revenir à cette notion de nouvelle vague, aussi utilisée aussi pour la grippe mais réellement apparue avec le Covid-19 : "Il n’y a pas de définition scientifique, chez les épidémiologistes, d’une vague".
D’après le médecin, une définition peut cependant être retenue : "Il faut une augmentation explosive des cas, c’est-à-dire lorsque le taux de reproduction dépasse durablement le 1, mais ça ne suffit pas. Il faut qu’il y ait aussi une augmentation de la sévérité, et donc des hospitalisations et des décès". Au 29 juin, 77 admissions en soins critiques étaient recensées en moyenne chaque jour, en hausse de 22% par rapport à la semaine précédente, selon CovidTracker. Et le taux de reproduction du virus est quant à lui de 1,5, soit très élevé et en hausse.
Interrogée sur la situation sanitaire, Santé publique France (SPF) est plus prudente, préférant parler "d’amorce d’un rebond pouvant mener à un potentiel 7ème pic épidémique". Mais alors, à quoi pourrait ressembler cette 7e vague ? Probablement aux deux vagues précédentes depuis janvier, selon nos protagonistes. "Cette reprise est relativement similaire aux précédentes reprises dans le contexte Omicron, les nombres de cas observés lors de ces épisodes étant déjà nettement plus élevés par rapport à ceux des hospitalisations", souligne SPF.
Antoine Flahault, lui, prend exemple sur nos voisins ayant vécu l’expérience avant nous. "En Afrique du Sud, cette vague a été la plus courte de toutes leurs vagues, elle a duré huit semaines. Mais attention : au Portugal, il y a eu une vague de mortalité chez les plus âgés, alors que la population est très bien vaccinée. Il y a un petit risque d’une mortalité du BA.5 chez les plus âgés même s’ils sont très bien vaccinés avec trois doses." Ce 30 juin, le président du conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, a d'ailleurs anticipé un pic de cette vague actuelle d’ici à la fin du mois de juillet.
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