5 questions sur les anticorps monoclonaux, le traitement anti-Covid qui intéresse le gouvernement

Publié le 1 février 2021 à 16h20

Source : JT 20h WE

RECHERCHE - Des protocoles cliniques vont être lancés afin d'approfondir la piste des anticorps monoclonaux comme traitement contre le Covid-19, a confirmé dimanche 31 janvier le porte-parole du gouvernement. Mais de quoi s'agit-il ?

Ils étaient au centre d'une discussion au plus haut sommet de l'État il y a quelques jours. Perçus comme une piste prometteuse dans la lutte contre le Covid-19 par de nombreux observateurs et vraisemblablement par le gouvernement français, les traitements à base d'anticorps monoclonaux vont donner lieu à des protocoles cliniques "dans les prochains jours", a confirmé Gabriel Attal, dimanche 31 janvier.

"À chaque fois qu'il y a des traitements qui semblent prometteurs, on investit pour regarder si effectivement ces traitements sont confirmés. Les anticorps monoclonaux en font partie", a ainsi déclaré le porte-parole du gouvernement sur BFMTV. Mais de quoi parle-t-on ? Et pourquoi ces molécules sur lesquelles l’Institut Pasteur mène déjà des recherches depuis plusieurs années constituent aujourd'hui une lueur d'espoir ? 

De quoi s'agit-il ?

Ces anticorps sont dits de synthèse, c'est-à-dire qu'ils sont fabriqués en laboratoire et injectés en intraveineuse. Ils imitent le fonctionnement du système immunitaire après l'infection au Covid-19 et sont censés l'épauler pour annuler le pouvoir de nuisance du virus. Comment ? En neutralisant la pointe du virus qui lui permet de s'attacher aux cellules humaines et de les pénétrer. "Lorsque l'on est infecté par le virus, on développe environ 5.000 types d'anticorps, produits par nos lymphocytes essentiellement. L'idée de ce traitement est d'aller chercher les anticorps neutralisants les plus performants, de les produire en laboratoire - ce sont donc bien des anticorps artificiels - et de stimuler, par une injection, une immunité dite passive", détaille Yves Coppieters, médecin épidémiologiste et professeur de santé publique, pour BFMTV

A qui s'adressent-ils ?

Une explication reprise il y a quelques jours par le ministre allemand de la Santé Jens Spahn, qui voit dans l'administration de ces anticorps au début de l'infection un moyen d'"aider des malades à haut risque à éviter une évolution plus grave". Relayant les dernières recherches scientifiques, Gabriel Attal a expliqué à son tour que les traitements à base d'anticorps monoclonaux s'adressaient donc "à des personnes qui sont à risque de faire une forme grave de la maladie quand elles viennent d'avoir leur diagnostic positif ou qu'elles sont au tout début des symptômes" et qu'elles n'ont pas encore été vaccinées.

"Les traitements monoclonaux comme tous les traitements antiviraux doivent être donnés très tôt dans l'évolution de la maladie", a confirmé dimanche 31 janvier sur LCI Karine Lacombe, cheffe du service des maladies infectieuses à l'hôpital Saint-Antoine à Paris.

Traitements monoclonaux : "Ca peut être une solution thérapeutique intéressante"Source : TF1 Info

Ce qu'on ignore encore

"Ce qu'on ne sait pas encore pour l'instant c'est : vont-ils changer le cours des choses en termes de mortalité ?" a toutefois prévenu l'infectiologue. "Les données que l'on a sont des données préliminaires, c’est-à-dire de phase 2, qui n'ont pas de critères cliniques pour évaluer leur efficacité mais virologiques".  Et d'ajouter : "On voit qu'effectivement; ça diminue de façon importante pour certains d'entre eux la quantité de virus présente dans le corps. Mais est-ce suffisant pour vraiment avoir un impact sur la mortalité ? Pour l'instant, ces données-là manquent. Mais il faut garder espoir et ça peut être une solution thérapeutique tout à fait intéressante". 

Quelles déclinaisons ?

Deux déclinaisons de ce traitement ont reçu en novembre une "autorisation pour une utilisation en urgence" de la part de l'Agence américaine des médicaments (FDA). Il s'agit de celle de la firme de biotechnologie américaine Regeneron avec son Casirivimab/Imdevimab et de celle d'Eli Lilly avec son Bamlanivimab. Toutes deux fonctionnent de manière similaire, mais la version de Regeneron combine deux anticorps de synthèse, quand celle d'Eli Lilly n'en utilise qu'un. Leur efficacité continue toutefois d'être évaluée : le traitement de Regeneron fait ainsi actuellement l'objet d'essais dans 14 pays européens dans le cadre de l'essai Recovery, a précisé l'Inserm le 27 janvier dernier.

Où y recourt-on ?

Avant son approbation en novembre aux États-Unis, le traitement de Regeneron a été administré de façon expérimentale dès octobre à l'ancien président Donald Trump alors brièvement hospitalisé. Outre les États-Unis, l'Allemagne est le premier pays européen à utiliser officiellement ce traitement à base d'anticorps de synthèse dans la lutte contre la pandémie. Jens Spahn a annoncé le 24 janvier que son gouvernement venait d'acheter 200.000 doses pour un montant global de 400 millions d'euros.  Les malades recevront gratuitement cette thérapie, a précisé à l'AFP une porte-parole du ministère de la Santé, soulignant que les deux déclinaisons de ce traitement à base d'anticorps monoclonaux seraient utilisées dans des hôpitaux universitaires. 

Le 25 janvier dernier,  le zoo de San Diego, en Californie, annonçait qu'un gorille âgé contaminé par le coronavirus avait été soigné grâce à un traitement expérimental de ce type. Souffrant de pneumonie et d'une maladie du cœur, l'animal avait été traité avec un cocktail de médicaments pour le cœur, d'antibiotiques et d'anticorps monoclonaux, avait-il été précisé à l'époque.


Audrey LE GUELLEC

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